économiste atterré

Pour les économistes standards, la production des entreprises, c’est un peu « Des Machines et des Hommes » : elle repose sur la combinaison de deux facteurs de production (le travail et le capital).COÛTS ET SURCOÛTS DU CAPITALCette tribune est basée sur « Les coûts du capital et ses surcoûts », une étude réalisée pour la CGT par Thomas Dallery, Laurent Cordonnier, Vincent Duwicquet, Jordan Melmiès et Franck Van de Velde. Les chiffres cités ici en sont extraits.Bizarrement, lorsqu’il s’agit de discuter des difficultés productives, ces économistes tendent à dénoncer les « dérapages » du seul coût du travail, sans jamais regarder ce qu’il se passe au niveau du coût du capital. Une étude (voir encadré) a récemment cherché à mettre en évidence le poids que fait peser le « coût du capital » sur les entreprises françaises.Derrière le mot « capital », les économistes ont tendance à ranger plusieurs réalités : le capital de Marx n’est pas le même que celui de Piketty. Ici, il convient de distinguer le capital productif du capital financier.Le capital productif se compose de l’ensemble des actifs fixes produits : il s’agit concrètement des bâtiments, des machines, des brevets, des logiciels, etc, nécessaires à la production de biens et services par l’entreprise. Ce capital productif nécessite des dépenses pour son entretien : chaque année, sous l’effet de l’usure physique et/ou de l’obsolescence technologique, une partie de ce stock de capital se retrouve dépréciée (amortissements) ; mais chaque année, l’entreprise est aussi contrainte par la concurrence de procéder à des dépenses d’investissement net pour accroître et/ou améliorer sa capacité de production. Pour saisir ce qu’il en coûte à l’entreprise d’entretenir son capital productif, on retient donc la « formation brute de capital fixe » (somme des amortissements et de l’investissement net) comme indicateur du coût économique du capital.Mais, pour entreprendre ces dépenses visant à se doter d’une capacité de production et de vente, l’entreprise doit trouver des fonds. Ces fonds ne peuvent schématiquement provenir que de deux sources :
- soit l’entreprise dispose en interne de profits mis en réserve (autofinancement) ;
- soit l’entreprise doit solliciter un financement externe auprès de ses actionnaires (émissions d’actions nouvelles) ou auprès de prêteurs (obligataires ou bancaires). Pour obtenir ce financement externe, l’entreprise doit rémunérer les apporteurs de fonds en intérêts (prêteurs) et en dividendes (actionnaires). Ces versements de revenus financiers par l’entreprise correspondent au coût du capital financier : nous mesurons bien ici ce qu’il en coûte à l’entreprise de se procurer les fonds nécessaires à la constitution/pérennisation de sa capacité de production et de vente.
L’ère des actionnaires-rentiers
On nous vend souvent les marchés financiers comme un instrument au service de l’allocation optimale des ressources (l’épargne canalisée vers les projets les plus efficaces), mais au bout du compte, le résultat essentiel de la financiarisation de ces trois dernières décennies est d’avoir détérioré le rapport qualité-prix du capital : les entreprises paient davantage (en intérêts et dividendes) pour une moindre accumulation de capital (baisse du rythme de croissance de la FBCF).- En 1980, les entreprises dépensaient deux fois plus en investissements nets qu’en dividendes nets ;
- en 2011 elles dépensaient deux fois plus en dividendes nets qu’en investissements nets.