Magazine Société

Cherchez l'intrus

Publié le 04 juillet 2014 par Réverbères
Cherchez l'intrusFMG © 2014
Ces trois panneaux de direction ont été photographiés l’un à la suite de l’autre, sur une distance de 2 km. Ils sont tous les trois situés en Région wallonne, mais ils se rapprochent de plus en plus de la Région flamande où se trouve en réalité le village qu’ils indiquent. Pourtant, parmi eux, il y a un intrus et un seul !
Certains diront que c’est le dernier : comment pourrait-on – selon eux – accepter qu’un panneau écrit en néerlandais soit situé en région francophone du pays ? Personnellement, j’estime que tous les panneaux, partout dans le monde, devraient être écrits dans la langue utilisée officiellement sur le lieu concerné. Il serait ainsi écrit « Paris » partout où on l’indique, « London », « Antwerpen », « Liège »… et donc « Ottenburg ». Cela simplifierait beaucoup de choses pour les touristes et autres voyageurs, sans créer d’inutiles conflits linguistiques.
En attendant, comme ce n’est pas la règle universelle, on a l’habitude – spécialement en Belgique – de traduire le nom d’un lieu dans la langue où se trouve le panneau. Ainsi, « Mons » devient « Bergen » et « Geraardsbergen » devient « Grammont ». « Ottenburg » devient donc « Ottenbourg » ou « Ottembourg ».
Cette dernière orthographe est incorrecte. Elle respecte bien sûr les règles du français : devant un « b », on met un « m ». Mais d’une part, cette règle n’est pas absolue : on écrit bien un « bonbon », parce qu’il est doublement bon ! Et il faudrait écrire « Ottenbourg », parce que c’est le bourg d’Otten. Je ne connais pas celui-ci, mais il a certainement existé. Une recherche sur Google donne 2 150 000 résultats pour « Otten » alors qu’elle n’en donne que 200 000 pour « Ottem ».
Que retenir de tout cela ? D’abord, que cela n’a pas vraiment d’importance : ces trois panneaux permettent d’arriver au bon endroit sans hésitation !
Au-delà de ce constat de bon sens, on peut se dire qu’à trop vouloir bien faire, on ne fait pas trop bien. L’application stricte des règles – du français dans ce cas – conduit à commettre des erreurs. Ce qui compte, c’est la nature des choses, pas l’application des règles. L’esprit plutôt que la lettre.
C’est plus important qu’on ne peut le penser : une personne compétente est – la plupart du temps – une personne qui sait transgresser la règle quand il le faut. Un seul exemple, mais il y en a des tas d’autres : roulant en moto sur la bande de droite d’une autoroute à trois voies, je souhaitais dépasser non seulement la voiture qui était devant moi, mais aussi celle qui était sur la bande centrale. J’enclenche mon clignoteur (mot utilisé en Belgique pour désigner un clignotant) et je commence – non sans regarder dans mon rétroviseur – à me déporter vers la bande de gauche. Sur celle-ci, il y avait une automobile dont je contrôlais le mouvement, sauf que le chauffeur – chauffard – a brusquement ralenti pour se rabattre sur la bande centrale, me coupant la route. La seule solution pour moi fut d’inverser brutalement mon mouvement et de me rabattre sur la bande de droite alors que mon clignoteur indiquait que j’allais vers la gauche et que je n’ai pas eu le temps de regarder ce qu’il y avait dans mon rétroviseur droit. Tout s’est bien terminé, mais de toute évidence, j’ai fait une manœuvre interdite par la loi : aller brusquement vers la droite alors que mon clignoteur indique la gauche ! Si je n’avais pas enfreint la loi, je ne serais sans doute plus là pour vous écrire ce billet ! Ma compétence a été de voir ce qu’il fallait faire de manière impérative, même si c’était interdit.
Au bout du compte, l’important est d’arriver là où on veut où là où on doit. Cela nécessite parfois de prendre quelques libertés avec la loi, avec les règles. Tout le monde peut s’accorder là-dessus, mais la véritable question est de savoir quand on peut le faire. Être compétent, ce n’est pas enfreindre la loi à tout bout de champ. Mais c’est pouvoir identifier les situations dans lesquelles il est préférable, dans l’intérêt collectif, de prendre quelques libertés avec les règles ou la loi.
Pas sûr que Sarkozy ait réellement eu cette compétence, mais ça, c’est une autre histoire !

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Réverbères 3169 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine