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Vers une nouvelle Europe

Publié le 03 août 2014 par Regard

Vers une nouvelle Europe

« Des années de politiques d’austérité dévastatrices n’ont ni limité ni écourté la récession ; au contraire, elles n’ont réussi qu’à prolonger et approfondir la crise économique et sociale au-delà du raisonnable. Le Fonds monétaire international (FMI), la Commission européenne et de nombreux gouvernements européens ont conjointement imposé des politiques erronées, fondées sur des croyances douteuses et des idées simplistes. Ces politiques ont permis tout au plus de stabiliser les banques européennes. Elles ont aggravé la situation des pays touchés par la crise. Aujourd’hui, les experts du FMI partagent ce constat. »

Le chômage a explosé en touchant surtout les jeunes. Près d’un tiers des sans-emploi se retrouvent déjà piégés dans le chômage de longue durée. La pauvreté et l’exclusion sociale ont atteint des proportions absolument choquantes. La cohésion et la solidarité, autrefois pierres angulaires de l’intégration européenne, ont disparu du discours. La déflation menace. Les ratios dette sur produit intérieur brut (PIB) continuent à enfler. La baisse des investissements, à laquelle s’ajoute la fuite des cerveaux, perturbe l’augmentation de la productivité dans de nombreux pays européens. Les inégalités se creusent et menacent la stabilité de l’Union dans son ensemble.

Or, des analyses crédibles, effectuées par des instituts économiques indépendants, et plus récemment par les propres services de la Commission européenne, montrent qu’une approche différente aurait permis d’éviter à la plupart des pays la récession à double creux, et aux pays en crise des dépressions très graves. Qui plus est, cette approche alternative aurait abouti, à longue échéance, aux mêmes niveaux d’endettement public.

Une politique globale fondée sur la stabilisation des revenus, une consolidation budgétaire moins brutale orientée vers la croissance, une hausse des investissements dans les infrastructures et le social, une restructuration de la dette et un soutien social, aurait généré à la fois des performances économiques plus fortes et de meilleures perspectives pour les finances publiques et la dett

Un changement profond est indispensable. L’UE doit mettre fin à la crise et relancer son économie en l’orientant vers la croissance durable et l’emploi.

Une nouvelle politique macroéconomique est possible et peut être mise en œuvre rapidement. Elle doit s’articuler autour de cinq axes principaux :

-   des finances publiques favorables à la croissance ;

-   une nouvelle stratégie de gestion de la dette publique en y incluant la restructuration de la dette des pays dont le niveau d’endettement est insoutenable ;

-   la résolution ou la restructuration des banques insolvables ;

-   une politique de l’emploi vraiment active et inclusive

-    un nouveau programme européen de solidarité sociale.

Cette politique macroéconomique doit s’appuyer sur un plan d’investissements publics annuel de plus de 400 milliards d’euros dans les infrastructures, bénéficiant de l’effet de levier d’une augmentation de capital de 20 milliards de la Banque européenne d’investissement, afin de poursuivre la transition écologique de l’économie européenne et de rétablir son avantage compétitif.

DES RÈGLES MOINS COMPLEXES ET MOINS RIGIDES

Après avoir assuré le redémarrage de l’économie européenne, l’Union devra se pencher sur le fonctionnement et les institutions de sa gouvernance économique. Une rénovation de ces structures est inévitable et urgente. L’Europe a besoin de règles moins complexes et rigides, favorables à la croissance, plus aptes à réagir rapidement et efficacement aux chocs économiques, et de procédures de décision plus démocratiques. Ces objectifs peuvent être atteints sans révision des traités actuels.

L’Europe doit en outre réagir plus vigoureusement à l’aggravation considérable des inégalités. Rien ne permet d’affirmer que leur réduction serait un frein à la croissance d’un pays. Il est démontré en revanche que les niveaux d’inégalité actuels génèrent l’instabilité économique et affectent négativement nos sociétés. Les gouvernements européens doivent réduire les inégalités avant que celles-ci ne détruisent le modèle social de nos sociétés.

La mise en place d’une nouvelle stratégie pour un meilleur partage des revenus et des richesses devient  urgente. Celle-ci doit combiner des mesures relevant de la fiscalité, des salaires, de la protection sociale, et elle doit s’appuyer sur des objectifs chiffrés de réduction des inégalités au sein des pays. En dernier ressort, l’UE doit évoluer vers une véritable union sociale qui soutiendrait de manière systémique les Etats-providence nationaux et guiderait leur développement.

Enfin, elle doit assurer à tous ses enfants des chances de réussite équitables. Lorsque les enfants des familles défavorisées ont accès à un bon système de crèche, à un enseignement de qualité – et à la cantine –, l’égalité des chances devient réalité. L’Europe a à la fois une obligation morale et un intérêt économique à rétablir l’égalité des chances. Dans cette perspective, les actions européennes et nationales pourraient être menées et coordonnées au sein d’un programme européen d’égalité des chances pour les enfants.

Il est possible d’aller de l’avant, à condition d’identifier correctement et honnêtement les lacunes du système actuel et les erreurs commises, et de les corriger. Demain, nous pouvons mettre en œuvre une nouvelle approche, capable de bâtir une société européenne plus égalitaire, plus prospère, écologiquement plus responsable et plus stable. En outre, ce nouveau modèle influencerait la marche du monde dans son ensemble, pour les décennies à venir.

Puisse la France prendre les initiatives salvatrices ! à moins de sombrer dans la déflation et la misère, voire pire.


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