C'est un immense espoir déçu. Une petite Américaine née séropositive, qu'un intense traitement aux antirétroviraux avait apparemment permis de guérir, a vu le virus réapparaître, ont annoncé jeudi des chercheurs, qui avaient voulu croire à la guérison de la fillette.
Traitée 30 heures après sa naissance
Toddler, âgée de 4 ans aujourd'hui, est née dans le Mississippi (sud) d'une mère infectée par le VIH, le virus de l'immunodéficience humaine responsable du sida. Sa maman avait arrêté la drogue cinq mois avant sa naissance, mais sa séropositivité n'a été détectée qu'à la naissance de sa fille. Le bébé avait reçu des antirétroviraux moins de 30 heures après sa venue au monde. Un traitement administré beaucoup plus tôt que ce qui est normalement prévu pour les nouveaux-nés à haut risque d'être contaminés.
Elle avait été traitée jusqu'à l'âge de 18 mois. Puis les médecins ont perdu sa trace pendant dix mois, durant lesquels elle n'a eu aucun traitement. Aucun des tests sanguins effectués ensuite n'a détecté la présence du VIH.
«Généralement lorsque le traitement est arrêté, les niveaux de VIH remontent en quelques semaines et non en quelques années», explique Deborah Persaud, spécialiste des maladies infectieuses au centre pédiatrique Johns-Hopkins à Baltimore, près de la capitale américaine Washington. Du coup, le cas de cette fillette est, d'après elle, un cas «sans précédent». Toddler a été considérée comme le premier enfant guéri «fonctionnellement» du VIH, ce qui signifie que la présence du virus dans son sang est extrêmement faible et que les tests classiques de dépistage ne peuvent le repérer.
Cette guérison avait soulevé des espoirs immenses. Son cas avait été abordé en détails dans la revue scientifique New England Journal of Medicine l'an dernier. Les médecins pensaient qu'un traitement ultra-précoce des nouveaux-nés séropositifs pourrait permettre de les guérir. Mais patatras... Au début du mois, un test de routine a révélé que la fillette avait des niveaux détectables du VIH dans le sang, associés à une baisse de lymphocytes et à la présence d'anticorps qui prouvent que le VIH a fait sa réapparition.
«Un rebondissement décevant»
«C'est bien évidemment un rebondissement très décevant pour l'enfant, les médecins impliqués dans son traitement et les chercheurs spécialisés dans le VIH/sida», a regretté Anthony Fauci, directeur de l'Institut national de l'allergie et des maladies infectieuses (NIAID). Selon le Dr Fauci, la petite fille, dont l'identité n'a pas été révélée, est de nouveau soumise à des antirétroviraux et se porte bien.
Ce cas «montre que le traitement précoce aux antirétroviraux n'a pas complètement éradiqué le réservoir de cellules touchées par le VIH. Mais il pourrait avoir considérablement limité son développement et permis d'éviter qu'elle prenne des antirétroviraux pendant une longue période», a-t-il expliqué.
Les chercheurs vont maintenant tenter de comprendre comment la petite fille a pu connaître une rémission, puis la réapparition du VIH dans son corps.
En début d'année, un cas similaire a été signalé en Californie. Une petite fille née, elle aussi, avec le virus du sida avait été traitée immédiatement aux antirétroviraux. Onze mois après sa naissance, aucune trace d'infection n'était détectée. Mais dans ce cas-là, les médecins continuent de la soumettre aux traitements médicamenteux et n'envisagent pas d'arrêter avant son deuxième anniversaire.
La seule guérison complète officielle reconnue au monde est celle de l'Américain Timothy Brown dit le patient de Berlin. Il a été déclaré guéri après une greffe de moelle osseuse d'un donneur présentant une mutation génétique rare empêchant le virus de pénétrer dans les cellules. Cette greffe visait à traiter une leucémie.