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Désillusion pour Airbus Helicopters au Mali : le Caracal ingère le sable du désert et tombe en panne. Mécontentement chez les militaires.

Publié le 03 juillet 2014 par Toulouseweb
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C'est sur cette chaîne que j'ai appris qu'il y avait de graves problčmes sur l'EC 725 autrement dit le Caracal, le super hélicoptčre de l'armée de l'air dont le principal intéręt est de transporter des commandos des forces spéciales françaises. L'appareil avait été conçu aprčs la guerre en Serbie oů il s'était illustré dans la récupération d'équipages d'avions de combat abattus par les forces ennemies. Au Mali, faute de filtration adéquate de ses entrées d'air, le Caracal ingčre du sable qui grippe les turbines. Une information qui n'a gučre été relayée dans l'hexagone. Vérifications faites, tout est exact dans le reportage de nos confrčres tout ŕ fait pointus en Afrique en général et au Mali en particulier.
Cette information est tellement vraie qu'elle est consignée dans un rapport parlementaire consacré aux forces spéciales françaises signé des sénateurs Daniel Reiner PS et pour l'UMP Jacques Gautier et Gérard Larcher. Que lit-on sous la plume de ces trois représentants du peuple français ? Ť Des problčmes majeurs de moteurs sont constatés. Les turbines doivent ętre envoyées en révision au bout de 60 ŕ 100 heures de vol alors que le constructeur préconise une révision toutes les 3 000 heures. ť Autre découverte : seuls 2 hélicoptčres sur 5 sont disponibles simultanément ce qui handicape bien sűr les utilisateurs qui sont obligés de faire voler le Caracal trčs peu chargé. Théoriquement la machine peut emporter 28 commandos et leur matériel, lŕ seuls 10 commandos peuvent embarquer sur des étapes de 200 km maximum. En outre les performances sont trčs dégradées dčs que la température excčde 40° ce qui est monnaie courante dans le Nord Mali.
Il faut dire que le sable du désert malien est trčs particulier, il est composé de fines poussičres et de grains de sable grossiers et trčs durs composés essentiellement de silice. Comme l'EC 725 est un hélicoptčre trčs lourd, son rotor principal est composé de 5 énormes pales... qui soulčvent un immense nuage de poussičre au décollage et ŕ l'atterrissage. Et c'est lŕ que la silice malienne entre dans les prises d'air des turbines mal protégées.
Le coűt des réparations est énorme. Ť Depuis janvier 2013, 22 moteurs ont été changés ť précisent les 3 sénateurs qui n'ont pas peur de mettre les pieds dans le plat. Coűt d'une réparation : 300 000 ŕ 600 000 euros hors taxe. Ť Une situation jugée inacceptable, les mesures correctrices des industriels concernés s 'imposent ť peut- on encore lire dans le rapport. J'ajoute que cette affaire est relativement grave pour la réputation de l’ex Eurocopter dont certains clients captifs ont souvent protesté en vain contre la façon dont ils étaient traités par le service aprčs vente. Je ne suis pas sűr non plus que la défense d'Airbus Helicopters soit la bonne. Un porte-parole explique que les conditions d'emploi des hélicoptčres au Mali sont extręmes avec des missions trčs longues de plus de 12h, les pistes d'atterrissage et de décollage ne sont pas préparées, les appareils Ť bouffent beaucoup de sable et la façon dont ils sont utilisés génčrent une usure plus rapide ť. Autrement dit, s'il y a des pannes c'est la faute du client, quant ŕ la demande de préparer des zones d'atterrissage et de décollage en plein désert, mieux vaut en rire ! Toutefois reconnaissons au Caracal sa parfaite tenue lors des opérations en Afghanistan, en Libye et encore ŕ Djibouti. Mais seulement voilŕ, le désert malien est particulier.
Chez Turbomeca, le constructeur des 2 turbines (Makila 2), on propose une solution : mettre ŕ disposition des moteurs de rechange civils des EC 225 . Turbomeca travaille aussi ŕ un nouveau systčme de filtration. La DGA, direction générale de l'armement, serait męme pręte ŕ dégager un petit budget pour remédier ŕ toutes ces difficultés.
Souvenons-nous des déclarations de Guillaume Faury, le nouveau président d'Airbus Helicopters lors de ses vœux ŕ la presse en janvier dernier. Celui-ci disait vouloir restaurer la confiance entre lui et le marché. Avec le Caracal au Mali, voilŕ un chapitre supplémentaire que le nouveau président ne devra pas sous-estimer. Il serait dommage en effet que la carričre d'un des plus beaux fleurons de l'armée de l'air française ait ŕ pâtir de filtres non adaptés ŕ la mission. ET puis n'oubliez pas : branchez vous sur RFI !
La chronique aeromorning.com de Gérard Jouany

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