Cette étude d’efficacité du traitement anti-VIH (SIV) chez les singes rhésus nous en apprend sur la vitesse de développement de l’infection ici à SIV (virus de l’immunodéficience simienne) le virus similaire au VIH, mais chez le singe. Si l’on sait que les niveaux d’infection dans le sang peuvent être bien gérés grâce à la thérapie antirétrovirale (TARV), l’étude révèle la rapidité de formation des réservoirs viraux, dans les tout premiers jours de l’infection, bien avant que le virus ne soit détectable dans le sang. Ces travaux, publiés dans la revue Nature, ajoutent ainsi encore au défi des stratégies de lutte contre le VIH.
On sait que si l’on arrête le TARV, le virus va « réapparaître » sous forme de « réservoirs viraux » à l’abri du traitement. On pensait aussi que ces réservoirs viraux se forment au cours de l’infection initiale, au moment où le virus commence à se propager dans la circulation sanguine, cette étude qui révèle une formation bien plus précoce chez le singe, et très probablement également chez l’homme, semble suggérer une capacité limitée du TARV à prévenir la formation de ces réservoirs viraux.
Les chercheurs de Harvard et d’instituts de recherche du Massachusetts, en collaboration avec Gilead Sciences en Californie, ont évalué sur 24 jours particulièrement et 6 mois globalement, la vitesse de l’infection et de la formation de ces réservoirs viraux chez des singes rhésus ayant reçu une injection de SIV puis un traitement antirétroviral à 3, 7, 10 ou 14 jours après l’infection (ou pas de traitement pour les singes témoins). Leur étude montre que,
Le TARV réduit les niveaux d’infection, y compris dans les ganglions lymphatiques et la muqueuse rectale.
Le virus n’est pas détectable dans le sang de singes traités et cela durant les 3 jours avant le début du TARV et dans les 3 à 4 semaines qui suivent le début du traitement.
En cas d’arrêt du traitement, l’infection par le SIV devient détectable dans le sang de tous les singes, avec un délai un peu plus long chez les singes qui ont commencé le traitement au jour 3 (21 jours) par rapport aux singes qui ont commencé le TARV aux jours 7, 10 ou 14 (en moyenne 7 jours).
Cela suggère la formation de réservoirs viraux durant les 3 premiers jours de l’infection et les chercheurs suggèrent une rapidité de formation équivalente chez les humains infectés par le VIH.
Ces réservoirs de VIH résistants aux médicaments lors de l’infection chez l’homme demeurent ainsi une cible primordiale pour le développement de médicaments.
Source:Nature July 20 2014doi:10.1038/nature13594Rapid seeding of the viral reservoir prior to SIV viraemia in rhesus monkeys (Visuel NIAID, NIH)