Magazine Côté Femmes

Aimer encore, toujours s'aimer

Par Gentlemanw

Voir le chemin derrière soi, non avec une profonde nostalgie, non pour corriger les erreurs, juste pour l'apercevoir, se gorger des moments intensément bons avec elle. Dans cette petite maison prêtée par des amis, les prairies et les moutons qui jouent d'ilôts en ilôts avec la mer à marée haute, je découvre des livres laissés sur un meuble ancien. En échange de ma présence, je refais leur salle de bain, avec un esprit rétro mais des finitions propres et sans fuite. 

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Le reste des journées est fait de balades, de moments libres, de repas simples entre poissons et crudités, des légumes du coin, des sourires avec les petits commerçants, des échanges simples, des bouts de relations sans la foule de la ville. Avec ma baguette sous le bras, je croise d'autres couples, et là je pense à elle. Oui cette femme, ma femme que j'ai tant aimée, si longtemps aimée. Une vie de douceur, une rencontre dans cette université où notre plus jeune fille a fait son droit comme nous, des souvenirs ce jour-là en revenant pour son diplôme, mais nous n'étions plus main dans la main, juste de passage, récemment séparés.

A cause de moi, oui, une jeune femme, mon statut de quinqua naissant, la belle et la bête, une erreur de casting, une faribole de quelques mois, une belle aventure, des soirées, des week-ends amoureux, des parties de jambes en l'air, de la lingerie sur les meubles, le sol, futilement rien, juste du fun. Puis un jour, face à moi, un divorce, un vide total, des souvenirs et des enfants devenus grands, une vie partie en fumée, mais avec des bulles de champagne pour fêter tout cela. Naturellement la belle est repartie dans un autre coin de France, une belle mutation, des déplacements, des espacements, la découverte d'une vraie erreur de casting. 

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Oui j'aimais encore ma femme, je l'aime toujours. C'était de ma faute, et j'en ai parlé à un psy, un homme qui a entendu mes complaintes, mes fautes, ma vie pro et personnelle, mes hauts et mes bas. Et un jour, il m'a demandé "et votre femme dans toutes vos errances ?". Force était de prendre sur mon dos les erreurs de notre couple, de ce divorce où elle avait forcément raison, où elle garderait la maison, où elle aurait gardé les enfants si ils avaient été plus petits, où j'était le fautif. 

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Ramenant un papier pour une signature, sans dramaturgie, je lui laissé une lettre pour dire tout ce que j'avais sur le coeur, là ici, au fond de moi, de ma bêtise mais surtout du temps plus important encore le temps ensemble, non sa nostalgie, mais le fait de l'aimer encore. Je n'osais aller sur la pente ouverte par le psy, et si "vous aviez oublié d'être un couple, au lieu d'être des pros et des parents uniquement", et si "Madame avait oublié de vous séduire encore", et si "vous aussi vous aviez oublié"... tant de questions dont je prenais encore la charge. Le sable entre les doigts de pieds, les pas, le ciel et ses nuages si beaux, si dessinés sur ce bleu vif.

Aujourd'hui je marche, je pense encore à ces mots, à mes mots. Je n'ai pas eu envie de donner la clef à mon psy, je n'ai pas envie de lui reprocher, à cette femme, à mon ex-femme, des éléments de notre vie. Nous avons peut-être oublier d'être un couple dès l'arrivée de nos enfants, un oubli passif, une perturbation devenue une météo instable puis calme, définitivement calme. Une routine. Je rentre pour prendre un thé chaud, là face à la mer, au vent qui se lève, à ce plaisir d'être seul soudainement, comme seul au monde, avec elle dans le coeur. Bien là.

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Nylonement


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