Deux tendances ont le
vent en poupe. D’abord un grand mouvement de liquidation des corps
intermédiaires, j’en parle ailleurs. Ensuite, à l’opposé ?, une injonction
à développer les compétences de l’entreprise. Qu’est-ce qu’une compétence ?
Quelque-chose de contrintuitif. Partons du simple au moins simple.
Les compétences sont propres à une entreprise. Il n’y a pas de vendeur, de chef de produit, de contrôleur de gestion… Chaque
personnel développe un mélange unique de, en quelque sorte, compétences
élémentaires.
Ces compétences sont techniques, mais, surtout,
humaines. Exemple. Pourquoi un groupe fonctionne-t-il, un autre pas ? Peut-être
parce que dans le premier il y a quelqu’un qui a un talent d’animateur. Pas
dans le second.
Les compétences critiques sont généralement tacites (cf. le
talent de Steve Jobs). Voilà qui est bien loin de ce que l'on nous dit. La transmission de savoir ne se fait pas par livre, mais par
compagnonnage.
D’où, déjà, moult applications possibles. Vous
voulez innover ? Mélangez vos compétences ! Vous avez peur d’en
perdre ? Technique de l’écosystème... La stratégie devient alors question
de développement d'une "infrastructure" de nouvelles compétences. On retrouve la « strategy as
stretch » de Hamel et Prahalad (Competing for the future).
Mais attention, et c’est là où cela devient subtil. Comme le
disent Hamel et Prahalad et surtout Jean-Pierre Schmitt, les compétences de l’entreprise
sont avant tout collectives. Si elle veut les développer, il faut, en premier
lieu, qu’elle constitue des équipes. Pour cela, ses membres doivent se
retrouver dans des circonstances dans lesquelles ils ont l’occasion de coopérer
(ce qui est difficilement possible, par exemple, dans un cabinet de conseil
dont les consultants sont saupoudrés un peu partout). Alors, on leur donne,
collectivement, des responsabilités importantes. Et ça passe ou ça casse, ils
forment ou non une communauté... Si ça réussit, on développe le talent collectif par une succession de projets bien choisis.