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Juste elles trois

Par Gentlemanw

Profitant d'une chaise libre, un peu à l'ombre d'un arbre, dans ce parc parisien, je souffle le vent des rayons chauds de ce soleil d'été un peu fou dans sa présence vacillante suivant les jours.

J'observe les alentours, je lis et j'écris un peu aussi, le monde passe, j'en extrais quelques clichés, quelques idées, et des touches de mode.

Dans mon dos, un banc, des voix, des personnes que je ne vois pas. 

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Des femmes, des jeunes femmes à la fraicheur de leurs voix, une discussion, des mots, mes oreilles de chat, indiscret peut-être, présent malgré tout, invisible apparemment. Elles parlent de leurs vacances récentes, du retour au boulot, coincées entre le calme des clients moins présents, mais des dossiers laissés là pour un résultat à leurs retours de fin août. L'urgence à faire dès maintenant avec aucun moyen d'avoir des informations complémentaires, les intervenants absents, les emails sans réponses, et moitié moins de personnel. Elles mangent une crêpe salée, sans fromage pour l'une, allergique, enfin plutôt au régime après les deux kilos des congés dans le sud-ouest, en famille. Cellule sacrée, lieu de vie commune, retour entre les parents, les soeurs et frères, les neveux et nièces, les âges et les humeurs en mouvement. Elle détaille la soeur devenu ronde après ses deux grossesses successives, ses deux bébés qui ne dorment jamais, braillent tout le temps, le beau-frère devant les matchs de foot et fatigué de l'apéro le reste du temps. Son frère, jeune ingénieur amoureux d'une gentille capricieuse qui ne comprend pas le sens du mot "famille". D'ailleurs comme tout le monde est divorcé maintenant, ajoutait-elle, en fin de repas, un peu ivre de deux verres de vins avec sa salade, face au regard de mes parents, amoureux depuis toujours. Une vague de trop, une sieste dans le hamac, et un départ en fin d'après-midi. Ma mère rigolait de cette bêtise, moins en pensant que son fils pourrait rester "in love" de ce petit cul en short rose, trop longtemps. Mon autre soeur, celle qui bosse même en vacances, avec son poste méga-important, exploitée par sa hiérarchie qui daigne lui donner une semaine de vacances. Jamais vue, trop stressée pour avoir fait une vraie valise, en pantalon sous la chaleur, à chercher un spot wifi au village d'à-côté. Et moi du repos, jouant avec les autres bambins, des cousines pataugeant dans la piscine, cette grande maison, le calme de la campagne, et de trop bonnes grillades.

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L'autre ajoutait que son meilleur ami, l'avait invité sur le bateau d'un copain, dans un port du sud, des journées à boire, à rire, à dorer au soleil, presque nue, lire un peu aussi. Des moments intenses de bonheur, à regarder la mer, les vagues, toujours différentes. Une coupure utile, des instants privilégiés qu'elle appréciait, des balades dans les boutiques du port pour trouver des sandales, des soirées bien arrosées, les soldes fantastiques. Oui chaussures, sacs à main, bijoux, surtout des belles chaînes de chevilles, son truc à elle, des robes blanches un peu bohêmes, du coton léger, le soleil. Bref dix jours à rien faire, à se sentir libre, accompagné de quatre mâles, amoureux entre eux, elle profitant de la mode, de ses lectures pour se distraire, pour converser avec leurs conseils de mode, leurs boulots, des artistes. Et encore des soirées à rire, à pleurer de rire, à les voir s'embrasser, à dormir sur le pont, seule, tranquille.

Une autre voix, plus discrète.

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Trentenaires pour les premières, à la téssiture, à la douceur, plus jeune que les autres. Et toi ? Moi rien, juste quelques jours en Bretagne avec une copine, d'autres avec son père et sa nouvelle belle-mère, mais sinon chez elle, dans son studio. Des soldes, des achats comme ce short noir, des boots et des bottines, son truc à elle, sa mode à elle. Et ton copain ? Justement mon ex-copain, parti avec des potes en Vendée, loin d'elle, peut-être pas seul, d'ailleurs elle s'en fout. Pas envie de savoir, les vacances sont derrière, la mode devant comme un exutoire, comme un grand mouchoir pour éponger les larmes intérieures. 

Cet été, il est gris, comme le ciel, un jour sur deux, heureusement, elle adore changer, de mode surtout. Chacune rejoute son conseil, donne son point de vue, et toutes ensemble elles rigolent. Je ne les ai qu'aperçues, passant de dos près de moi. Trois paires de jambes entre caramel, celle du bâteau peut-être, bronzée, celle du sud-ouest, en collant résille rose poour la dernière, toutes en short, toutes en féminité et en rires. Des copines, libres comme le vent qui souffle maintenant, poussant les sentiments plus loin, elles avec, leurs modes avec.

Nylonement


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