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Tu seras un mec, ma fille.

Publié le 30 juillet 2014 par Picotcamille @PicotCamille

Parfois c'est dans le mood. Je ne sais pas si c'est mon emploi du temps, digne d'une ado de quatorze ans. A savoir: piscine, bibliothèque, lecture, film, manga, série, bande-dessinée, expo... Je me sens comme une ado, l'héroïne d'une histoire pour jeune fille romantique. Et ça m'ennuie beaucoup.

Parce que je suis profondément inapte au romantisme. Celui des jeunes filles en fleur qui rêve d'amour. Hier soir j'ai regardé Orgueil & Préjugés de Joe Wright. Dedans il y a Keira Knightley, qui joue affreusement mal. Mes yeux n'ont jamais été posés sur une ligne de Jane Austen mais je pense que le film a été pensé à la gloire de Keira. Le film n'est pas mauvais de A à Z, mais entre les scènes juste jolies et celle qui déborde d'un pathos maladroit, on ne peut pas vraiment dire que j'ai apprécié. C'est une esthéthique qui peut plaire. Mais trop attendue, convenue, selon moi.

Par exemple, vous avez une scène de bal. C'est le deuxième bal du film, le premier ayant servi à ce que le héros et l'héroïne se rencontrent. On y découvre aussi que le héros n'aime pas danser, qu'il juge l'héroïne "juste acceptable" et qu'elle, et bien elle n'est pas très contente. Du coup retour au deuxième bal. C'est un fiasco pour Keira qui découvre que sa target n'est pas là, que le relou de base la colle et qu'en plus ses soeurs lui font honte. Et là, bam le héros se pointe pour lui demander de danser. Ils dansent, Keira en profite pour lui faire la leçon, ils se prennent gentiment la tête et puis ils se mettent à bouder. La danse continue et on a le droit à un plan où Keira et Matthew (Macfadyen, le héros) dansent seul à seul dans la salle vide. La musique finie on retourne à la scène avec tout le monde. Mais question est: que fait ce plan ici?

Le coup du "même dans la foule nous sommes seuls" est une vieille ficelle du cinéma, mais aussi de la narration en général. On l'a vu mille fois. J'y rajouterai même "l'effet gros plan" qui fait ressortir la personne aimée comme dans cette séquence magnifique de Vertigo d'Hitchcock:

Vertigo de Hitchcock. Secuencia

A chaque fois le message est clair dans ce type de séquence. C'est une métaphore du sentiment amoureux. Plus rien n'existe autour, hormis cette personne. La musique est souvent une indication supplémentaire, et dans mon souvenir je ne pense pas qu'elle contredit cette lecture. Pourtant ça ne colle pas avec le film! Si nous n'avons pas le point de vue du héros, nous connaissons celui d'Elisabeth, l'héroïne. Et même si elle est troublé par lui, elle n'a pas encore conscience qu'il est l'unique. et c'est même plutôt le contraire, car nous sommes dans la première moitié du film et elle le trouve juste orgueilleux et méprisant. Il y avait des tas d'autres séquences mieux choisies pour ce genre de révélations. Alors pourquoi cette séquence?

Je n'arrive pas a trouver de réponses qui me satisfassent. On pourrait imaginer que c'est le point de vue du héros, mais pourquoi? Alors que pendant tout le film, on découvre les informations au rythme d'Elisabeth. Ce serait une sorte de prédiction sur la fin du film? On le savait depuis leurs premier coup d'œil au bal précédent. Non. Non je crois sincèrement que ce plan sans grande originalité a été mis là juste pour faire mouiller du slip des indécrottables romantiques. Et c'est ce que je reproche à ce film. Un profond manque d'originalité et de parti pris.

Comme cette scène affligeante où Elisabeth, en plein questionnement se regarde dans un miroir et où l'on voit la journée se passer par un jeu de lumière. C'est long et chiant. On le comprend dès qu'on la voit traîner en pyjama. Mais c'est le genre de plan facile, à lecture surligné au fluo pour les gens qui n'aiment pas le cinéma. Car pour aimer ce genre de plan lourdingue, il ne faut pas aimer le cinéma.

Après la vision de ce film, j'étais perplexe. Perplexe sur ma capacité à supporter les "trucs de filles". Comme un shôjo que j'ai lu récemment et qui m'a mis dans le même état. Je ne m'y retrouve pas. Pourtant je suis une fille. Mais pas de cette catégorie là. Je crois que le dernier personnage féminin auquel je me suis un temps soit peu identifié était Leslie Winkle dans la saison 1 de Big Bang Theory. C'est pour dire...

Mais je ne désespère pas. Il y a de plus en plus de personnes qui prennent la paroles pour qu'on laisse les filles être ce qu'elles sont. Sans les enfermer dans une jolie cage dorée. Il y a les redacteurs de Madmoizelle.com, Mona Chollet, Lena Dunham, Jennifer Lawrence et son franc parlé. Et tant d'autres. Parfois moins connues mais qui petit à petit impose une "liberté dans la féminité".

Tu sera ce que tu veux ma fille.

Marlene Dietrich


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