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Vins : les traitements de la discorde

Publié le 18 juin 2014 par Blanchemanche

Environnement Pour se protéger des maladies, les vignerons sont en pleine période de pulvérisation. Avec les riverains, la cohabitation est parfois tendue

Publié le 17/06/2014  par 
César Compadre
Vins : les traitements de la discordePrintemps et été sont les saisons principales des traitements dans les vignes© PHOTO DROUINAUD EMILIE


Quelques « accrochages » récents ont montré que la cohabitation entre vignerons pulvérisant leurs parcelles et riverains n'est pas toujours un long fleuve tranquille. Même si la compréhension réciproque est le plus souvent la règle dans nos campagnes. Les élèves d'une école de Haute Gironde molestés, un groupe scolaire qui se montre revendicatif dans les Graves, et la tension monte d'un cran sur ce sujet aussi ancien que la coexistence entre mondes des champs et des villes dès qu'il s'agit de nuisances potentielles.
« Les vignes n'étant pas sous cloche, elles sont traitées contre les maladies à l'extérieur, pas dans un hangar ! Les règles existantes pour épargner les éventuels riverains et le simple bon sens doivent éviter les problèmes. Chacun doit comprendre l'autre », a-t-on entendu à la récente assemblée générale des vignerons bordelais, qui a abordé le sujet dans un clair souci d'apaisement. D'ailleurs, la préfecture doit annoncer a priori des mesures dont on s'interroge déjà sur la portée, tant la question est nationale, voire européenne.
Depuis 2006, il existe en effet des règles précises pour limiter toute pollution lors des traitements phytosanitaires sur les cultures. Sachant deux choses : aucun viticulteur (ou agriculteur en général) ne le fait par plaisir ; il protège ses parcelles contre de multiples maladies (oïdium, mildiou, botrytis…) sous peine de perdre la récolte, et cela pèse au portefeuille. Malgré une lutte de plus en plus raisonnée et rigoureuse, le zéro traitement n'est pas pour demain, surtout sur notre pluvieuse façade atlantique. Ensuite, les bio traitent aussi, avec d'autres produits (soufre, cuivre). Il ne s'agit donc pas d'une approche binaire, entre méchants et gentils.
Au-delà de l'utilisation de buses anti-dérives sur les pulvérisateurs (régulièrement contrôlés), les tracteurs ne peuvent sortir si la force du vent dépasse 19 km/h. Un point clef afin que les produits chimiques utilisés (potentiellement dangereux pour la peau, les yeux…) n'atterrissent pas dans une cour d'école ou sur la terrasse de néoruraux heureux de leur pavillon acquis loin de la ville. Les textes prévoient aussi des distances par rapport aux cours d'eau et des délais avant de rentrer dans les vignes après les pulvérisations. Essentiellement pour protéger les employés agricoles qui sont en première ligne. Ces délais sont de 6, 24 ou 48 heures suivant les produits épandus.
« Au-delà du respect de ces normes, il ne me viendrait pas à l'idée d'envoyer un tracteur sur une parcelle proche d'une école au moment des récréations ; ni à 6 heures du matin pour réveiller un hameau. Une question de simple bon sens pour la vie dans un village », indique un chef de culture médocain. Pas évident, cependant, pour tous les vignerons de régler leur montre sur le tempo des habitations environnantes quand il faut traiter un jour précis - les fenêtres de tir techniques pour lutter contre une maladie sont souvent étroites - ou que les horaires du personnel ont peu de souplesse.
Quant à l'idée d'interdire les traitements au-delà d'une certaine distance des habitations, elle serait inapplicable tant vignes et maisons sont imbriquées dans nos paysages.

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