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Création d'un nouvel opéra au Festival de Bregenz 2014: Les contes de la forêt viennoise de HK Gruber

Publié le 08 juillet 2014 par Luc-Henri Roger @munichandco
Création d'un nouvel opéra au Festival de Bregenz 2014: Les contes de la forêt viennoise de HK Gruber
Parallèlement à la grande production sur la fameuse scène sur le lac de Constance, -cette année il s'agit de la reprise de la Flûte enchantée de Mozart-, le Festival de Bregenz en Autriche propose dans la grande salle de la Maison du Festival la création d'un nouvel opéra: Les contes de la forêt viennoise de HK Gruber, une satire mordante sur les milieux viennois de la fin des années 1920.
Le titre de l'opéra est emprunté à la charmante valse de Johann Strauss (le jeune), qui avait été repris par l'écrivain austro-hongrois Ödön von Horváth pour ce qui est devenu une de ses pièces les plus connues, créée au Deutsches Theater de Berlin, en 1931. Cette pièce est une satire amère sur le mensonge et la brutalité de la petite-bourgeoisie. Le titre de la pièce se veut ironique, il évoque les montagnes boisées proches de la capitale autrichienne qui sont tellement idéalisées dans la valse. Dans la pièce, la Gemütlichkeit viennoise, cet art de vivre chaleureux et convivial,  ne sonne plus que comme un mot creux: l'histoire brutale et tragique de la douce Marianne et du boucher ultra-conventionnel Oskar reflète les difficultés et les angoisses de la fin des années 1920 pendant la grande crise économique mondiale. 
La pièce pouvait-elle être transformée en un opéra? Ödön von Horváth le  croyait et avait espéré trouver le compositeur approprié en Kurt Weill, qui avait collaboré avec Bertolt Brecht pour L'Opéra de quat'sous. Mais le projet n'avait pu aboutir. Aujourd'hui, c'est HK (Heinz Karl) Gruber qui a relevé le défi. Ce compositeur né à Vienne, qui est aussi chef d'orchestre, chanteur et acteur, a célébré son 70e anniversaire cette année. On se souvient de son Franckenstein, un «pandémonium pour orchestre"  qui avait été monté au Festival de Bregenz en 2012. 
A présent, il a conçu les Contes de la forêt de Vienne comme une pièce de théâtre musical. Le livret a été écrit par Michael Sturminger, qui met également l'opéra en scène. Les deux hommes avaient déjà collaboré pour l'opéra Der Herr Nordwind, qui avait été produit à l'Opéra de Zurich en 2005. 
Au départ, le compositeur avait été rebuté par la grande popularité de la pièce. Mais Sturminger a produit un collage de textes de Horváth qui a finalement convaincu HK Gruber. "Pour moi, Les Contes de la forêt de Vienne avec sa critique sociale incisive et pointue est une oeuvre absolument intemporelle de calibre vraiment brechtien», dit Gruber. Brecht avait décrit la pièce de Horváth comme un drame populaire anti-viennois. De la même manière, pour sa composition de l'opéra, Gruber veut aussi se tenir à l'écart des clichés viennois. Il ee dit plus intéressé par la modélisation des personnages et des effets musicaux qui traduisent l'aliénation.
Le directeur artistique du Festival de Bregenz, David Pountney,  cette première mondiale est l'apothéose de son mandat qui se termine en 2014. Pountney décrit la pièce de Ödön von Horváth comme une «analyse sur le fil du rasoir des habitants de la zone la plus dure de Vienne et un exposé impitoyable sur la vanité, la corruption et, finalement, la cruauté de ces personnes". Mais l'histoire est racontée, néanmoins, et c'est ce qui est surprenant, sur un ton qui est à la fois "amer et tendre". 
Pour Poutney, l'opéra rend bien compte de l'atmosphère de l'Autriche à la veille de basculer dans le fascisme. La presse nazie sous la République de Weimar n'avait d'ailleurs  pas tardé à attaquer la pièce de Horváth. Lorsque les nationaux-socialistes ont pris le pouvoir en 1933, les œuvres de l'écrivain ont été interdites; et après l'Anschluss de l'Autriche en 1938 Horváth avait été contraint de s'enfuir à Paris. Même la première production d'après-guerre, au Volkstheater de Vienne en 1948, avait provoqué un scandale. Le public était furieux de voir sa société viennoise bien-aimée traitée de la sorte. Mais ce qui a fait scandale à l'époque nous fascine aujourd'hui. La pièce présente un mélange d'humanité, d'humour et de férocité.
Première le 23 juillet 2014 à 19H30 Puis le 27 juillet et le 3 août à 11H

Source du texte: traduction libre de la présentation du Festival de Bregenz
Tickets pour le Festival: cliquer ici

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