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L’info est tombée ŕ l’ouverture des Airbus Innovation Day qui se sont déroulés ŕ Toulouse les 11 et 12 juin : la compagnie Emirates annule sa commande gigantesque de 70 appareils de la nouvelle famille d’avions A350 du constructeur européen. Sauf erreur, c’était la plus grosse commande reçue par Airbus en un seul contrat. C’est donc aussi la plus grosse annulation que le constructeur européen vient d’enregistrer.
Alors que s’est-il passé ? On ne peut pas dire que ce soit un camouflé car depuis toujours la compagnie Emirates a partagé sa flotte entre des appareils des deux constructeurs Airbus et Boeing, mais ŕ ce jour, la compagnie de Dubaď n’a pas commandé l’Américain 787 dont la structure est en carbone tout comme celle de l’A350 męme si les techniques et procédés sont fondamentalement divergents.
John Leahy le génial directeur commercial d’Airbus a affirmé que les résultats techniques de la campagne d’essais en vol engagée maintenant depuis un an ne sont pas ŕ l’origine de cette annulation. Donc on serait en droit de penser que les données récupérées, męme si elles ne sont pas toutes conformes aux attentes, sont globalement de nature ŕ satisfaire la demande des opérateurs en terme de coűt opérationnel d’exploitation. Car c’est ŕ n’en pas douter lŕ oů les compagnies attendent les avionneurs quels qu’ils soient. La consommation de l’A350 ? Airbus reste trčs évasif sur ce sujet. On reste sur les données d’origine : une consommation inférieure de 25 % ŕ celle de ses concurrents directs qui au demeurant ne sont pas le 787 mais le trčs renommé Ť Triple 7 ť de Boeing (la flotte d’Emirates compte prčs de 140 appareils de 4 modčles différents dans sa flotte).
En outre, sans que cela n’ait été vraiment relevé, une dépęche de notre consoeur Andrea Rothman de l’agence Bloomberg faisait état dčs la semaine derničre dans le cadre de l’assemblée générale de l’IATA ŕ Doha de négociations en cours entre Emirates et l’avionneur Boeing. But : placer le nouveau quadriréacteur Boeing 747-8 ŕ ce client de Dubaď, le plus gros des clients d’Airbus qui a commandé ŕ lui seul 140 de son gros porteur A380 lui aussi quadriréacteur. Lorsqu’on pense qu’il n’y a pas si longtemps l’américain clamait que le marché n’existait pas pour l’A380, on a le droit de se demander pourquoi il tient tant ŕ son 747-8 qui ŕ ce jour n’a reçu que 51 commandes pour la version transport de passagers.
Reste que l’annulation d’Emirates pour l’A350 est une défaite cuisante pour Airbus. Car bien évidemment ce pourrait ętre pour donner ŕ la compagnie de Dubaď le cash nécessaire ŕ l’acquisition des 747-8. Mais d’un autre côté la compagnie aérienne a commandé cinquante A380 supplémentaires lors de la derničre édition du Salon aéronautique de Dubaď en novembre dernier. Mais lŕ aussi il y a un souci. Celui du souhait d’Emirates pour qu’Airbus remotorise les A380 pour abaisser encore sa consommation. Peut-on aller au delŕ des 3 litres par passager au 100 km parcourus ? Car si l’avion est aménagé en haute densité sa consommation par passager descend déjŕ en dessous des 2 litres.
On constate qu’un nouveau bras de fer est engagé entre les deux leaders mondiaux qui se battent au niveau commercial en arguant d’avantages technologiques qui restent ŕ prouver.
Nicole B. pour Aeromorning