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Hotel de la plage (2014) : soleil et signalétique français

Publié le 29 juillet 2014 par Jfcd @enseriestv

Hotel de la plage est une nouvelle série de six épisodes diffusée sur les ondes de France 2 depuis la mi-juillet. Dans le cadre enchanteur de la commune de Royan, cinq familles se retrouvent pour les vacances estivales dans un hôtel qu’ils fréquentent depuis plusieurs années. Bien qu’ils soient des amis de longue date, ils ne se connaissent qu’en surface, mais les problèmes des uns et les joies des autres auront tôt fait de les rapprocher, qu’il s’agisse d’infidélité, de flirt, d’anniversaires ou de problèmes d’argent. Série librement inspirée du film éponyme de Michael Lang en 1978, Hotel de la plage est tombe à point nommé dans notre univers télévisuel. Si les intrigues sont d’une intensité moyenne et que certains personnages sont un peu trop caricaturaux, l’ensemble du casting est très sympathique et la légèreté du concept sied à notre été ensoleillé. Et une fois digéré un générique avec un thème musical on ne peut plus ringard, on passe à travers les épisodes sans voir le temps passer.

Hotel de la plage (2014) : soleil et signalétique français

Aléas estivaux

La série ayant un casting aussi nombreux, chaque épisode est centré sur les aventures de quelques-uns de ces protagonistes. Dans les premiers, on suit surtout la famille homoparentale Bacci.  Benjamin (Xavier Robic) est en couple avec Omar (Nassim Si Ahmed), mais il a eu auparavant avec Morgane (Mélanie Marcaggi) la petite Manon (Manon Giraud-Balasuriya). Les anicroches entre les trois adultes sont fréquentes, d’autant plus qu’au départ, la fillette ne porte pas dans son cœur son beau-père. Du côté de la famille Guignard, c’est surtout le patriarche Martin (Jonathan Zaccaï) qui retient l’attention. S’ennuyant avec Isabelle (Sophie-Charlotte Husson), femme coincée, il a le démon du midi pour Carla (Julie Lemonnier), une jeune fille de 20 ans travaillant à l’hôtel. Victor Lamignan (Yvon Back), un autre habitué de l’endroit, passe ses vacances seul avec son fils, ce qui ne l’empêche pas de vouloir coucher avec tout ce qui porte une jupe. La dernière en liste, Sophie (Karina Testa), est une femme mystérieuse qui enquête incognito sur la disparition de son père il y a quelques années.  Puis, vient la famille Lopez qui éprouve aussi son lot de problèmes. C’est que le père, Paul (Bruno Solo), travaille depuis peu à son compte en tant que gestionnaire de chantiers. Lorsqu’un important actionnaire retire ses billes, il se retrouve au bord de la faillite. C’est seulement lorsqu’il acceptera de tout avouer à son épouse, Samia (Fatima Adoum) qu’il verra la lumière au bout du tunnel. Reste la famille Callec, propriétaire de l’hôtel qui pour le moment est plutôt spectatrice des intrigues de ses touristes.

Rien ne respire l’originalité dans Hotel de la plage et pourtant, on s’y attache. Sur le site cadebordedepotins.com, l’auteur y va de cette juste explication : « c’est une série avec laquelle on a envie de respirer les vacances avec des intrigues en lesquelles certains peuvent se retrouver ». En effet, les vacances au bord de la mer, les concours de châteaux de sable, les repas au restaurant, les premières expériences pour les plus jeunes, l’occasion pour les adultes d’accorder une trêve à la routine du travail et par là, de montrer une autre facette de leur personnalité : voilà tous des thèmes qui nous sont familiers. Et c’est justement parce que les intrigues sont tempérées, à défaut d’être totalement captivantes, que la série de France 2 gagne en crédibilité. Au départ, les familles font preuve de politesse envers les autres, entretenant des relations cordiales, tout au plus, mais peu à peu, elles s’ouvrent aux autres et gagnent par le fait même en profondeur.

Hotel de la plage (2014) : soleil et signalétique français

Parmi les bons côtés, la relation de couple entre Paul et Samia est touchante et la mère de cette dernière, Aïcha (Farida Ouchani) est tout simplement l’ange gardien de toute la communauté. Isabelle au départ semble être une pimbêche, mais plus les épisodes avancent, plus on découvre une femme sensible et complexe. Dans les mauvais côtés, on regrette la quasi-absence du couple Benjamin/Omar dans les épisodes 3 et 4, comme si on avait déjà fait le tour de la question avec eux alors qu’on gagnerait à les exploiter davantage. Puis, toute l’intrigue pseudopolicière entourant le personnage de Sophie s’agence très mal aux intrigues plus familiales qui caractérisent Hotel de la plage. Enfin, on se passerait bien de Kevin (Neil Adam), le fils des Lopez; un personnage calqué du très pitoyable Jim Levenstein (Jason Biggs) dans American Pie (1999).

Signalétique d’avertissement française

Pour les moins familiers, la signalétique présente dans la plupart des télévisions dans le monde vise à émettre des avertissements lorsque le contenu d’une émission, le plus souvent en fiction, requiert une certaine maturité de la part de l’auditoire. Ces incitatifs concernent surtout la violence, la sexualité à l’écran et même le langage, dépendamment de leur intensité et de leur redondance. Chaque station a ses propres codes et à plus grande échelle, on est à même de comparer les degrés de tolérance ou l’évolution des mentalités des différents pays par rapport à certains sujets. À titre d’exemple, la Suède a intégré dans sa signalétique le test Bechdel qui « aspire à tirer la sonnette d´alarme sur les inégalités de sexe dans l´industrie cinématographique et surtout dans la société ».  Bien que ce pays fasse pour l’instant cavalier seul, ce test met en lumière le sexisme beaucoup plus répandu qu’on ne le pense dans l’industrie cinématographique (seuls trois prétendants au titre du meilleur film aux oscars en 2013 le passent).

Hotel de la plage (2014) : soleil et signalétique français

Ainsi, lors du premier épisode de Hotel de la plage, on y voit la lettre « P », puis il est écrit « ce programme comporte du placement de produit ». Loin d’être une farce et bien définit (ici) par le Conseil supérieur de l’Audiovisuel (CSA) en France, jamais on n’émet ce genre d’avertissement au Québec (les provinces anglophones du Canada fonctionnent différemment). Certes, la prévention est valable, mais dans les deux premiers épisodes, on voit aussi le personnage de Clara qui se promène sur la plage, seins nus, et la scène nous est même montrée en gros plan et au ralenti; un montage qui nous donne le point de vue de Martin qui la désire ardemment. Le fait que Clara ait seulement quelques années de plus que sa propre fille a quelque chose d’un peu dérangeant et jamais on n’émet d’avertissement à ce sujet, chose qu’on aurait faite d’office au Québec à heures de grande écoute. Pour ce qui est du placement de produit, on a beau chercher (crème solaire? Champagne? Bouteilles d’eau?), on ne sait toujours pas de quoi il était question! Différents pays, différentes cultures!

Hotel de la plage est somme toute un beau succès d’auditoire pour l’été. Le premier épisode a rassemblé 3,4 millions de curieux et la semaine suivante, ils étaient encore 2,6 millions à suivre encore les péripéties de ces familles installées à Royan. Malgré cette baisse de 13 % de part d’audience, la série s’en tire encore très bien et France 2 envisage fortement une seconde saison pour l’été 2015.


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