Boyhood // De Richard Linklater. Avec Ellar Coltrane, Patricia Arquette et Ethan Hawke.
Récompensé d’un Ours d’Argent lors du dernier festival de Berlin, Boyhood est une expérience de cinéma assez impressionnante. En effet, Richard
Linklater a trouvé le moyen de suivre pendant 12 ans le même casting afin de raconter une longue histoire de famille sans devoir prendre de nouveaux comédiens pour jouer tout le monde à
différents âges. Le plus important ce ne sont pas forcément les parents qui vieillissent mais plutôt les enfants que l’on va voir grandir au fil du film. Je suis un très grand fan du cinéma de
Richard Linklater qui m’avait déjà émerveillé avec la trilogie des Before (qui raconte l’histoire d’un couple tous les 9 ans). Il retrouve dans
Boyhood son acteur fétiche Ethan Hawke dans le rôle du père. Ce film est tout de même particulièrement ambitieux dans le sens où suivre les mêmes personnes
pendant douze ans n’est pas facile. Mais le projet tient la route quand on voit le résultat, particulièrement touchant et surprenant. L’avantage de suivre l’évolution du monde sans avoir besoin
de faire de reconstitution historique, de voir naître les tendances (Britney Spears, Lady Gaga, la Xbox, la Wii,
Facebook, etc.). On n’a jamais l’impression de changer d’époque et tout le film évolue donc de façon fluide, sans accro.
Chaque année, durant 12 ans, le réalisateur Richard Linklater a réuni les mêmes comédiens pour un film unique sur la famille et le temps qui passe. On y suit le jeune Mason de l’âge de six
ans jusqu’ à sa majorité, vivant avec sa sœur et sa mère, séparée de son père. Les déménagements, les amis, les rentrées des classes, les premiers émois, les petits riens et les grandes décisions
qui rythment sa jeunesse et le préparent à devenir adulte...
2h45 pour un film c’était ambitieux, surtout pour nous raconter une chronique de vie mais le film parvient à le faire de façon magnifique. Dès le début Boyhood touche son
spectateur car l’on ne s’ennuie jamais. Tout est merveilleux, posant de belles et bonnes questions. Car c’est tout simplement comme ça que fonctionne la vie, on parle de notre futur et le film
parle du futur de ces personnages (et de la manière dont ils vont évoluer avec l’idée qu’ils s’étaient fait de la vie et la manière dont ils vont finalement la vivre). L’avantage de cette
approche artistique c’est d’avoir pu faire un film original avec une histoire de base pourtant assez classique. En effet, les histoires de famille ça existe depuis des décennies dans le cinéma
mais Richard Linklater parvient à en faire quelque chose de brillant. Cette famille américaine qu’il dépeint est aussi réaliste dans le sens où l’on sent qu’ils sont authentiques
et proches de la plupart des familles américaines. Je pense que ce qui rend tout ce beau monde authentique c’est simplement que l’on suit les mêmes enfants, les mêmes parents, tout au long de ces
2h45. C’est un peu comme si l’on avait vu film, que l’on s’était attaché aux personnages et que l’on avait vu 11 autres films avec les mêmes acteurs au fil des années.
Par ailleurs, Richard Linklater aurait pu faire de Boyhood un film prétentieux, notamment car il met tout cela en scène de façon très efférente des autres films
et je trouve ça merveilleux. Par ailleurs, je me demande si finalement la beauté de ce film ce n’est pas d’être lui-même sans jamais en faire des tonnes. On a même l’impression par moment que ce
film est un long voyage calme et paisible avec ses moments de doute, ses décisions (menées par moment avec action). Finalement, Richard Linklater parvient à capturer le temps
d’une façon différente de tous les autres cinéastes. Il est certes aidé par son procédé, mais ce n’est pas le premier film que le réalisateur tente de réaliser pour mettre en scène le temps qui
passe (la trilogie des Before était déjà très forte). Boyhood parvient même à révéler Ellar Coltrane (vu dans Fast Food
Nation). Enfin, je dirais que je me suis parfois retrouvé dans le film, dans la vie de Mason. J’ai moi aussi parfois été un enfant difficile avec mes parents et même si je n’ai pas eu le
mal qu’il a eu à trouver sa voie dans la vie, Boyhood trouve une façon merveilleuse de le mettre en scène et c’est ce que j’ai envie de retenir.
Note : 10/10. En bref, un chef d’oeuvre intimiste, simple et bourré de beauté.