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Scrutin majoritaire

Publié le 20 juin 2014 par Malesherbes

Voici le millième billet de ce blog. Je saisis cette occasion pour remonter encore plus loin dans le passé, jusqu’au samedi 18 juin 1968. Étant allé passer ce week-end chez mes parents, je constatai le dimanche soir que la grève SNCF s’était généralisée et qu’il n’y avait plus de train pour me ramener à mon usine. Combinant autocar et auto-stop, je parvins néanmoins à la rejoindre le lundi matin pour tomber au beau milieu d’une assemblée générale des cadres.

Alors que les ouvriers avaient décidé la grève générale, les cadres se posaient la question de savoir s’ils allaient participer à ce mouvement ou s’en abstenir. La question fut donc mise aux voix. Mais il se produisit alors un événement inouï. Un petit groupe parvint à imposer que, avant de passer au vote, une question préalable fut posée : à l’issue du vote, est-ce que la minorité se rangerait à l’avis de la majorité ? On répondit alors positivement à cette première question puis négativement pour le soutien à la grève et une situation étrange avec des ingénieurs non-grévistes, mais sans activité, se poursuivit jusqu’à ce que, une semaine plus tard, l’usine fut occupée.

 Cette question de l’éventuelle non-soumission de la minorité à une décision de la majorité est pour moi la négation de la démocratie et nous renvoie aux temps funestes des mencheviks et bolcheviks. Comme on ne peut être assuré de voir en toutes circonstances sa position obtenir la majorité, il est nécessaire d’accepter le fait que l’on puisse être minoritaire et en subir les conséquences. Ceci est pour moi le fondement de la démocratie et ne l’avoir pas observé explique la paralysie de l’Union européenne. Le remplacement de la règle de l’unanimité par celle d’une majorité qualifiée est une avancée significative car l’unanimité ou le droit de veto condamnent à l’inefficacité. Comment obtenir toujours l’unanimité à vingt-huit quand parfois, on n’y parvient pas même à deux, au sein d’un couple ? Quant à l’anomalie que constitue le droit de veto, il suffit pour s’en convaincre de constater ce qui se passe trop souvent au Conseil de sécurité des Nations-Unies.

 Bien sûr, on peut imaginer que certaines décisions soient inacceptables. Supposons qu’une majorité décide, comme des élus français ont pu le défendre, que l’on doive rejeter les immigrés illégaux à la mer. Notre devoir serait alors de refuser d’appliquer une telle loi, soit en faisant admettre une exception, soit en quittant l’organisation imposant de telles lois. Mais l’exception doit demeurer une exception. 


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