Derrière l’intouchable Mailot Jaune Nibali, ils étaient cinq à se disputer les deux places restantes sur le podium du Tour 2014 à l’orée de la dernière semaine. La première étape pyrénéenne, avec en point d’orgue le redoutable Port de Balès, a déjà fait des dégâts, et refroidi les ambitions de deux des prétendants (Romain Bardet et Tejay Van Garderen), en même temps qu’elle a confirmé la forme éblouissante de Thibaut Pinot.
Si le Port de Balès n’a encore qu’une histoire récente sur le Tour de France (il a été franchi pour la première fois en 2007), il en est très rapidement devenu un juge de paix, chaque fois qu’il figure au parcours de la Grande Boucle. Une sorte de classique instantané, donc, aux pentes aussi raides qu’intenses (11,7 km à 7,7% de moyenne ; des passages où la route ne redescend pas au dessous de 8% sur plusieurs kilomètres), qui a une nouvelle fois livré son implacable vérité, ce mardi, dans le final de la 16e étape entre Carcassone et Bagnères-de-Luchon, la plus longue (237,5 km) de cette édition 2014.
Loin derrière l’échappée gagnante, qui a finalement souri à l’Australien Michael Rogers, vainqueur devant le Français Thomas Voeckler, il y a bien eu une grande explication entre les favoris. Celle-ci a débouché sur des écarts importants, malgré les 21,5 km séparant le sommet du Port de Balès de l’arrivée, et dégagé des tendances forcément significatives, à cinq jours de l’arrivée à Paris.
Pinot impressionne, Bardet coince
Premier constat, derrière l’impressionnant Maillot Jaune Vincenzo Nibali, qui a maîtrisé la situation sans forcer son talent, le meilleur grimpeur de ce Tour 2014 est définitivement le Français Thibaut Pinot. Comme dans la montée vers Chamrousse, le Franc-Comtois est apparu très en contrôle, gérant son effort tout en se permettant quelques accélérations fulgurantes. Bien épaulé par Arnold Jeannesson, puis par Jérémy Roy dans la descente pour éviter les mauvaises surprises, le leader de la FDJ.fr a fait étalage d’une aisance bluffante, réussissant même à décrocher légèrement Nibali dans les derniers mètres de l’ascension !
Le voilà désormais 3e du classement général et Maillot Blanc de meilleur jeune, puisque Romain Bardet, l’autre grand espoir tricolore, a coincé dans l’impitoyable Port de Balès, et concédé près de deux minutes au final. S’il a, en ne lâchant rien, encore montré tout son caractère, l’Auvergnat est sans doute, à 23 ans et pour son deuxième Tour, encore un peu tendre pour jouer les tous premier rôles jusqu’au bout, mais il n’a sans doute pas dit son dernier mot.
La bonne opération est pour Péraud
Bardet n’est cependant pas le plus grand battu du jour, ce statut échéant à l’Américain Tejay Van Garderen. A la peine dès le début de l’ascension, ce dernier a vite perdu contact avec le groupe des meilleurs. Grâce au soutien de ses coéquipiers de BMC, l’Américain a évité le pire, mais se trouve tout de même relégué à plus de quatre minutes du podium, lui qui en était tout proche (59 secondes) mardi matin. Dans la perspective du long chrono de samedi (54 km), la bonne opération est incontestablement à mettre au crédit d’Alejandro Valverde et Jean-Christophe Péraud, qui en ont bavé, mais se sont accrochés dans le Port de Balès.
Passés sur la ligne d’arrivée en même temps que Pinot et Nibali, l’Espagnol et le Français n’ont donc pas perdu de temps sur le feu follet de Mélisey, et en ont gagné sur Bardet et Van Garderen. Discret mais toujours dans les bons coups, Péraud semble même aujourd’hui, étant donné ses états de service contre-la-montre, le Français le mieux placé pour décrocher le podium sur les Champs-Elysées. Mais d’ici samedi, il reste deux étapes de montagne, à commencer par celle, terrible, de ce mercredi : trois cols de première catégorie et une arrivée au sommet classée hors catégorie en 124,5 km ! A chaque jour sa vérité, c’est aussi ce qui fait la beauté, et la difficulté, du Tour…
Classement général après 16 étapes :
1. Vincenzo Nibali (Astana) en 73h05’19″
2. Alejandro Valverde (Movistar) à 4’37″
3. Thibaut Pinot (FDJ.fr) à 5’06″
4. Jean-Christophe Péraud (AG2R La Mondiale) à 6’08″
5. Romain Bardet (AG2R La Mondiale) à 6’40″
6. Tejay Van Garderen (BMC) à 9’25″
7. Leopold Konig (Netapp-Endura) à 9’32″
8. Laurens Ten Dam (Belkin) à 11’12″
9. Michal Kwiatkowski (Omega Pharma-Quick Step) à 11’28″
10. Bauke Mollema (Belkin) à 11’33″