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90% des Analyses de Gartner sont fausses !

Publié le 19 mai 2008 par Pierre-Olivier Carles

En fait, ce n'est pas exactement vrai, mais si vous vous en tenez à mon titre sans lire cette note, je suis sûr que je vais avoir droit à une polémique exceptionnelle (et peut-être même une lettre pas très câline de leurs avocats !).

Je dois toutefois rendre la paternité de cette idée de titre à Giff Constable, VP Operations & Stratégie de The Electric Sheep Company, avec qui j'ai pas mal échangé sur le sujet. ;-)

Gartner vient de sortir une étude, titrée en gros : 90% des projets menés par les entreprises dans les Mondes Virtuels sont des échecs avant 18 mois !

Plus racoleur que cela, tu meurs :-)

Pourtant, lorsque l'on regarde de plus près le rapport, le contenu est très positif et encourage sans le moindre doute ou la moindre hésitation les entreprises à monter des projets ambitieux dans les Mondes Virtuels. Par exemple, on y apprend que le caractère "présenciel", lié à l'usage des avatars dans un Monde Virtuel est très clairement l'une des voies les plus prometteuses pour l'avenir, notamment lorsque les Web classique et 3D convergeront dans les années qui viennent. On y note également que c'est une décision responsable, pour un dirigeant d'investir dans les Mondes Virtuels pour comprendre mieux en quoi cela va impacter son métier et sa stratégie. Bref, on y note surtout un nombre important de raisons de se lancer...

Alors, pourquoi un tel titre me pose-t-il un problème ? Tout simplement parce que la définition d'échec n'est pas explicitement exprimée. Gartner considère comme une entreprise en constat d'échec, celle qui arrête un projet Monde Virtuel. Sur ses critères, Gartner aurait considéré (ils l'ont sans doute fait, d'ailleurs) le projet de la Marine Nationale comme un échec (puisque seulement 5 jours de présence et rien à l'heure actuelle). Toutefois, cette opération a été un succès qui satisfait pleinement la Marine. Je ne peux pas vous dire quelles seront les suites données (pour des raisons compréhensibles de confidentialité) mais je les trouve assez éloignés du constat d'échec dans leur approche :-)

Pour expliquer ce taux d'échec important, Gartner met en avant le "Cool Factor" qui aurait amené beaucoup de sociétés à monter un projet parce que c'était fun. C'est possible, mais derrière nous. Les 3 plus gros projets que nous sortons bientôt n'ont rien "d'expérimentation pour déconner" mais sont plutôt de vraies réflexions sérieuses sur des "services" servant la stratégie de l'entreprise.

Au final, si je trouve ce rapport néfaste malgré tous les points positifs qu'il souligne, pourquoi est-ce que je le sers en participant au buzz ? Tout simplement parce que j'en ai assez que des vendeurs de rapports fassent du marketing people dans lequel s'engouffrent les journalistes (à juste titre, la réputation de Gartner est une référence) et qui nous oblige ensuite à remonter une pente énorme en matière d'évangélisation.

Les rapports de Gartner, tout comme ceux de leurs confrères Forrester, par exemple, sont de qualité sur leur contenu et le fruit d'un travail de fond. Mais comme ils sont vendus très chers (à juste titre, il y a un gros effort de collecte d'information et d'analyse à rémunérer), peu de personne ne les lisent vraiment. Au final, donc, un titre à sensation devient un résumé que tout le monde va s'approprier.

Si vous ne lisez pas cette note, vous ne comprendrez pas tout le bien que je pense de Gartner et tout le mal que je pense de leur marketing... Vous comprendrez seulement que ce qu'ils disent est faux à 90% (ce qui est donc faux, je le précise pour leurs avocats :-)) et vous le croirez dur comme fer en fonction de la crédibilité que vous portez à mes analyses (et le marché porte beaucoup de crédibilité aux leurs).

Bon, je crois que maintenant, je ne suis pas près d'être invité comme speaker à un de leur séminaires :-)


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