Le premier ministre tient une conférence dite sociale les 7 et 8 juillet pour, paraît-il, poursuivre cette concertation initiée après l'élection du président Hollande en 2012.
Une conférence qu'il a introduit avec un bras d'honneur à l'égard des syndicats et les salariés en général.
Sauver la Sécu ?
Hasard ou coïncidence, la CNAM venait de livrer ses idées. Crise oblige, son déficit s'aggrave. L'organisme avait listé 25 mesures pour économiser jusqu'à 2,9 milliards d'euros en 2015. On notera qu'elle voudrait augmenter la part des médicaments génériques, une mesure dans douleur - bien au contraire - pour le portefeuille des patients, surtout des plus modestes sans complémentaires de santé. L'idée est de mieux surveiller et éventuellement davantage sanctionner les médecins qui prescrivent des médicaments sans alternative générique.
Mais il y avait pire, les experts de la CNAM souhaitaient aussi réduire les séjours hospitaliers: 3 jours les séjours en maternité (contre 4,2 en moyenne), et 6 jours au lieu de 9 pour les séjours post-opérations des genoux et des hanches. Et après ?
Coup de théâtre, vendredi 4 juillet: les propositions ont été rejetées par le conseil d'administration de la CNAM, par l'alliance improbable et pour des raisons contradictoires, du patronat, de FO, de la CGT et de la CGC.
Provoquer les syndicats ?
Lundi, Manuel Valls introduit la seconde conférence sociale du quinquennat Hollande. Hollande sera là, pour quelques mots lundi après-midi. Le MEDEF couine qu'il n'y a pas assez d'allègements de charges. Les syndicats sont en rage.
Pour cette conférence, Manuel Valls avait en effet deux "cadeaux", et pas des moindres: 1. Le report de la prise en compte de la pénibilité pour le calcul de retraites anticipée, une demande du Medef. 2. La révision des seuils sociaux qui déclenchent des obligations de représentation du personnel aux entreprises. Francois Rebsamen, le ministre du travail, avait suggéré voici un mois d'en geler l'application pendant 3 ans...
Bref. Quand Manuel Valls organise une conférence sociale, il commence par un bras d'honneur aux syndicats, et deux cadeaux pour le Medef. "Avant la conférence sociale, Valls sème le trouble dans son camp", commente le quotidien le Monde.
La CGT a justement publié 94 propositions concrètes: mise en place d’une Sécurité sociale professionnelle, renforcement du rôle et des prérogatives des CHS/CT, mise en Sécurité sociale pour l’ensemble des jeunes sans emploi, taxation des ruptures conventionnelles, instauration d’une obligation de formation pour les seniors passé 45 ans... La liste est longue. Certaines feront évidement hurler, comme le retour à la retraite à 60 ans.
Manuel Valls n'a pas officiellement répondu. Pas une allusion, lors de son discours dimanche 6 juillet à Vauvert (Gard). Il était perché sur une estrade au soleil devant ses militants. "Oui, la réforme peut créer des déséquilibres" a-t-il tonné. Il revendique le "réformisme assumé".
On dirait du Sarkozy. Ou bien...
"Il faut dire la vérité".
Sans rire.
Manuel Valls termine ses 100 jours à Matignon. Lundi, la conférence sociale débute par un huit-clos avec François Hollande, puis une journée de cirque médiatique, ce mardi. Samedi sur RTL, il s'est affirmé convaincu qu'aucun syndicat, ni FO ni la CGT, ne boycotterait l'opération. Il n'a pas compris que les syndicats prennent aussi mal ses deux dernières initiatives. "Je n'ai pas cédé à je ne sais quel oukase (du MEDEF). (...) Les étiquettes, les idéologies, je ne les comprends pas, il faut être très pragmatique."
Mardi soir, il a promis de dévoiler la feuille de route sociale du gouvernement pour l'année à venir.
On est impatient.