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Soirée télé : Otello aux Chorégies d’Orange avec Roberto Alagna

Publié le 06 août 2014 par Nicolas Bourry @nicolasjarsky
© ceesjwfoto (Cees Wouda) - Flickr

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Soirée placée sous le signe de l’art lyrique hier soir sur France 2 avec un court "Secrets d’Histoire" autour de Maria Callas suivi de la diffusion depuis les Chorégies d’Orange d’Otello, le célèbre opéra de Verdi avec dans le rôle-titre le nom moins fameux Roberto Alagna.

Otello c’est une histoire un peu compliquée, un drame shakespearien au sens propre, sur fond de lutte armée entre les Turcs et la puissante Venise. Otello, chef des armées, vient justement de vaincre face à l’armée Ottomane et rentre victorieux. Iago, qui déteste secrètement Otello et le commandant Cassio, fait croire à Otello que sa chère et tendre Desdémone, fricotte avec Cassio. Fou de rage et de jalousie, Otello après avoir tenté de faire avouer Desdémone à plusieurs reprises, décide finalement de la tuer. Il se rend compte de sa méprise, et se suicide.

Le drame tourne autour de l’obsession d’Otello et de sa jalousie maladive. Verdi réussit à accentuer encore plus cet aspect de l’oeuvre de Shakespeare utilisant la musique comme un surligneur des sentiments et de la folie humaine.

La représentation d’Otello est rythmée par les explications de Jean-François Zygel et encore une fois, on n’arrive pas à savoir s’il nous agace ou nous séduit. Peut-être un peu des deux. Les explications sont utiles, intéressantes et courtes. Pertinent !

Dans la fosse, l’Orchestre Philharmonique de Radio France avec Myung Whun Chung à la baguette, toujours aussi impeccable, discret, juste et élégant.

Très belle entrée de Roberto Alagna qui, une tête d’Ottoman à la main, donne toute de suite le ton et impose sa présence imposante. Il connaît bien le théâtre antique d’Orange et sait jouer avec les dimensions et les conditions d’une scène en extérieur.

Seng-Hyoun Ko que nous avons aussi l’habitude d’entendre aux Chorégies d’Orange campe un Iago solide. Le baryton nous a habitué à des interprétations impeccables. Ici encore, rien à redire à sa prestation. Les duos avec Roberto Alagna sont superbes même si l’aisance éclatante de Roberto Alagna déborde un peu sur l’interprétation du baryton.

Mais c’est Inva Mula qui en Desdémone nous impressionne. Il faut pouvoir donner la réplique à un Roberto Alagna qui se sent pousser des ailes dans ce théâtre antique. La soprano est assurée, puissante en plus d’être très belle et de donner à Desdémone un visage illuminé d’une beauté opaline et une voix d’une clarté cristalline. Le début du dernier acte et la scène dans la chambre avec la prière, nous donne l’occasion de profiter d’un moment d’une délicatesse rare.

Force est de reconnaître que Roberto Alagna est assez incroyable. Le théâtre d’Orange pourtant difficile avec les conditions du plein air et aux dimensions pharaoniques ne fait pas peur au ténor qui au contraire, semble apprécier ces conditions à la hauteur de son talent.

Seul bémol la mise en scène que nous trouvons un peu figée même si l’idée du sol en marbre partiellement détruit annonciateur du drame à venir nous plaît. Mais ce seul concept ne peut suffire à tout l’opéra.

Nous avons vibré hier soir avec Roberto Alagna et Inva Mula qui nous ont permis de profiter d’une soirée lyrique d’exception sur France 2.

Aux Chorégies d’Orange, Roberto Alagna nous habitue à l’excellence, souvenez-vous.



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