
Qu’il s’agisse des histoires de pirates, sanguinaires, attachants, effrayants, à la recherche de trésors fabuleux, frappés par des malédictions fantastiques, exaltés par une bravoure admirable, comme ceux dont on lisait les histoires étant petits, dont on a rêvé l’existence étant adolescents, qui nous ont fait pleurer étant plus grands (Cap’tain Kucek, One Piece, Long John Silver) ; qu’on évoque le bruit des canons, les plumes des amiraux, les flottes fières qui se dressent sur la mer et hissent haut leurs pavillons, le bois qui flotte sur les vagues qui tout à coup l’enfouissent sous leur sel, avalant un peu de notre histoire, celle de nos batailles navales, dans lesquelles c’est toujours la mer qui sort vainqueur (Les Passagers du Vent) ; qu’on traite du captivant de cette mer onirique car débordant de secret, indomptable car tuant, légitime et sans jamais qu’on l’accuse, les hommes qui parfois tentent de la chevaucher et précieuse pour toute cette vie que néanmoins elle accueille (Broussaille, Marineman) ; et surtout, gravant de rides – parfois invisibles – le visage ou le cœur de chaque homme lorsqu’elle se présente sur son chemin (Voyage Aux Îles de la Désolation), la mer a cela d’infiniment séduisant que comme nous ne saurons jamais tout d’elle, nous pourrons interminablement imaginer grâce à elle les récits qui nous donnent, l’espace d’une lecture, l’envie de contempler silencieusement l’océan.
Et à cet exercice ardu qu’est celui de dépeindre la mer, la BD est encore l’Art qui raconte les plus belles histoires, parce qu’elle sait s’aider des mots et nous faire entendre avec les yeux le bruit des vagues sur les rochers.
Intro et dessin Soakette