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Coffret "Au fil de l'Encre" 6/6, aux éditions Encre Fraîche

Publié le 27 juin 2014 par Francisrichard @francisrichard

Cela fait six semaines que je retire peu à peu des trésors d'écriture du coffret Au fil de l'Encre, que les éditions Encre Fraîche ont publié pour célébrer le dixième anniversaire de leur existence et qui est sorti à l'occasion du dernier Salon du Livre de Genève.

Parmi les 22 auteurs de ce coffret, il en est dont je connaissais des écrits, un plus nombre dont ce n'était pas le cas. Quoi qu'il en soit, je me suis considérablement enrichi à les lire au fil de ce temps et de leur encre et je les en remercie tous, de tout coeur.

Dès le début, je m'étais donné pour règle épicurienne de savourer ce coffret pendant ces six semaines, qui prennent, hélas, fin aujourd'hui, et de rendre compte des nouvelles qu'il contient pendant le même laps de temps, pour ne pas en perdre toute l'essence chemin faisant.

Cette semaine, pour la dernière fois, je présente donc des nouvelles du coffret, au nombre de trois seulement cette fois, les dernières, toujours dans l'ordre où elles s'y présentent. Et je n'ai qu'un regret, celui d'être arrivé au bout de l'aventure...

Anne-Marie se demande pourquoi sa mère a choisi son prénom, qu'elle trouve ridicule:

Un prénom composé. Elle se trouvait justement composée de beaucoup de choses qu'elle n'avait pas choisies. Décomposée aussi, les jours où elle se regardait dans la glace et prenait acte de l'oeuvre du temps sur son corps.

Elle imagine que son mari Damien doit lui préférer des jeunes femmes... et elle déteste la vie insipide qu'elle mène maintenant, aussi bien avec lui qu'au cabinet où elle est avocate.

Sa vie, toute insipide qu'elle est, va pourtant basculer, à la suite d'un accident de voiture, dont elle semble être sortie indemne, puisqu'elle sait encore comment elle s'appelle, sauf qu'elle dit au médecin qui l'interroge que son prénom ne s'écrit pas avec un Trait d'union, comme le titre de cette nouvelle de Laura Maxwell...

Anne-Marie n'est pas seulement décomposée quand elle se regarde dans la glace. Par moments, elle se décompose maintenant en Anne et Marie, Anne l'avocate trépidante et boulimique de stupre, Marie la petite fille, souffre-douleur de la maîtresse et de ses petits camarades de classe, qui ne doit pas ouvrir la porte aux inconnus.

Anne-Marie a un malaise lors d'un exposé sur le dossier Durand, devant ses collègues du cabinet d'avocats. Que lui arrive-t-il donc?

C'est finalement un pychiatre qui lui en donne les clés, après l'avoir mise sous hypnose.

On sait que La recherche commence par cette phrase:

Longtemps, je me suis couché de bonne heure.

Peut-être Nadia Peccaud s'en est-elle inspirée, inconsciemment ou pas. Car Evangéline, veuve d'Andréas, doit passer quelques jours chez son fils Jonas et sa valise est prête. C'est pourquoi Demain elle se lèverait de bonne heure...

Mais aujourd'hui ses jambes pèsent des tonnes:

Elle était contrariée, elle n'avait pas l'habitude de rester inactive et acceptait mal que son corps lui rappelle le temps qui passe, le temps qui reste serait plus juste.

Maya a trouvé un journal intime sur son lieu de travail et ne résiste pas à la tentation de le lire. Une lettre adressée à une certaine Stefa par un certain Ralph est collée sur ce banal cahier d'écolier. C'est une magnifique lettre d'amour entre deux jeunes gens que sépare depuis un an le mur de Berlin.

L'auteur apprend peu à peu au lecteur qu'Evangéline, trouvée inconsciente à côté de sa valise, a été admise à l'hôpital Saint Vincent où Maya travaille au service de réanimation; qu'Andréas est le frère de Stefa; que Stefa, souffrant d'être séparée de Ralph a mis fin à ses jours; qu'on ne sait pas trop ce qu'est devenu Ralph.

L'épilogue de cette histoire, dont les morceaux s'assemblent les uns après les autres comme ceux d'un puzzle, semble confirmer que la vie n'est que question de destin. Autrement dit qu'il n'y a pas vraiment de hasard.

Grégoire passe ses vacances d'été en famille, au bord de la mer.

Sa famille? Son père Louis, sa mère Nicole, son oncle Gérald, sa tante Brigitte et son cousin Fabien.

Louis et Gérald sont frères, mais ils sont très différents. Le premier serait plutôt pudibond, le second volontiers exhibitionniste. Et leurs fils sont à leur image. Fabien, un peu plus âgé que Grégoire, est déluré et ne se prive pas de chambrer son cousin sur son ignorance des choses de la vie. Il sait par exemple que Grégoire ne comprend pas pourquoi il appelle "change-shower-branlette-et-gogues" ce que leurs parents appellent "cabine de plage"...

Cette différence de maturité provient vraisemblablement de l'éducation qu'ils reçoivent de leurs parents respectifs. Fabien se plaint d'ailleurs que sa tante Nicole ait une mauvaise influence sur sa mère Brigitte et que les deux belles-soeurs s'entendent pour que les deux cousins ne puissent rien faire quand ils se voient l'été:

Il enrageait d'autant plus que la visite de son cousin équivalait toujours à une restriction de sa liberté. Après son départ, l'étau restait serré quelque temps. Et puis, semaine après semaine, il parvenait à assouplir l'étreinte et à recouvrer ses droits. Jusqu'à l'été suivant, où sa mère succombait aux nouvelles manies de sa belle-soeur.

Guy Chevalley raconte cependant comment, un beau jour, Grégoire va finalement faire Peau neuve, tout seul, comme un grand, dans ce lieu de puanteur aux relents d'urine qu'est une "cabine de plage"...

Francis Richard

Episodes précédents:

Episodes précédents:

Coffret "Au fil de l'Encre" 5/6 aux éditions Encre fraîche

Coffret "Au fil de l'Encre" 4/6 aux éditions Encre fraîche

Coffret "Au-fil de l'encre" 3/6 aux éditions Encre fraiche

Coffret "Au fil de l'encre" 2/6 aux éditions Encre fraîche

Coffret "Au fil de l'encre" 1/6 aux éditions Encre fraîche


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