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FORT DE BRESCOU (Hérault)

Publié le 23 juillet 2014 par Aelezig

L'île de Brescou se trouve dans le territoire de la commune d'Agde, à environ 900 m de l'entrée de port Richelieu (Le Cap d'Agde). D'origine volcanique, elle a une superficie de 0,5 hectares. Sur cette île se trouve un fort désaffecté, qui comprend un vieux fanal, toujours visible, et le phare moderne. L'île est restée terrain militaire jusqu'en 1889, date à laquelle le fort fut déclassé par les armées et attribué au service des Ponts et Chaussées. Elle appartient aujourd'hui à la commune d'Agde. On pouvait, jusqu'en 2005, aller le visiter en prenant le bateau ; une promenade sympa l'été !

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Le fort a été bâti en 1586 par le vicomte Guillaume de Joyeuse, pour empêcher que le rocher ne serve de point d'appui aux Espagnols lors des guerres de religion ; il fut augmenté en 1604-1605 puis en 1610. Le détail de ce premier fort est inconnu ; il devait cependant être assez sommaire, avec quelques tours plus ou moins enveloppées de murailles.

Lors de sa révolte contre Richelieu, le duc Henri II de Montmorency le fit occuper par le capitaine de ses gardes qui continua à le tenir après la défaite et la capture du duc, le 1er septembre 1632. Aussi, dès le 1er octobre, le roi ordonna la destruction totale du fort ; mais les travaux n'avancèrent que mollement et cessèrent définitivement en 1634.

Le fort que l'on voit aujourd'hui semble dater du dernier quart du XVIIe siècle. Il est généralement attribué à Vauban, ou du moins à ses ingénieurs, mais de nombreux aménagements y ont été faits par la suite à diverses époques. Les derniers ont été réalisés par les troupes de l'Allemagne nazie qui l'ont brièvement occupé de fin 1942 à mi 1944.

Épousant au mieux la forme du rocher, le fort se compose de quatre bastions assez peu réguliers. La courtine qui relie les deux derniers bastions s'appuie sur une grosse tour ronde, ultime vestige, sans doute, des fortifications antérieures. L'entrée est protégée par une petite demi-lune, dite Luneton de la Porte. Entre cette demi-lune, où aboutit une courte jetée, et le Bastion Saint-André s'étend une petite plage qui constitue le seul accès possible au fort.

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Tous les bâtiments du fort sont aujourd’hui dissimulés derrière les murailles mais, à l’origine, il semble qu’ils avaient un ou deux étages qui ont donc été rasés ; le seul bâtiment visible de l’extérieur est la maison du gardien du phare construite bien après. Le chemin de ronde qui court autour des remparts servait de lieu de promenade aux prisonniers autorisés à s’y rendre pour prendre l’air. Enfin, sur la plage d’accès et en dessous du Bastion de Saint-André, il subsiste des traces d’un ancien môle dont on ne connaît pas l’usage (digue de protection ?).

À l’époque où il était encore en activité, l’organisation générale du fort répondait à la double nécessité d’abriter la garnison ainsi que les prisonniers. En entrant dans le fort, après la voûte, on découvrait successivement :

  1. au fond de la cour, face à l’entrée, le logis du gouverneur, remplacé aujourd’hui par la maison de l’ancien gardien de phare. Derrière ce bâtiment se trouvait l’arsenal, aujourd’hui disparu, ainsi que la Tour du Fanal dont il ne subsiste plus que le soubassement qui supporte le vieux phare ;
  2. en allant vers la gauche : le poste de l’officier de garde puis, après l’angle des bâtiments, la boulangerie, le cellier, la cantine et la chapelle avec un tout petit cimetière. Derrière la chapelle, sur le Bastion Sainte-Anne, il y aurait eu une grosse tour dans laquelle se trouvaient les cachots ;
  3. en allant vers la droite : le corps de garde puis, après l’angle, le bâtiment qui servait à enfermer les prisonniers. Le bâtiment long et bas situé juste derrière servait de logement à la garnison. Enfin, encore derrière cette caserne, en bordure de mer, la grosse tour ronde qui semble être un vestige du premier fort, et sur laquelle a été construit le phare moderne.

Le fort avait été réaménagé à la fin du XVIIe siècle dans le but de protéger les approches du port qui devait être construit à l’ouest du cap. Ce port, prévu par Richelieu, n’ayant finalement pas vu le jour, le fort de Brescou perdit son intérêt sur le plan militaire. Il ne semble pas en effet qu’il ait joué un rôle quelconque par la suite. Néanmoins, et pour interdire tout débarquement par surprise sur l’île, une garnison y fut maintenue avec à sa tête un gouverneur, un lieutenant du roi et un major.

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La mission essentielle du fort était aussi la surveillance des navires anglais afin de maintenir la liberté de la pêche dans la zone. On y installait donc, de début mai à la fin septembre, un poste de signaux chargé de signaler par des feux l’arrivée des navires. Des postes similaires étaient également positionnés à l’embouchure de l’Hérault, sur le mont Saint-Loup et au cap d’Agde ; chacun de ces postes était composé d’un matelot signaleur et de deux soldats.

À partir d'une date que l'on ignore, le fort de Brescou servit aussi de prison d’État, l’île présentant l’avantage de ne pas être trop éloignée de la côte, ce qui facilitait les accès tout en réduisant les possibilités d’évasion.

La vie dans le fort était rude, tant pour les détenus que pour la garnison, surtout en raison de la promiscuité et du manque d’hygiène, mais elle était toutefois acceptable ; la plupart pouvaient circuler librement sur les remparts et ils n’étaient enfermés que le soir. Il n’en était pas de même pour ceux qui par ordre du roi ou suite à des évasions et à des peccadilles, étaient mis au cachot dans les sous-sols de la tour.

À l’exception des prisonniers d’État qui étaient « au pain du Roi », les prisonniers devaient payer leur pension, c’est-à-dire leur nourriture, leur chauffage l’hiver, la location du lit ainsi que tout ce qui était nécessaire à la vie de tous les jours. Le montant de la pension pouvait varier selon la conduite des prisonniers et la situation financière de leurs parents. Rarement le gouverneur laissait partir ses pensionnaires avant le règlement total de ce qui était dû ; il y avait là un moyen unique pour les parents peu enclins à revoir leur prisonnier, de le maintenir en prison, même après l’arrivée de l’ordre royal de libération !

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En plus de la garnison, le fort abritait aussi un aumônier ainsi qu’un cantinier et sa femme qui y résidaient avec leurs enfants. Le travail était pénible car le cantinier devait cuisiner deux menus différents. L’un pour les soldats et les prisonniers les plus pauvres, l’autre pour les officiers et les détenus aisés.

Pour la plupart des détenus, la principale préoccupation était l’évasion. Le fort étant à 1 500 m de la côte, le seul moyen de fuite était la traversée à la nage ou le passage en barque. Dans les deux cas, il fallait des complicités à l’intérieur et, pour avoir une barque il fallait nécessairement s’entendre au préalable avec des pêcheurs de la région. Le fort abrita des prisonniers jusqu’à la Révolution mais certains disent que le dernier prisonnier ne quitta le fort qu’en 1851 ou en 1854.

L'île de Brescou héberge deux phares situés dans l'enceinte du fort. Le premier, qui daterait de la fin du XVIe siècle, n'est en fait qu'une simple tour de pierres noires, un fanal au sommet duquel on se contentait autrefois d'allumer un feu. Il est toujours bien visible aujourd'hui sur les remparts, face au large. Le second a été construit en 1836 sur les restes de la grosse tour, à l'ouest de l'île. Il avait une hauteur de 9 m seulement, ce qui justifia son réhaussement à 11,20 m en 1901 pour augmenter la portée de la lanterne. Aujourd'hui, le phare est une tour de 12 m de hauteur, de couleur blanche en bas et rouge en haut. Autrefois, le fonctionnement du phare exigeait la présence d'un gardien. Jusqu'au déclassement du fort, ce rôle était tenu par des militaires qui furent remplacés ensuite par des civils. Le gardien habitait alors sur l'île avec sa famille dans la maison située au fond de la cour, face à l'entrée. Depuis 1989, date de son automatisation totale, le phare n'est plus gardienné.

D’importants travaux ont été entrepris à partir de 1998 pour réparer les dégâts provoqués par les tempêtes ; un pan de rempart menaçait même de s’effondrer dans la mer. Ces travaux continuent.

Cependant, le fort a été fermé au public et aux visites guidées depuis 2005 en raison de son délabrement trop avancé. Pour le restaurer, l'association des Amis de Brescou a mis en place un comité scientifique et consultatif.

Ce témoin majeur de la fortification du littoral languedocien, fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis 1996.

Vu et visité plusieurs fois

D'après Wikipédia

Cet article a été programmé car je suis absente jusqu'au 27 juillet. Je répondrai à vos messages dès mon retour.


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