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Services bancaires et justice du marché

Publié le 23 juillet 2014 par Unmondelibre
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On ne peut pas définir un nom par son adjectif. Seulement le dictionnaire définit l’équité comme « la qualité d'être équitable». Cependant, le profane ne comprendrait pas le sens de l’équité si il ne pouvait comprendre ce qui est équitable. Le Rapport « les services bancaires de votre avenir », émis par la Banque de Maurice (BoM) », traite l’équité comme un thème central, mais ne la définit pas correctement dans la langue du profane.

En d'autres termes, pour être équitable, il faut être juste. Maintenant la justice comme l’équité ne peuvent être appréhendées d’un seul coté. Ce rapport, qui porte sur les conditions abusives dans les contrats bancaires, défend les intérêts des usagers et voit le renforcement des réglementations comme la solution à leurs problèmes.

Naturellement les banques s’y opposent et préfèrent moins de réglementation, bien qu'elles ne se gêneraient pas pour solliciter un renflouement auprès des politiques si jamais elles tombent en faillite. La vérité se situe quelque part au milieu: la régulation par le marché est ce dont a besoin notre secteur bancaire.

Le rapport prône clairement la philosophie de l'interventionnisme dans le secteur bancaire. Beaucoup de ses 100 recommandations sont louables, mais si elles étaient toutes intégrées dans le droit bancaire et obligatoirement appliquées, Maurice serait perçue comme faisant marche arrière en termes de libéralisation financière. En particulier, la proposition visant à « réglementer les taux d'intérêt », qui n'est rien d'autre que de soumettre l'activité bancaire au contrôle des prix.

Certes, les charges, les frais et les commissions sont élevés, et leur niveau est d'autant plus inacceptable que ce n'est pas toujours en rapport avec la qualité du service fourni par les banques individuelles. Le problème est que les banques augmentent trop facilement ces frais lorsque leur revenu net d'intérêts baisse ou leur ratio coût-revenu augmente. Elles ont implicitement un revenu « captif » en dehors des intérêts car il est difficile pour un emprunteur de changer de banque quand ses mains sont liées par un établissement de crédit.

Toutefois, si le régulateur se mêle de la relation banque-client, il y aura des conséquences inattendues. Cette relation n'est pas toujours parfaite, mais elle est au moins acceptable par les deux parties. C'est ce principe de consentement mutuel qui constitue l’essence même du marché. C'est aux clients d'exercer leur libre choix dans un marché ouvert, de décider quels sont les frais qu'ils sont prêts à accepter ou pas. Le client et le banquier confrontent leurs options et arrivent au meilleur compromis.

Ce que peut faire la BoM est d’émanciper les clients en renforçant leurs connaissances financières. Ils doivent être conscients que les banques ont besoin qu’ils soient solvables. Il est du devoir des banquiers d’être à l’écoute des plaintes de leurs clients et, en conséquence, d'abandonner les charges impopulaires. C'est cela le marché libre en action.

Le marché est juste parce qu'il est efficace

Tout comme le marché va rejeter certains frais, il peut en tolérer d'autres. Quelles que soient les charges que la BoM aimerait voir abolies, les banques vont chercher un autre moyen d'accroître leurs recettes. Les clients ne paient pas les banques pour le privilège de faire des affaires avec leur argent, mais pour l'utilisation des systèmes informatiques, de réseau et de sécurité de la banque qui sont coûteux à acheter, à exploiter et à entretenir. En outre, les banques doivent supporter les coûts de mise en conformité de plus en plus croissants et les droits de licence qui sont imposés par la Banque centrale.

Alors que les banques cherchent à maximiser légitimement leurs bénéfices, les clients recherchent, eux, le meilleur rapport qualité-prix. Ces intérêts se combinent et s’harmonisent dans un marché libre à mesure que les banques rentables récompensent les clients prudents avec des services de qualité à un prix acceptable.

Les forces du marché obligent les institutions bancaires à faire des efforts pour satisfaire leurs clients, au risque de les perdre au profit des concurrents plus bienveillants. Les banques aimeraient bien avoir plus de clients payant de petits frais plutôt que d'avoir moins de clients payant des frais plus élevés. Davantage de réglementation ne fera qu’entraver le type de concurrence que la BoM entend promouvoir.

La réglementation renforcée a pour effet de relâcher la discipline que les individus s’auto-imposent dans leur comportement. Elle engendre le problème de l'aléa moral, le client bénéficie de toutes les mesures réglementaires sans en supporter les coûts. Les politiques généralisées de type uniforme ne peuvent pas réussir à gérer la complexité et la dynamique des activités de chaque banque.

Il n'existe pas d'industrie plus réglementée que le secteur bancaire. Des pouvoirs réglementaires supplémentaires rendraient la Banque centrale populaire, mais ne saurait rendre justice aux banques.

Eric Ng Ping Cheun, auteur de « Alice au pays des merveilles: Regards sur l'économie mauricienne », Editions Le Printemps, 2012. Article initialement publié en anglais par African Executive - Traduction réalisée par Libre Afrique - Le 23 juillet 2014


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