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L'espoir déçu de la réforme territoriale

Publié le 16 juin 2014 par Blanchemanche
LUC FLORENT | LE 16/06 

Le Président de la République a présenté la réforme territoriale. Faute d'un travail de fond sur les compétences et d'une concertation sur les frontières régionales, on peut qu'être déçu par cette réforme qui se voulait historique.

L'espoir déçu de la réforme territorialeDans notre pays qui compte plus de 36 000 collectivités, une réforme territoriale semblait nécessaire. Notre découpage administratif semblait de plus en plus illisible et il était difficile de comprendre qui faisait quoi et qui utilisait nos impôts. La grande réforme territoriale annoncée par le président de la République apparaissait donc comme nécessaire et était espérée par de nombreux acteurs et par une bonne partie des français. Beaucoup espéraient une clarification des compétences et certains croyaient en un redécoupage territorial qui réparerait les quelques incohérences du découpage des années 1950 (rassemblement des Normandie, réunification de Nantes à la Bretagne, etc.). Mais il n’en ait rien.La tribune, envoyée lundi 2 juin par le chef de l’Etat à la presse régionale , ne précise pas clairement les compétences et nous propose un découpage tiré d’un mauvais manuel de géographie.Il faut saluer la volonté de créer des intercommunalités plus grandes et la suppression des conseils généraux. Les premières étaient trop disparates et trop souvent construites sur des critères politiques. Les seconds semblent avoir fait leur temps car ne correspondent plus aux territoires vécus par les populations. Notons que le chef de l’Etat ne précise pas comment vont être redécoupées les intercommunalités, si ce n’est sur des critères démographiques, et on peut de nouveau s’attendre au pire. Mais le plus important est que les compétences et les financements ne sont pas distribués clairement. On peut espérer que cela sera précisé dans un second temps, mais c’est par là qu’il aurait fallu commencer. La question à se poser était peut-être « des grandes régions, mais pour quoi faire ? ». Nous n’avons pas la réponse à cette question, si ce n’est la volonté de moderniser notre architecture territoriale.Le Président nous propose en échange une carte des nouvelles régions. L’idée inatteignable de 11 régions est abandonnée au profit de 14. Ce redécoupage basé sur les proximités déjà engagées est incohérent et fait déjà de nombreux mécontents. On ne peut par exemple pas défendre  l’idée de regrouper la Picardie et la Champagne. Deux régions en difficulté économique dépourvue d’une grande métropole n’avaient pas vocation à fusionner. A l’inverse, on fusionne Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, créant de fait une rivalité entre Toulouse et Montpellier. Ne parlons pas du regroupement du Centre, du Limousin et de Poitou-Charentes qui semble avoir été créé pour ne pas froisser les élus poitevins. Quelle cohérence y a-t-il entre ces trois régions ? Pourquoi ne pas toucher aux Pays de la Loire qui n’ont jamais existé ? Pour ne pas poser la question de Nantes et de la Bretagne ? Pourquoi laisser le Nord-Pas de Calais seul ? Pour faire plaisir à la puissante fédération socialiste locale ? On peut ainsi multiplier les interrogations.Un découpage comprend forcément une part d’arbitraire. Mais celui-ci est un échec total. En refusant de redécouper les régions et en ne tolérant que des fusions, la réforme est vouée à l’échec. Personne ne pourra jamais justifier le non-rattachement de Nantes à la Bretagne, la fusion de l’Alsace et de la Lorraine, l’isolement du Nord-Pas de Calais, etc. MM. Valls et Vallini n’y sont pas parvenu ce matin lors de leurs interviews télévisées et radiophoniques. On peut à peine se satisfaire du regroupement des Normandie. Déjà on nous dit que le parlement va pouvoir apporter des modifications. Cela signifie-t-il que l’Oise va pouvoir rejoindre l’Ile de France, laissant ainsi un ruban de départements courant de la Somme et la Haute-Marne ? La Loire Atlantique va pouvoir rejoindre la Bretagne laissant les Pays de Loire sans métropole ? La suite risque d’être pire que le commencement.Finalement, la réforme populaire du gouvernement pourrait tourner au fiasco. En refusant de travailler avec des spécialistes de l’aménagement du territoire, en refusant de s’appuyer sur les rapports Balladur et Attali, en restant sourd à toutes les mises en garde, le président de la République nous offre une bien triste carte des régions de France. Les quelques fonctionnaires qui ont travaillé sur ce redécoupage ne connaissent pas notre pays et sont passés à côté d’une réforme historique. On aurait pu espérer une France avec 15 régions et  l’apparition d’une grande Bretagne, d’une grande région Aquitaine d’une région Rhône-Alpes renforcée, mais sans l’Auvergne, etc. Au lieu de ça, on se retrouve avec des régions sans cohérence et sans compétences, qui ne respectent pas les territoires vécus. De nombreux ouvrages existent sur le sujet, des cartes cohérentes ont été proposées, peut-être est-il encore temps de s’en inspirer ? 
En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-99327-lespoir-decu-de-la-reforme-territoriale-1013236.php?CrA8m36I4A358OdA.99

Bonjour !
Je viens de signer la pétition "La Charente-Maritime pour le Poitou-Charentes avec l'Aquitaine " sur Change.org.
C'est une cause importante. Voudriez-vous la signer à votre tour ? Voici le lien :
http://www.change.org/fr/pétitions/la-charente-maritime-pour-le-poitou-charentes-avec-l-aquitaine?recruiter=52365995&utm_campaign=signature_receipt&utm_medium=email&utm_source=share_petition
Merci !
rené

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