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#opendata : le rapport du Sénat fait abstraction de la réalité

Publié le 14 juin 2014 par Choblab

Le Sénat a publié le 12 juin 2014 son rapport sur l’ouverture des données publiques. L’analyse a beau pointer des problèmes réels, les recommandations ne m’inspirent guère d’optimisme…

Des articles unanimes, dont vous remarquerez l’originalité de la titraille, fustigent la mauvaise volonté de l’administration. Jugez plutôt les résultats d’une recherche Google :

titraille open data

Il fallait désigner un coupable. Pourquoi se priver d’en remettre une couche sur les administrations souvent peu diligentes, frileuses, voire de mauvaise volonté ? Pourquoi se compliquer la tâche alors que les préjugés ont la vie dure ? Pourquoi risquer de s’attaquer à la cause des problèmes, alors que s’en prendre aux effets est si facile ?

Open data : du rêve à la réalité

  • La réalité, c’est que les déclarations d’intention des plus hautes instances de l’Etat sont restées… des déclarations d’intention. La finalité n’a jamais été expliquée aux administrations concernées. Surtout qu’il existe plusieurs finalités, qui peuvent différer selon les données. Certaines data peuvent être publiées à des fins de transparence, d’autres peuvent être exploitées pour créer de nouveaux services à valeur ajoutée pour les citoyens, etc.
  • La réalité, c’est que les restrictions budgétaires incitent les institutions publiques à se concentrer sur leur coeur de mission. Aucun moyen concret n’a été donné pour la mise en oeuvre effective de cette libération des données publiques. Si, j’oublie les missions concurrentes menées en ordre dispersé par le SGMAP et Etalab, accompagnés par de grands cabinets de conseil.
  • La réalité, c’est que l’open data introduit une révolution culturelle dans les administrations mais que la conduite du changement n’a jamais été évoquée.
  • La réalité, c’est que produire et mettre à disposition des données dans des formats normalisés exige une charge de travail et des compétences qui n’ont jamais été évaluées.

Des raisons d’espérer ?

Si elles existent, n’allez pas les chercher dans le rapport du Sénat ! Je ne vais pas me livrer à une exégèse des recommandations. Je constate simplement qu’elles vont toutes dans le même sens : renforcer les obligations et les contraintes des administrations. En clair, toi qui n’arrive pas à courir 100 mètres, on va te demander d’en courir 200 avec des menottes aux pieds.

Attention, il ne s’agit pas de mettre ces recommandations à la poubelle. Elles sont en soi légitimes, logiques et pertinentes. Mais elles s’inscrivent, comme les incantations politiques, dans le même cadre déconnecté de la réalité des administrations. Il faudra bien un jour s’attaquer à faire évoluer cette réalité pour que ces recommandations aient une chance d’être suivies. Mais ça, ce sera après.

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