Agatha Christie, Miss Marple au Club du Mardi, le mois anglais
Publié le 28 juin 2014 par Mango
Comment occuper ses soirées dans un petit village anglais, vers 1930, quand on n’avait pas encore la télévision? Comme toujours, en se réunissant et en se racontant des histoires. C’est ce qui se passe au
Club du Mardi, chez
Miss Marple, autour de laquelle sont réunies cinq personnes un soir auxquelles s’ajouteront quelques autres par la suite, vu le succès de ces soirées et la réputation grandissante de la vieille dame désormais reconnue pour ses qualités de détective. La règle est simple. Chaque participant doit exposer un
«mystère inexpliqué», une énigme policière que chacun, tour à tour, essaie de résoudre. Bien entendu, à ce petit jeu de déduction, Miss Marple gagne toujours.
Ce que j’aime ici, c’est la présentation de Miss Marple qui, en bonne hôtesse, écoute en silence mais très attentivement ses amis et paie si peu de mine que ceux qui ne la connaissent pas très bien encore oublient de lui donner la parole et restent figés de stupeur devant ses déductions pleines de bon sens et basées uniquement, selon ses dires, sur sa bonne connaissance des habitants de son village.
Voici d’ailleurs le regard porté par son neveu, le premier intervenant de ce premier Mardi, un jeune écrivain plein d’enthousiasme:
Raymond West aimait ce salon plein de caractère dont les meubles anciens s’accordaient aux poutres apparentes du plafond. Par goût et par profession, le jeune homme recherchait toujours l’atmosphère, et la maison de sa tante Jane répondait à ses vœux. Il embrassa une fois encore la pièce d’un regard connaisseur et ses yeux se posèrent avec une tendre affection sur la vieille demoiselle, perdue dans le vaste fauteuil du grand-père. Miss Marple portait, à la mode d’autrefois, une élégante robe en poult-de-soie, froncée à la taille et éclairée d’un jabot de dentelle de Malines. Ses mains étaient protéges par des mitaines noires et elle avait jeté une mantille, noire aussi, sur ses beaux cheveux blanc. Elle tricotait. – Raymond n’aurait mieux su définir l’ouvrage que par les mots : mousseux, laiteux et aérien. Les pâles yeux bleus erraient avec bienveillance de l’une à l’autre des personnes réunies autour d’elle. (…) Ayant accordé à tous quelques instants d’attention, Miss Marple revint à son tricot, un doux sourire aux lèvres.
Comment ne pas avoir envie de continuer après ça?
Pour Le mois anglais de Lou Titine et Cryssilda
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