Magazine

Grève dans l'éducation

Publié le 15 mai 2008 par Cc
Les chiffres du ministère sont un mystère.

Xavier Darcos nous a prouvé il y a peu que le calcul, ce n'était pas sa tasse de thé.

Aujourd'hui, par deux fois, on se permet d'avoir encore des doutes sur les chiffres : tout d'abord ceux de la grève. 40% de "débrayages" comptabilisés officiellement.

Les syndicats annoncent 60%. Vous allez me dire, qui croire, les deux parties ne sont pas objectives...

Tout à fait d'accord. Cependant, revenons sur la grève du 24 janvier : les syndicats annonçaient 53 % de grévistes dans le primaire et 55 % dans le secondaire. L'estimation du gouvernement était de 38,5 % dans le primaire et 35 % dans le secondaire. Interrogé sur cet écart, le ministre de l'éducation nationale, Xavier Darcos, avait alors promis de donner "à l'unité près le nombre de grévistes" après recension des retenues sur salaires. "On verra, évidemment, que les vrais chiffres sont ceux du ministère", avait ajouté M. Darcos.

Ces "vrais chiffres", rendus publics le 22 mars, sont en deçà des estimations initiales : 29 % de grévistes dans le primaire et 21 % dans le secondaire.

Alors...Est-ce que le ministère préfère payer les grévistes plutôt que de présenter des chiffres trop gros ?

En tout cas, c'est une sacrée embrouille...

Deuxième exemple, aujourd'hui, dans le Figaro, le ministre fait encore une annonce choc : il veut s'attaquer au 23 000 enseignants sans élèves, ces fainéants de profs qui n'en glandent pas une et qui sont payés par vos impôts...

Le problème, c'est le calcul. Ces 23000 ne sont pas réellement 23000 personnes. Ce ne sont que le cumul des heures non travaillées : le TZR (titulaires sur zone de remplacement) qui ne travaillent pas pendant quelques jours entre deux remplacements, les gens en formation, les détachements, les décharges diverses et variées et surtout la mauvaise gestion générale des ressources humaines dans l'éducation nationale.

A côté de ça, on rappelle les retraités pour faire des vacations...

Pour donner un exemple concret de la mauvaise gestion des employés de l'EN, prenons mon collège, au hasard : une prof vient faire un remplacement de 4 heures (c'est à dire une classe) par semaine. Cette prof est en même temps sur deux autres établissements. Ce n'est pas à elle qu'il faut venir parler d'investissement auprès des élèves, évidemment. En plus, elle a une classe de 3ème, en français, alors que le brevet est dans un mois et demi...

Un autre exemple, pour la route ? Un prof vient faire un remplacement à temps complet jusqu'à la fin de l'année, en français. Il habite à une heure et demi de route. Il fait trois heures de route chaque jour pour venir bosser. Et c'est pas avec le prix de l'essence et notre salaire pas si mirobolant que le ministère veut le faire croire que l'affaire devient rentable.

Je ne sais pas si vous voyez combien on casse le service public : le calcul est simple (celui-là). On supprime doucement les postes, les services publics deviennent gentillement complétement innefficaces, donc, on les supprime.

On disait déjà ce genre de choses il y a quelques temps: "Le problème que nous avons en France, c'est que les gens sont contents des services publics. L'hôpital fonctionne bien, l'école fonctionne bien, la police fonctionne bien. Alors il faut tenir un discours, expliquer que nous sommes à deux doigts d'une crise majeure - c'est ce que fait très bien Michel Camdessus , mais sans paniquer les gens, car à ce moment-là, ils se recroquevillent comme des tortues. " (C'est Monsieur Santini, qui disait ça, le 20 octobre 2007...selon Charlie Hebdo...)


CC

Retour à La Une de Logo Paperblog