Sonnez clairons-tocsins, commémorez, il en restera quelque chose. Sud-Ouest, mon quotidien préféré (je fayote avec mon hébergeur) fait un cadeau à ses lecteurs aujourd'hui. Une double page centrale gratos avec reproduction de l'Affiche rouge. Rouge pantalon garance (modèle 1829 rectifié 1867), rouge sang (cent vingt millions de litres répandus dans des sillons, j'ai calculé), comme vous voulez. Cette affiche sinistre portant ordre de mobilisation générale au dimanche 02 août 1914 m'interpelle, m'intrigue. Comme pour le Gras-Chassepot ou le pantalon réglementaire elle a un matricule, un modèle, l'Imprimerie Nationale faisait et fait toujours bien les choses. Je lis au bas de l'affiche une référence B-148 (?)-1904.
L'Affiche rouge était donc "prête" depuis 10 ans !?! Ça piaffait sec dans les États-Majors et au Ministère de la Guerre. Ils rêvaient de tailler des croupières aux Prussiens depuis la débâcle de Sedan. Fin prêts les généraux, les Nivelle, Joffre, Pétain, Mangin (si fier de ses nègres), etc. tous ces empaffés, ces assassins, ces assoiffés du bon sang du peuple français - versé pour l'honneur - ces scrutateurs de tripailles plein champ, plein ciel, ces adorateurs du sacrifice suprême, mais pas le leur.
J'ai honte pour ma France aujourd'hui, de ces hontes à jamais indélébiles, ces crimes d'État, ces guerres qui n'en finissent pas, ce puissant et continuel martyrologe laïc. Toutes les raisons d'État me débectent et me crèvent le coeur, me font gerber. Et là, maintenant, Palestine ravagée, avions civils abattus ou foudroyés criminellement (je voudrais voir le résultat de la commission d'enquête du vol AH5017 d'Air Algérie Ouagadougou-Paris) en toute impunité...
Dieu qu'il était seul Jaurès.
tryptique O. Dix / Guerre (1929/1932)