Mais comment dire...il y a plusieurs manieres de voir les Annapurnas. La maniere sportive : partir 3 semaines avec un sherpa et des porteurs pour decouvrir les chemins peu empruntes par les touristes, souffrir dans une marche intense (ca monte sec), crever de froid la nuit (il faut de bons duvets), gravir les derniers metres essoufles par le manque d'oxygene, le coeur battant a 100 a l'heure sans toujours reussir a controler le mal des montagnes, sentir mauvais parce qu'il n'y a de l'eau chaude nulle part...bref un trip viril ou on en prend plein les yeux, un effort de volonte a faire sur soit-meme, recompense par des nuits sous un ciel incroyablement etoile et par les sommets majestueux qu'on tente d'apprivoiser. Et puis il y a la maniere plus soft : faire une balade en parapente...
Vous l'aurez compris, nous avons choisi la deuxieme option. Le trip viril ce sera pour Yves dans un autre voyage sans avoir une minette qui traine la patte 15 m derriere lui et qui se plaint d'avoir trop chaud, trop froid, mal a la tete, qui exige toutes les heures de faire des pauses et qui, comble de l'horreur, transpire.
Le parapente est une invention formidable : en tandem, on s'assoit sur un siege confortable et on regarde paisiblement les paysages defiler sous nos pieds. On monte et on descend en fonction de la chaleur des courants, on tourne a droite, a gauche, on suit les aigles qui nous indiquent les courants et tout ca avec en ligne de mire les Annapurnas...Un grand moment. Nous avons ainsi fait une balade de pres de 2 heures (enfin, pas pour moi parce que mon pilote a pris un mauvais courant ce qui fait que l'on est descendu beaucoup plus vite que prevu...pour moi ca n'a dure que 45 minutes). Le pilote de Yves (un Bulgare) etait par contre tres en forme, sa balade s'est finie par une serie d'acrobaties : « l'helicoptere »(tourner tres rapidement sur soit-meme), le « wing over »(se balancer sur la voile jusqu'à etre parallele au sol) et le « decrochage »(le pilote pli d'un coup les ailes du parapente pour tomber en chute libre sur quelques metres...). Yves est sorti de la avec un sourire jusqu'aux oreilles, son pilote aussi (« c'etait mon meilleur vol depuis 6 mois » lui a-t-il fierement annonce). Moi, pendant ce temps la, je me tapais une heure de bus a essayer de rassurer mon pilote super enerve (« mais non, c'etait bien quand meme, je t'assure » « oui, je te promets, je ne leur dirai pas ou nous avons atterri »).
Pokhara, c'est aussi une ville ou sont restes scotches quelques babas depuis les annees 70. Fervents gauchistes, faux philosophes, ils sont toute une petite bande a rester a longueur de journee assis a siroter des boissons et a debattre entre eux. Tout est sujet a discussions (souvent houleuses) depuis la politique nepalaise (puis quand le sujet est epuise, la politique indienne, puis la politique chinoise et ainsi de suite) aux grands principes comme le Celibat (le couple, c'est l'alienation !) en passant par la meilleur maniere de chasser l'aligatore (ce qui amene fatalement a la discussion « l'homme est-il un loup pour l'homme ?»).
Bon moi je vous avoue, ils m'ont pas mal gonflee ces vieux machins, a pretendre tout connaître sur tout (ils sont parfois super agressifs !) et a sortir d'enormes cliches en s'y accrochant ferocement. Ceci dit, ce sont de beaux sujets d'etude anthroplogique.
Quant a nous, nous sommes restes une bonne dizaine de jours, a ne faire quasiment rien si ce n'est rencontrer d'autres voyageurs avec qui papoter et faire quelques petites balades bucoliques dans les environs.