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375ème semaine politique: Hollande change de lunettes, en vain.

Publié le 12 juillet 2014 par Juan
375ème semaine politique: Hollande change de lunettes, en vain.

Il a changé de lunettes. Mais voit-il mieux ? Hollande ressemble à Chirac. Le premier détestait la finance, l'autre voulait lutter contre la fracture sociale. 

Les deux ont fini par préférer baisser les impôts de certains.

Conférence sociale, sans rire.
Sa conférence sociale fut ratée. Passée la première réunion, lundi, en présence de François Hollande, la plupart des syndicats de salariés ont jeté l'éponge. La CGT puis Force Ouvrière, la FSU et Solidaires ont claqué la porte. Il paraît que le président paru "K-O debout".
"Le pacte de responsabilité met en danger notre protection sociale." Thierry Le Paon, secrétaire général de la CGT, 7 juillet 2014.
Il y tenait pourtant, à cette grande conférence, forcément "sociale", un grand moment du quinquennat. Ce fut donc un fiasco. Le Pacte irresponsable, une gigantesque exonération de charges sociales pour l'essentiel en faveur des entreprises au nom du Dieu Compétitif, a laissé des traces, fait des dégâts. Pire, le premier des ministres a jeté quelques pavés dans une marre trop pleine en annonçant un report de la mise en place du compte pénibilité à 2016.

Lundi, Hollande a tenté de rabibocher quelques syndicats heurtés à sa cause, en vain. Il a d'abord promis des "assises de l'investissement", à l'automne. Il voudrait placer son quinquennat au-delà de son propre horizon politique. Il a eu quelques incantations en faveur de "l’économie productive". Seconde annonce, son ministre du Travail - celui-là même qui suggéra le premier de lever l'application des seuils sociaux - allait coordonner une négociation patronat-syndicats sur la modernisation du dialogue social.
Premier camouflet social. Valls masque. Lors de son discours de cloture d'une conférence sociale ratée, le premier ministre n'a pas rappelé pourquoi il était essentiel, pour lui, de geler les prestations sociales jusqu'en 2017. On connaît la réponse. Ce socialisme de l'offre est une alternance qui ne dit pas son nom. Un glissement politique évident mais non assumé. C'est une nouvelle alternance, sans le dire, sans vote, sans alliance. Valls s'inquiète du "refus de dialogue". Il promet "la loi de finances pour 2015 organisera une baisse de l'impôt sur le revenu des classes moyennes." Et réactive une aide à l'apprentissage (1 000 euros par apprenti embauché), que le gouvernement Ayrault avait réduite.
Pour la première fois depuis 2008, la France a déploré moins de faillites d'entreprises au second trimestre 2014. Michel Sapin, ministre des finances, se réjouit. Il croit drôle de clamer que notre amie pourrait être la finance.
Les députés socialistes frondeurs n'ont pas osé voter contre la première tranche de ces économies qui servent à financer des exonérations de charges patronales: ils se sont simplement abstenus sur ces 9 milliards d'euros de moins dans le budget de la Sécu. Ils n'étaient qu'une trentaine, c'est déjà ça. La gauche d'opposition devrait prendre date plutôt que de railler.
Manuel Valls travaille son anti-hollandisme présidentiel. 2017 n'est plus loin. Il lui reste quelques soutiens.
Deux jours après, il présente son "Grand Paris à lui", le chantier du "Grand projet métropolitain" qu'il veut chapeauter en direct. Il y a aussi cette loi, curieuse, qui réactive la surenchère sécuritaire contre un "phénomène" marginal, les quelques centaines d'illuminés qui partent faire le Djihad en Syrie.
Hollande rate Gaza
Hollande doit réagir. Israël bombarde à nouveau Gaza. Un assassinat par ci, une répression par là. Tsahal bombarde, lourdement et sans détour. Hollande s'émeut. Sarkozy serait allé sur place pour embrasser l'actuel premier ministre d'extrême droite au pouvoir au sommet de l'Etat hébreu, Benyamin Netanyahou.  Hollande s'émeut si doucement qu'on se demande s'il a compris ce qui se passe là-bas.
Quel conseiller diplomatique élyséen a pu écrire qu'il "appartient au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population" ?  Hollande a même confié
qu'il avait exprimé à Netanyahou "la solidarité de la France face aux tirs de roquettes en provenance de Gaza". La situation locale toujours explosive méritait mieux. Les raids israéliens ont tué 25 civils jeudi.
Mercredi, François Hollande fait José-Manuel Barroso Grand officier de la légion d’honneur. Décorer l'architecte médiocre du néo-libéralisme européen n'est pas cocasse, mais ahurissant.
Jeudi, le président file sur une étape du Tour de France. L'équipe de football a été éliminée de la Coupe du monde brésilienne. Il reste le cyclisme pour motiver la "confiance". Hollande a le souci d'honorer les poilus.
Son ministre de l'Economie a une grande annonce, une "loi de croissance et de pouvoir d'achat pour restituer 6 milliards d'euros aux Français"... Fichtre ! On frémit ! L'heure est grave. On cherche les mesures, elles ne seront connues qu'à l'automne.
Sarkozy, Al Capone
On a oublié l'essentiel. Al Capone est tombé sur une affaire fiscale.
Cette semaine fut aussi celle de Sarkozy. L'ancien monarque est revenu d'outre tombe... Lundi, son propre avocat et deux magistrats sont placés en garde à vue. Les écoutes téléphoniques du début de l'année ont permis de découvrir que Sarkozy s'était renseigné sur les enquêtes en cours le concernant. Pire, dans la semaine, une seconde enquête débute, pour abus de confiance. L'ancien monarque s'est fait rembourser ses pénalités de l'année dernière, un peu moins de 400 000 euros pour avoir triché sur les plafonds de dépenses de campagne présidentielle.
Mercredi à 2 heures du matin, Sarkozy est inculpé pour corruption active, trafic d'influence actif et recel de violation du secret professionnel, après 14 heures de garde à vue où il avait emporté les 3 Mousquetaires pour passer le temps. Le soir même, il s'indigne à la télévision, sur TF1, et à la radio, Europe 1. Notez qu'il a choisi deux stations privées pour exprimer son dégout d'avoir été traité comme un citoyen normal. Cette semaine Sarkozy voulait être anormal. 
Un ancien président est inculpé pour corruption active. 
Ses fidèles s'agitent. Rachida Dati ressort de sa mairie bourgeoise du 7ème arrondissement de Paris pour re-déclarer sa flamme, par flemme. Brice Hortefeux profite d'une session festive et financée on-ne-sait-comment par la Droite forte, pour expliquer combien Sarkozy reste incontournable. Henri Guaino, ancien conseiller présidentiel, parait-il gaulliste, et député parachuté dans les Yvelines plus à droite que Neuilly, clame qu'il faudrait interdire les syndicats de magistrats.
Sarkozy, terminator de l'UMP ? L'ancien monarque est en passe de couler son ancien parti. A coups de subventions personnelles sur fonds ministériels, il s'était pourtant acheté les faveurs d'une large fraction de la droite ces dernières années. L'Etat publie d'ailleurs comment la réserve ministérielle de 2011, soit 33 millions d'euros, a été consommée en Sarkofrance: 96% pour l'UMP, dont 2 millions pour le félon Fillon. Dans la semaine, Sarkozy s'amuse sur la littérature dans les colonnes de Paris Match. L'opération de communication est facile.

"Je peux croire au retour, ça ne veut pas dire que je crois au mien" Nicolas Sarkozy.

Même Copé s'inquiète que l'UMP ne devienne inaudible. Le déballage est effectivement si massif qu'on peut penser que l'UMP toute entière sombre. La direction lance une enquête interne pour comprendre d'où viennent les fuites. Quelques jours avant la publication d'un bilan financier détestable, le 8 juillet, les révélations sur la gabegie umpiste encombraient la presse: 24.000 euros de voyage "professionnels" pour l'épouse de l'ex-président Copé, un salaire de semi-PDG pour l'assistant Geoffroy Didier de Brice Hortefeux, ... il y avait même un intriguant déplacement en jet privé pour Nicolas sarkozy à bord d'un avion précédemment utilisé pour un transit de cocaïne... Sans blague...
L'UMP souffre d'une dette abyssale de près de 75 millions d'euros au 30 juin 2014.
Ces gens-là donnent encore des conseils politiques de bonne gestion. 
Sans rire.
Jacques Toubon, le choix de Hollande, remporte haut la main les auditions parlementaires pour devenir Défenseur des Droits. Il avait toutes les explications nécessaires pour justifier de ses votes contre l'abolition de la peine de mort ou la légalisation de l'homosexualité. Grand bien lui fasse, misère pour la Vème République.
Hollande a changé de lunettes. Il a choisi un modèle danois. Quelle bonne idée...
La France broie du noir.

Besoin d'une vision nocturne ?


Crédit illustration: DoZone Parody

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