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Vie professionnelle perdue et voie professionnelle retrouvée

Publié le 13 juin 2014 par Olivier Guérin @oguerin

L’expérience me montre que nous avons essentiellement, au minimum, deux vies professionnelles successives : la première, que peu parmi nous ont vraiment choisie, et qui finit par nous causer routine, ennui, voire dépression ; la deuxième, qui, si nous accordons assez d’importance à son embryon que nous avons en nous, nous promet de nous sortir de l’aliénation du travail, et d’apporter du sens à notre vie.

La vie professionnelle perdue

Nos années d’enfance et jeunesse sont jalonnées de blessures, et marquées par notre acharnement à vouloir plaire aux personnes qui se sont occupées de nous, qui nous ont apporté du soin (même imparfait ou franchement médiocre, car l’enfant n’est pas rancunier!), ce sont en général père et mère. Dans cette volonté de vouloir plaire, le jeune suivra souvent un chemin qui lui a été soit ordonné, soit beaucoup plus subtilement recommandé ou susurré… Nous pouvons aussi faire un choix pour compenser un manque ou rectifier une enfance malheureuse. Dans tous les cas, le choix sera réactionnel : soit j’agis pour que papa et maman m’aiment plus, soit j’agis pour combler une insuffisance parentale. Par exemple, l’enfant victime d’injustice de la part de ses parents pourra ainsi choisir la voix du gendarme ou du juge pour rétablir la justice. Dans tous les cas, nous réagissons pour rétablir un déséquilibre, et comme toute manœuvre psychologique, le stratagème ne marchera souvent que temporairement et imparfaitement. Si nous n’avons pas dépassé ce processus de compensation instinctif, à 35 ans – voire même plus tôt – nous avons fait le tour d’un métier que nous trouvons maintenant ennuyeux, et nous sommes condamnés à souffrir (et à faire souffrir, par projection) en silence.

La voie professionnelle retrouvée

Certains d’entre nous, la catégorie rebelle, savent reconnaître l’embryon de changement qu’ils ont en eux, et ils sentent que ce choix professionnel au fond n’est pas/plus le leur. Ils n’ont pas besoin de savoir à quoi cet embryon ressemblera lorsqu’il aura atteint maturité, il leur suffit juste de voir la graine. Comme lorsqu’on achète ces graines dans les magasins sans savoir quelle en sera la fleur… Le processus qui mène jusqu’à cette reconnaissance est long, parfois des années. Souvent, il faut une prise de conscience symbolique, comme le passage d’âge (40 ans par exemple), une séparation ou un divorce, ou un accident qui bouleverse le reptilien et fait sauter le bouchon d’un seul coup. Parfois, une séparation d’avec l’employeur. D’autres cherchent un guide, un coach qui pourra les rassurer, les sécuriser ou les pousser vers l’audace.

Il y a les autres, ceux qui se satisfont de ce que la vie présente à eux. Au fond, ce sont les plus paresseux ou les plus froussards peut-être, qui décideront de trouver dans leur travail premier de nouvelles expériences, au-delà des motifs originels. Ou des compensations matérielles, comme l’argent, le pouvoir, ou le confort. Ils passent eux aussi souvent par une période molle, plus ou moins durable, et certains rebondissent et dépassent cette étape. D’autres non, qui resteront à "travailler pour vivre" jusqu’à la retraite.

La question qui se pose est la suivante : devons-nous nécessairement passer successivement par l’étape de notre vie perdue ? La réponse semble oui. A moins d’avoir acquis très jeune une grande sagesse, ou d’un accident de parcours, rares sont ceux qui sautent cette étape. De surcroît, elle n’est pas inutile, c’est d’une certaine manière dans les blessures, de notre vie professionnelle perdue cette fois, que nous nous transcendons et que nous atteignons notre plénitude.



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