Et si Mélenchon avait eu
raison ?
Bon, j’avoue que la question est volontairement provocatrice. Ce n’est pas
que Mélenchon n’ait pas quelques fois raison, mais ses rares éclairs de
lucidités sont trop souvent noyés dans un discours anticapitaliste primaire
asséné sans nuances et avec agressivité.
C’est en prenant connaissance des récents chiffres de l’endettement de la
France, que je me suis fait cette réflexion.
Selon l’INSEE, à la fin du premier trimestre 2014, la dette publique s’est
établit à 1985,9 Md€ soit 93,6 %, du PIB. La France s’avance donc
inexorablement vers un montant symbolique de 2 000 milliards d’euros de dettes
et un taux d’endettement tout aussi symbolique de 100% de son PIB.
A l’heure qu’il est, d’ailleurs, les 2 000 milliards d’euros sont
certainement déjà atteints.
En un trimestre, ce sont plus de 45 milliards qui sont venus gonfler la
rondelette besace dans laquelle se terre douillettement notre bonne grosse
dette.
Mais manifestement, ces chiffres n’ont l’air de ne perturber personne. Ils
ont été publiés dans une indifférence quasi générale résultante d’une longue et
anesthésiante habitude et de taux d’intérêts historiquement bas.
Pourtant, les taux dont nous bénéficions sont liés à un équilibre qui peut
être rompu n’importe quand, que ce soit par une crise de confiance des préteurs
qui constatent que la France est incapable de se réformer, une crise politique
en Europe liée à la montée des populismes ou par un changement de politique
monétaire de la BCE.
Et à ce niveau d’endettement, une hausse brutale nous mettrait dans un
pétrin monumental. Avec un phénomène boule de neige puisqu’il nous faudrait
emprunter encore plus pour payer les intérêts de notre dette qui deviendrait
rapidement le premier poste de dépense de l’Etat. En clair, nous sommes en
permanence sur une crête acérée et nous continuons à avancer comme si nous
étions confortablement installés sur une piste verte.
Ces chiffres, et surtout ce mouvement continu vers de nouveaux records,
laisse une impression de fatalité désespérante. L’impression qu’à du ressentir
le capitaine du Titanic lorsqu’il a vu qu’il ne pourrait pas éviter l’iceberg
qui causera sa perte. Mais alors que le Titanic a vu l’iceberg surgir devant
lui au dernier moment, cela fait des décennies que nous le voyons grossir,
grossir, sans discontinuer et sans réagir. Difficile de prétendre que nous
avons été pris par surprise.
Certes, depuis 2012 le sujet a fait l’objet de nombreux discours mais rien
n’a changé, les déficits continuent à s’enchainer et les dettes publiques à
s’empâter.
Mais qu’est-ce que vient faire Mélenchon dans tout cela me demanderez vous
?
C’est sur que Mélenchon, la dette c’est le cadet de ses soucis. L’iceberg,
lui, il l’éparpille façon puzzle. Ca ne dépendrait que de lui, cette foutue
dette, il l’escamote d’un grand coup de gomme ou plus subtil, il la fait
acheter en francs par une Banque de France aux ordres du pouvoir politique. Le
prestidigitateur Mélenchon, il nous la fait disparaitre en 3 coups de cuillère
à pot la dette.
Non, l’association d’idée avec Mélenchon elle vient de son aimable saillie
vis-à-vis de François Hollande qu’il avait traité de capitaine de pédalo. Et du
coup, l’image d’un capitaine de pédalo à la barre du Titanic m’est venue
spontanément à l’esprit que j’ai sans doute mauvais, je le reconnais.
Car la France est comme un paquebot, un gros paquebot, un lourd paquebot
qu’il faut des années pour faire virer et des décennies faire changer de
cap.
Et le capitaine Hollande, il est à la barre du bateau qui se rapproche
toujours plus de l’iceberg. Et il tarde à donner le coup de barre à droite qui
permettrait d’éviter l’iceberg ou du moins d’éviter le plus gros, celui qui
vous casse un bateau en 2 et vous le coule en deux temps trois mouvements. On
sait pourtant que la force d’inertie est telle qu’un vigoureux coup de barre
n’a d’effets réels que quelques années plus tard. On le sait, François Hollande
le sait, comme le savaient tous les capitaines auxquels il a succédé et qui ont
gardé très consciencieusement le cap de la dette et des déficits.
Certes il gouverne un navire dont les moteurs s’essoufflent et dans une mer
plutôt agitée, mais qu’est-ce qu’il fout, boudiou !!!
Cela fait des mois qu’il nous parle de son Pacte de Responsabilité, cela
fait des mois qu’il nous parle d’économiser 50 milliards (en 3 ans), cela fait
des mois qu’il nous parle de simplification administrative et à ce jour, rien
!
Si, la seule chose dont on est certain, c’est que 3,2 millions de foyers
vont bénéficier d’une réduction d’impôts et que la croissance, donc les
rentrées fiscales seront plus faibles qu’espérées.
Et surtout ne pas brusquer les français, ni les partenaires sociaux, ni les
corporations, ni les lobbies en tous genres et surtout pas les récalcitrants du
PS.
Le bide qu’a fait la dernière conférence sociale a bien montré les limites
de sa méthode de recherche du consensus à tout prix.
Mélenchon avait raison, le capitaine Hollande gouverne le paquebot France
comme si c’était un pédalo, imperturbable, tout en douceur et subtilité, un
coup de pédale à gauche, un coup de pédale à droite, comme s’il avait tout son
temps pour éviter l’iceberg d’un petit coup de volant lymphatique.
Jusqu'au moment ou quelqu'un va crier: "Iceberg droit devant" et là, il n'y aura clairement pas assez de canots de sauvetage pour tout le monde !