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Les limites du Keynésianisme

Publié le 11 juillet 2014 par Parallaxe
Les limites du KeynésianismeKeynes, auteur des remèdes de la crise de 1929, a eu son heure de gloire avant d’être considéré comme le responsable de la crise de 1970 et, peut-être un jour, de celle d’aujourd’hui en France. Il peut être considéré comme le précurseur de la macro-économie perçue comme un système de flux interdépendants. Lorsque l’on étudie ces flux, on s’aperçoit très vite que la théorie économique ne peut pas trouver de solutions certaines aux problèmes économiques, que l’interdépendance crée des cycles et des contra-cycles et que l’on ne sait pas distinguer les conditions sures pour qu’un cycle se mette en place sans risquer le contra-cycle. Keynes peut être considéré comme le père de la politique économique de la consommation, c’est-à-dire de la demande, sur laquelle se sont obstinés un certain nombre de gouvernements de gauche ainsi que, naturellement, les syndicats. Le raisonnement est le suivant : aucune entreprise n’embauche pour un niveau de salaire, même très bas, si son carnet de commandes est insuffisant. Une entreprise embauche s’il y a une demande prévisionnelle crédible. Or la crédibilité d’une demande dépend directement du niveau des salaires : si les salaires sont élevés, les acteurs consomment davantage. L’offre doit donc augmenter en conséquence et le chômage diminuer. Cette théorie de la demande s’oppose clairement à la politique de l’offre qui se focalise sur la compétitivité des entreprises, c’est-à-dire sur des entreprises qui trouvent des marchés. On pourrait dire que la politique de la demande est une politique en faveur des salariés et que la politique de l’offre est une politique des entreprises. Cette dichotomie conduit à remplacer le dialogue social par la confrontation sociale, comme on peut le constater aujourd’hui en France où cette confrontation devient caricaturale. On peut comprendre que les syndicats de salariés soient fascinés par le keynésianisme qui prône l’augmentation des salaires et qu’ils s’arc-boutent sur une politique de la demande, quitte à préférer la confrontation à la recherche d’un compromis au sein du dialogue social. Heureusement, on constate que, au sein des entreprises, existe un dialogue qui se concrétise par de nombreux accords. Au niveau local, les syndicats sont au contact direct des difficultés de l’entreprise et sont donc beaucoup mieux à même de trouver un compromis avec le chef d’entreprise, ne serait-ce que parce que leurs décisions impactent immédiatement leur propre emploi, ce qui n’est pas le cas des organes syndicaux nationaux, trop loin du terrain et salariés de l’organisation. On peut dire que ceux-ci, pour des raisons purement électoralistes, ont sombré dans le conservatisme. Le succès de la théorie keynésienne de la demande tient au multiplicateur qui relie les variations de l’investissement aux variations du revenu des acteurs. Mais ce multiplicateur ne tient pas compte de plusieurs faits. D’abord, une partie de la consommation est détournée vers des produits importés et ne participe plus à l’augmentation du PIB. Ensuite, l’augmentation de la demande induit de l’inflation dont l’effet ne sera limité que s’il existe des capacités de production inemployées. Enfin, l’impact du taux d’intérêt entraine une variation contra-variante des investissements des entreprises. De plus, le multiplicateur ne fonctionne, en théorie, que si la propension à consommer est plus forte que la propension à épargner. En période de crise économique, la tendance à épargner augmente : les montants investis en assurance-vie ou sur le livret A sont considérables (269 milliards pour le livret A, 120 milliards de cotisations annuelles pour l’assurance-vie pour un PIB de plus de 2000 milliards, les sommes ci-dessus représentant environ 20% du PIB). Enfin, la démonstration du multiplicateur classique, calculant sur une chaine d’acteurs les conséquences d’un investissement initial, débouche sur une série géométrique qui, pour un très grand nombre d’acteurs successifs, a une somme égale à (q/1-q) où q est la propension à épargner, c’est-à-dire égale au rapport de la propension à consommer à la propension à épargner. Pour une propension à épargner de 20% sur le revenu reçu, le multiplicateur est alors égal à 4 s’il n’y a aucune dépenses attachée à des produits importés, c’est-à-dire que la somme des consommations des acteurs (à la quelle correspond une somme de production) est égale à 4 fois l’investissement initial ! Ce calcul est trop simpliste car, en plus du fait que la propension à épargner n’est pas la même selon le niveau du revenu (plus le revenu est élevé plus l’épargne l’est également), on voit que cette démonstration ne pose pas la question du financement de l’investissement initial, qui ne peut provenir que l’impôt prélevé sur le revenu des acteurs ou par un endettement qui augmente le service de la dette et réduit donc les possibilités d’investissements publics en provoquant généralement des hausses d’impôts. Si l’on tient compte du fait que le revenu supplémentaire provenant d’un investissement initial est, comme les autres revenus de l’acteur, soumis à l’impôt, alors on s’aperçoit aisément que la valeur du multiplicateur varie très fortement en fonction de la politique fiscale. De nombreux économistes ont essayé de calculer une valeur plus réaliste du multiplicateur. Ils ont trouvé des résultats qui varient de -2,2 à 2,2 sur le long terme. Cet énorme variation montre bien qu’il est extrêmement difficile d’appréhender les conséquences d’une augmentation de l’investissement public. De plus, si le multiplicateur est effectivement négatif, cela veut dire que toute dépense d’Etat augment la dette. Tout ceci montre qu’une politique de la demande ne peut être que conjoncturelle et de courte durée. Toute amélioration pérenne de l’économie passe par une amélioration de la compétitivité des entreprises. La théorie libérale insiste sur le fait que le chômage se combat non pas par une relance de la consommation mais par l’amélioration de la rentabilité des entreprises qui peuvent alors investir et embaucher. L’ouverture des marchés, le manque de compétitivité des entreprises, qui permettent l’arrivée des produits étrangers à meilleur prix, et une fiscalité parmi les plus lourdes des pays occidentaux rendent la politique de la demande inopérante. La preuve la plus éclatante est la crise dans laquelle le pays s’enfonce sans trouver les moyens d’en sortir. Les tentatives gouvernementales actuelles ne peuvent qu’être saluées à condition que leur mise en œuvre ne soit pas, comme on le constate aujourd’hui, toujours reportée à un horizon lointain.

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