Elke de Rijcke publie Quarantaine chez Tarabuste.
[...]
[2] GARE À LA PAROLE
l’époque avance contre moi.
toi non plus à côté de ma hanche tu ne survivras.
ne survivra que celle qui n’attend plus rien de l’humain.
je te tends ma main non préhensible.
de moi à moi penchent nos bouches qui ne m’enveloppent plus.
ne nous détecte plus notre peau.
ce qui nous achemine l’un vers l’autre n’est ni d’âme,
ni de corps,
mais parole. volontaire.
nous nous examinons jusqu’à la moelle de la parole.
parole :
à contrer son ordination,
les défis qu’elle lance à notre état,
bien que nous ne sachions plus lequel.
avec des arbustes sur le cœur je vous écoute
et c’est sur votre épaule encore que je voudrais mettre ma main.
mais tout cela n’a plus d’importance.
un bout d’humain qui s’usera.
or récemment nos reculs en vue de recommencer
connaissent une avancée,
même si à nos débuts celle-ci n’était que de millimètres.
○
[3] A L’ABRI ?
cerveau qui sait accompagner
au sérum qui toujours percera :
tu m’accompagnes et m’équilibres.
le ciel renforce tes bras souvent chauds
dans la bruine.
je ne serai à l’abri que lorsque j’astreindrai mon désir
à un millimètres cube.
mais avec le recul, qu’est-ce qui existe ?
qui existe encore ?
la réalité me boxe à une tête pragmatique
au profit d’une réalité creuse.
mais je te suis redevable.
pas question de rebrousser.
[...]
Elke de Rijcke, Quarantaine, Tarabuste, 2014, pp30-31
Elke de Rijcke dans Poezibao :
bio-bibliographie, extrait 1, à la maison de la Poésie à Paris (mars 06), un entretien avec Florence Pazzottu