Il y a des exemples que nos dirigeants, locaux comme nationaux, feraient bien de copier. On les encouragerait vivement dans ce cas à effectuer quelques voyages d'études pour trouver l'inspiration!A Oulu, ville finlandaise de 200 000 habitants, plus proche du cercle polaire que de la capitale Helsinki, les températures frisent parfois les -40 °C. Et on a coutume de dire que si un concept marche là-bas, il fonctionnera forcément ailleurs.COLLECTIFDepuis vingt ans, la Finlande fait figure d’exception en Europe en matière d’efficience énergétique – consommer moins pour le même résultat – et de recours aux énergies renouvelables. En 2011, 33 % de l’électricité produite dans le pays était d’origine « verte », moitié hydraulique, moitié bois. Et, tandis que 84 % de l’énergie consommée par les foyers partait dans le chauffage, près d’un Finlandais sur deux était raccordé à un système de chauffage collectif géré au niveau communal.Les objectifs de l’Etat finlandais sont ambitieux pour la fin de la décennie. D’abord, tout nouveau bâtiment construit après 2020 devra être « passif » : la moitié des besoins en énergie des occupants devra être produite sur place à partir de sources renouvelables. Ensuite, le pays compte stabiliser sa consommation électrique finale d’ici à 2020, puis la réduire d’au moins un tiers sur les trente années suivantes. Enfin, la part des énergies renouvelables devra atteindre 38 % toujours en 2020, avec un effort massif porté sur l’éolien – qui représente aujourd’hui moins de 1 % de la production.Oulu, présentée comme la « Silicon Valley de la Scandinavie du Nord », va encore plus loin dans le collectif que le reste du pays : 90 % des foyers – ainsi que des rues piétonnes – y sont chauffés via les tuyaux gérés par la ville. Parallèlement, des ingénieurs et scientifiques locaux étudient la possibilité de couper les logements du réseau et de les rendre 100 % autonomes en énergie. Et ce, sans rogner sur le confort intérieur si cher aux Finlandais. Leurs idées sont testées grandeur nature depuis plusieurs années. Avec un certain succès.CENTRALE ENERGETIQUEA 12 km au sud d’Oulu, figé sous une épaisse couche de neige, l’écoquartier de Kempele est le pionnier de ces ensembles « off grid » (déconnectés du réseau électrique) finlandais. Depuis février 2010 et l’arrivée des premiers habitants, on y trouve dix grandes maisons avec leur jardin, une aire de jeu, un mini terrain de foot… et une centrale énergétique, qui produit - grâce à des copeaux de bois transformés - suffisamment d’électricité et d’eau chaude pour subvenir aux besoins de la petite communauté. Adossé à ce système, un pack de batteries de 320 kWh permet de recueillir le surplus d’énergie produite pour faire face aux pics de consommation, et l’excédent d’eau chaude est stocké dans des réservoirs. Si la production venait à être empêchée, il y aurait assez pour alimenter le quartier pendant une journée. En se référant aux statistiques officielles (septembre 2012), se chauffer à partir de copeaux de bois revient trois fois moins cher que d’utiliser l’électricité du réseau.« SURVIVALISTES »Se débrancher du réseau… Un argument économique ? Klaus Känsälä, directeur de recherches à Oulu, en est certain : « Construire un logement hors réseau n’est plus une question de sensibilité écologique, c’est surtout un moyen de faire des économies. Et ça, c’est un argument qui parle aux gens ! » L’appartement autonome qu’il expérimente depuis plus d’un an a tout pour séduire un couple de « survivalistes » en quête d’indépendance énergétique. Une éolienne de 10 m de haut imbriquée dans l’immeuble et 20 m² de panneaux solaires disposés sur le toit fournissent assez de puissance (9 kW) pour couvrir, en temps normal, tous les besoins du logement. En cas de météo défavorable ou de panne des installations, un pack de batteries de 58 kWh assure l’approvisionnement pour trois jours supplémentaires. Chauffage, machine à laver, sauna et voiture électrique inclus !« L’habitation est autosuffisante toute l’année sauf en hiver où la production est fortement diminuée faute de soleil. Mais à cette période, il sera alors intéressant d’acheter l’énergie du réseau public. » Dans le placard électrique de l’appartement, un boîtier de contrôle « intelligent » optimise en temps réel la consommation du foyer en fonction de ses besoins, de sa propre production d’énergie et des réserves sur batteries. « Grâce à de tels systèmes, chacun pourra bientôt programmer l’utilisation ou non de ses appareils selon l’heure de la journée, tout couper au départ du dernier occupant, et surtout arrêter l’éolienne et le photovoltaïque quand il n’y en a pas besoin », assure Klaus Känsälä.A quand la construction de bâtiments similaires en France ?