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Hidalgo, un moment lyrique et espagnol

Publié le 15 juillet 2014 par Abbaye Aux Dames, La Cité Musicale De Saintes @Abbayeauxdames

Tous les habitués de l’Abbaye aux Dames vous le diront : le Festival de Saintes est, avant tout, consacré au baroque et à son maître absolu, Jean-Sébastien Bach. Pour autant, la programmation de cette édition n’est pas dépourvue de marques d’ouverture. La représentation de Musique pour le Roi Planète, donnée lundi dernier par l’ensemble La Grande Chapelle, s’inscrit dans ce mouvement de diversification.

Si Juan Hidalgo (1614-1685), auteur de Musique pour le Roi Planète, est contemporain d’artistes plus classiquement représentés à Saintes tel Schein, son style musical, les thèmes abordés et la fonction même de sa musique diffèrent très nettement du répertoire traditionnel de l’abbaye. Comme l’indique le nom de l’œuvre, le but premier de la musique d’Hidalgo est de servir l’image de la monarchie espagnole, le Roi Planète n’étant autre que le surnom de Philippe IV d’Espagne (1605-1665). Cette musique de cour, équivalent espagnol de celle de Lully, aborde principalement le thème de la passion amoureuse ; mais au travers de cette dernière, c’est bien de l’amour de Dieu dont traite le compositeur. Pour exprimer la fougue de l’amant comme celle du dévot, Hidalgo use notamment d’un rythme dansant, servi par de multiples percussions (tambour, tambourin, castagnettes ou encore grelots).

La prestation des musiciens et solistes de La Grande Chapelle, dirigés par Albert Recasens, a parfaitement su rendre l’aspect extrêmement vivant de la musique d’Hidalgo. Leur performance a reçu un bon accueil du public, très attentif durant la totalité du concert et peu avare en applaudissements. Le jeu de la soprano Erika Escriba et du ténor Gerardo Lopez-Gamez, se lançant des regards passionnés en interprétant Anarda divina, a même suscité quelques rires dans le public. A noter également la qualité du percussionniste Marc Clos, qui a parfaitement su jongler entre ses divers instruments, et de la choriste colombienne Nina Martha Lopez, remplaçante de la mezzo soprano.

De manière générale, l’auditoire salue donc cet effort de diversification de la programmation. A la sortie du concert, certains spectateurs m’ont avoué trouver ce mouvement d’ouverture bénéfique, non seulement pour attirer un nouveau public, mais aussi pour élargir leur propre culture musicale.

Mahel Nguimbi


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