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Jaurès enrôlé de farce...

Publié le 27 juin 2014 par Jean-Emmanuel Ducoin
Selon Manuel Valls, Jaurès aurait « voté en faveur du pacte de responsabilité» parce qu’il avait «théorisé la réforme».

«Notre pays doit sortir de cette dépression nerveuse et reprendre confance en ses forces.» François Rebsamen vocifère sur une chaîne d’info, et nous nous demandons de quel pays parle le ministre du Travail pour accompagner aussi absurdement d’un air de violon le naufrage en cours, visible du tout-venant. Le chômage? Une catastrophe durable. La croissance? En berne. La pauvreté? En explosion. Les investissements? Anéantis par l’austérité. Mais allez donc, qu’importe si l’échec des politiques de l’exécutif actuel est consommé, le ministre assure désormais que la bonne idée, tant réclamée par le Medef, comme par hasard, serait de «suspendre les seuils sociaux». On croit rêver!
Tant qu’on y est, les responsables socialistes devraient exclure les «frondeurs» du groupe PS, qui ont bataillé comme ils ont pu avec les députés du Front de gauche et Verts pour refuser le cadre mortifère du budget rectificatif, et la boucle de tous les renoncements sera bouclée avant même le départ du Tour de France…
Quelquefois, il y a pire que Manuel Valls est coutumier du fait, ce qui le classe, comme un certain Nicolas Sarkozy, dans la catégorie des mauvais rabatteurs de l’histoire. Inaugurant l’exposition consacrée à Jean Jaurès, au Panthéon, le premier ministre n’a pas hésité à s’emparer du grand homme pour lancer, auprès des socialistes d’ici-et-maintenant, un appel à «l’unité dans l’exercice du pouvoir», car, voyez-vous, «la synthèse jaurésienne, c’est l’ambition de maintenir l’unité sans pour autant renoncer à agir». Ce n’est pas tout. Selon M. Valls, Jaurès aurait «voté en faveur du pacte de responsabilité» parce qu’il avait «théorisé la réforme». La farce ne passe pas... Confondre à ce point l’idée de «réforme» avec la génuflexion devant le monde de la finance ne s’apparente plus à une erreur stratégique mais bien à une faute politique majeure. Non, nous n’avons décidément pas la même vision de la gauche. Ni de sa trace dans les consciences historiques. Ni de son avenir. [EDITORIAL publié dans l'Humanité du 26 juin 2014.]

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