Pur à présent décline le soir d'été
Autour de ma maison, en splendeur adoucie
Le ciel sur son front sacré ne porte pas
Un seul nuage de mélancolie -
La vieille tour, anchâssée dans la lueur d'or,
Contemple d'en haut le soleil qui descend -
Si doucement le soir se fond dans la nuit
Qu'on peut à peine dire le jour fini -
Et c'est justement l'heure joyeuse
Où nous avions coutume de nous échapper
De secouer la tyrannie du labeur
Pour aller avec entrain joeur dehors -
Alors pourquoi tout est-il si triste et seul?
Nul pas allègre dans l'escalier -
Nul rire, nul accent pour donner cœur
Mais partout un silence sans voix.
J'ai tourné sans fin dans notre jardin
Et il me semblait qu'à chaque tour
Des pas allaient et venaient à ma rencontre
Et des mots portés par les souffles
En vain - ils ne viendront pas aujourd'hui
Et le rayon du matin poindra aussi morne
Dites: sont-ils perdus à jamais, nos éclairs
De soleil dans les brumes du souci?
Mais non, l'Espoir réprobateur assure
Qu'il est doux de pleurer les joies enfuies
Quand chaque orage voilant leur lumière
Prépare un plus divin retour.
30 août 1839.
Emily Bronté