Voix et piano pour une Folie sous forme de blind test

Ce soir, une trentaine de personnes sont regroupées dans le bar « L’escarmouche », à quelques pas de L’Abbaye aux Dames. A 21h, Vincent, qui fait partie de l’équipe de l’Abbaye, arrive et le silence se fait. Il nous distribue à chacun une feuille avec écrit les noms dans le désordre des œuvres qu’il va jouer au piano ; le but est de les faire correspondre grâce à des numéros dans les cases. Avec quelques indices ici et là, une bonne concentration, mais surtout un vrai talent de pianiste qui sait retranscrire au mieux les émotions et sentiments, le jeu devient agréable et on s’y laisse vite prendre.

Debussy, Schumann… Les mélodies sont magnifiques, Vincent est talentueux ; le résultat est magique. C’est dans une très bonne ambiance que le pianiste termine le dernier morceau, Clair de lune, de Debussy. Les acclamations et applaudissements fournis arrachent un petit sourire à Vincent, très réservé depuis le début de la représentation.

A 22h, la seconde partie de la Folie débute avec l’entrée en scène de 5 adolescents aux voix posées, mélodieuses, toutes différentes mais impressionnantes. En solistes, duo ou tous ensemble, les cinq jeunes sont courageux ; après tout, chanter devant un bon nombre de personnes à cet âge là, tout le monde ne le ferait pas. J’apprends que ces 5 adolescents font parti du réputé ensemble Aposiopée. Ils ont été contactés il y a à peine quelques jours. Pourtant, c’est en dévisageant le public qu’un des deux garçons chante sans partitions, calme, seulement accompagné du pianiste. Une jeune soliste à la voix douce, mais très puissante ; deux jeunes filles chantent ensuite à deux voix… Les mélodies s’entrecroisent, se confondent, se fusionnent… en formant un très beau résultat.

Modestes, les 5 jeunes saluent une fois, et je suis obligée de les rattraper pour une photo et les féliciter.A la sortie de la Folie, je recueille l’avis de quelques spectateurs. « Le blind test était très sympa, les spectateurs étaient participatifs, je suis allée féliciter Vincent à la fin de la représentation, me confie Marion. Le bar était confiné, on avait un vrai contact avec les artistes », conclut-elle.

Ismaël, qui avec Marion, se promène toujours avec un micro, m’explique qu’« au niveau de l’acoustique, c’était assez spécial pendant le piano, mais pour les chanteurs, c’était vraiment super. Les gens tapaient des mains, le public a adoré… Il y avait une super ambiance. C’est dommage que cela n’ai pas duré plus longtemps, mais pour un concert organisé à la va-vite, c’était vraiment bien. continue-t-il. Et le blind test, une super idée…L’ambiance était conviviale, les spectateurs discutaient entre eux pour le jeu, ils voulaient trouver ! ».

Marie-Laure, quant à elle, a « beaucoup aimé l’idée de Vincent ; associer les titres des morceaux les plus imagés aux œuvres jouées, c’était super bien ; ça permet aux gens de les découvrir. C’était assez marrant de voir les résultats » me confie-t-elle. Je suis assez d’accord avec elle ; j’ai moi-même mis n’importe quoi, je le savais ; mais ça correspondait plus à mon ressenti. « Pour Aposiopée, continue-t-elle, j’ai trouvé ça bien d’avoir des voix après le piano. Ca a permis de varier, en plus c’était des jeunes qui adorent chanter, ça se voyait ! ». Je suis tout à fait d’accord avec elle. On sent que la puissance de leur chant est liée à cette passion pour la musique, et cela transparaissais dans leurs voix !

Margot Douteau