De nombreux festivaliers de l’Abbaye aux Dames n’habitant pas dans les environs de Saintes en ont probablement fait l’expérience. Dès qu’il s’agit de se loger, le temps du festival, près de l’abbaye et pour un prix abordable, une adresse s’impose : l’auberge de jeunesse, à seulement quelques pas du monastère. Y étant moi-même logé depuis le début de l’événement musical, j’ai voulu en savoir plus sur le lien entre le festival et l’établissement.
Les effectifs de l’auberge sont très réduits : neuf personnes en tout et pour tout. “Sur des petites structures comme celle-là, on est obligés d’être très polyvalent“, me déclare Olivier Havet, directeur de l’auberge. Lui-même se décrit comme “directeur-cuisinier-plombier” ; et en effet, juste avant de le questionner, je l’aperçois en train de participer à la préparation du déjeuner, dans les cuisines. Comme on pouvait s’y attendre, la cité musicale joue un rôle important pour l’auberge, en été. “Depuis toujours, le festival a un impact assez conséquent. On a hébergé les festivaliers depuis des années, et depuis quelques temps on accueille le Jeune Orchestre de l’Abbaye aux Dames” Quant au reste de l’année, la clientèle classique se compose de vacanciers, randonneurs, pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle et groupes scolaires.
Mes quelques jours passés à l’auberge m’avaient déjà convaincu de la place des festivaliers et musiciens dans la clientèle : chaque matin, sur les coups de 8h30-9h00, le réfectoire est à moitié occupé par les interprètes du JOA ; il arrive même que sur les tables, entre les plateaux repas et les miettes de biscottes, soient étendues quelques pages de partitions. Un client belge avec qui je partageais ma chambre au début de la semaine, Steven, m’a dit être venu pour le festival. Après une randonnée dans les Pyrénées, son ami Tanguy a tenu à lui faire découvrir l’événement.
Pour ce qui est de la qualité de l’hébergement, les quelques avis que j’ai pu recueillir sont pour le moins contrastés, notamment pour ce qui est des douches et de l’entretien des locaux ; à croire que la qualité du séjour varie largement d’une chambre à l’autre, mais aussi, d’un(e) voisin(e) de chambre à l’autre… Les gros ronfleurs et autres amateurs de musique sous la douche (mention spéciale au fan de rap de la chambre mitoyenne) font, eux aussi, partie de l’expérience en auberge de jeunesse.
En revanche, s’il y a bien un domaine où les avis sont unanimes, c’est bien sur la question culinaire : rien à reprocher aux repas du midi et du soir, reste à savoir si les compétences du directeur (lui-même cuisiner) y sont pour quelque chose. De même, rien à redire sur les hôtes : qu’il s’agisse du gérant lui-même ou de la jeune Aïda Dia (dont on saluera les efforts pour rester alerte au travail jusqu’à 22h30… en plein ramadan), tous deux sont parfaitement accueillants et prêts à vous renseigner. Mais l’intérêt majeur de l’auberge de jeunesse (avec les prix bon marché) réside dans les excellentes rencontres qu’on peut y faire ; car si la promiscuité d’une chambre à quatre demande de délaisser son petit confort habituel, c’est encore un des meilleurs moyens d’apprendre à aller vers les autres.
Mahel Nguimbi