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Le trip ultime : 1 865 km dans le nord du vietnam en moto

Publié le 25 avril 2008 par Loindela
Bientôt, ici, un texte de Yves

Bon, un peu de pragmatisme dans ce monde de doux reveur...
Un voyage dans le nord du Vietnam est un trip ultime, parce que c'est une region qui commence tout juste a s'ouvrir au tourisme. Du coup, le terrain n'est pas du tout balise, peu de gens parlent anglais et on arrive souvent dans des coins ou les gens ont rarement vu des occidentaux. Bref, on a le sentiment heroique d'etre des pionniers.

Le nord du Vietnam est une region qui a longtemps ete completement laissee a l'abandon par le gouvernement, le niveau de developpement est donc totalement different. La plupart des gens qui y resident vivent du travail de la terre ou de l'artisanat. Ils se regroupent en « ethnies » et se differencient les uns des autres par une culture, une langue et des vetements qui refletent leur histoire.

Bon, autant le dire tout de suite, je n'aime pas le terme d'« ethnie ». Quand on saura parler de l'ethnie corse, de l'ethnie bretonne ou de l'ethnie parisienne, c'est que ce terme aura perdu sa connotation pejorative. Je pense que vous serez tous d'accord avec moi la-dessus. Peut-on pour autant parler de « peuple »? « Peuple » impliquerait une relation d'egalite a tous les niveaux, ce qui serait une vision bien angelique de la situation : le gouvernement a a peine commence une politique d'amenagement du territoire (depuis que les voyageurs osent s'aventurer dans la region, c'est-a-dire depuis que des etrangers portent un regard sur la region) : les villages ont l'electricite depuis quelques annees seulement et les routes bitumees en sont a leurs premices. Bref, avec une telle difference de niveau de vie, je pense que le terme le plus approprie est « minorite ». Ce n'est pas que je veuille faire du politiquement correct, mais je pense que dans ce domaine plus que dans tout autre, les mots ont un sens.

Alors, ces minorites, parlons-en. Il nous a ete quasiment impossible de communiquer avec elles autrement que par des gestes ou des sourires, a cause de cette foutue barriere linguistique. Par contre, nous avons pu admirer les parures des femmes qui descendaient les routes a pied pour se rendre aux marches. Nous avons ainsi croise des Thais blancs, des Thais noirs, des Thays, des Daos, des Hmongs noirs, verts, rouges, fleurs etc...
Chaque minorite assume avec fierte son heritage culturel en affichant sa difference de style. Les femmes Muong, qui ont des immenses rastas (qu'elles parviennent a remonter pour en faire des coiffes) et des tenues d'une excentricite a faire palir Jean Paul Gaultier sont definitivement celles qui m'ont le plus impressionnees (n'ayons pas peur des mots, j'etais carrement beate !). Il se degage d'eux une sorte de liberte revendiquee a la limite de l'insolence (liberte insolente, vous voyez le concept ?)
Nous aurions vraiment aime pouvoir en savoir plus sur leur culture, leur philosophie, leurs legendes, mais sans interprete, c'est impossible... Dommage !

Mais il n'y a pas que les styles de vie qui soient a couper le souffle dans le nord, il y a aussi les paysages sublimes, dont on ne peut pas se lasser, meme sur 1 865 km parce qu'ils sont sans cesse differents et surprenants. Et puis avec les casques integraux des motos, on voit tout defiler en 16:9 !

Bon, un trip pareil, ca n'a tellement rien a voir avec ce qu'on connait, que c'est aussi un trip difficile, avec de vrais chocs culturels. Parfois, on a juste envie de simplicite, de retrouver nos points de reperes, mais ce n'est pas possible. Du coup, il faut se battre avec nous memes, continuer a rester curieux, etre ouverts le plus souvent possible aux nouveautes, ne pas se braquer et profiter, quitte a tout se prendre dans la gueule et faire le tri apres. Et puis apres tout, si tout etait toujours facile et previsible, il n'y aurait pas de surprises (bonnes ou mauvaises)... on n'avance pas si on est toujours conforte dans ses idees. (T'as vu M'man comme j'ai grandi !)
Au rang des chocs culturels plutot lourds (ELOIGNEZ LES ENFANTS DE CET ECRAN AVANT QU'IL NE SOIT TROP TARD) il y a le fait que les minorites mangent du chien (« thit cho » sur les pancartes des restos)... et pas qu'un peu. Combien de fois avons-nous vu dans les marches des chiens entiers, du museau au bout de la queue, gisant sur les etalages, les yeux ouverts et les crocs en avant. Ou encore cet espece de barbare qui faisait cuire un chien au chalumeau devant son restaurant (en nous adressant un aimable Bonjour), ou encore cette tete de vache decapitee, le haut du crane defonce (pour prendre sa cervelle ?), ou cette famille qui n'a rien trouve de mieux que de decouper un boeuf entier sur la route quand nous passions en moto (j'ai detourne les yeux apres avoir vu la tete decapitee de dos au milieu de la route). Bref, de quoi vous faire devenir vegetarien (pas seulement parce que ces scenes m'ont degouttees, mais aussi parce que ca m'a fait m'interroger sur les abattoirs industriels en Europe ou aux USA qui sont tout autant a gerber).

Bref, le nord est une experience unique et probablement enrichissante (nous n'avons pas encore assez de recul pour faire le tri).

Pour voir tout ca en images cliquez ici : http://fr.youtube.com/watch?v=nwuuxEHNom8


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