Dans la triste série "monuments en voie de disparition", voici le château de Martigné, pas très loin de chez moi. Encore un crève-coeur.
Le château en 1910
Article de L'Echo de la Presqu'île - juin 2014 :
"C’est une grande désolation, un vrai gâchis", lâche François Chéneau, nouveau maire de Donges et féru d’histoire locale. Dans la cité pétrolière, ce sentiment est largement partagé lorsqu’on évoque le château de Martigné ou plutôt ce qu’il en reste.
Juché sur une butte dominant la route de Prinquiau et tourné vers la raffinerie, juste en face, la bâtisse fait un peu tache dans le paysage avec son allure de château hanté. Pourtant, elle fut l’une des plus belles demeures de la ville, “la fierté des Dongeois”, insiste François Chéneau. Ses jours sont désormais comptés.
Une seigneurie
Au Moyen Âge, Martigné fut le siège d’une seigneurie, le fief le plus important de la paroisse, après le vicomté de Donges, le plus ancien aussi où se sont succédé depuis 1390 de nombreux seigneurs.
Au XIXe siècle, Jules-Antoine Maillard de la Gournerie y fit construire un château (le premier étant réduit à l’état de ruine), au lieu-dit “la Bosse de Martigné”. Inspecteur général des ponts et chaussée, il dirigea le creusement du petit bassin de Penhoët. L’une de ses filles épousa Pierre Parscau Du Plessix, qui a donné le nom à la rue. Il fut maire de la commune en 1892 pendant 26 années et auteur d’un ouvrage sur les contes et les croyances populaires de Donges. A l’époque, la propriété avait belle allure.
Lorsque son épouse décéda en 1926, le compte quitta Martigné. En 1938, le château fut mis en vente, racheté par des agriculteurs d’Assérac, les familles David et Gerligand. Le fils de cette dernière, qui a construit sa maison juste à côté, se souvient de ce château où il vécut enfant.
Une ruine
“Je suis arrivée ici à l’âge de 12 ans” raconte Pierre Gerligand, 87 ans. Celui qui se faisait appeler “quelques fois, pas souvent, Le Châtelain", a gardé en mémoire les bombardements de novembre 1942 qui fit de nombreuses victimes chez les apprentis des chantiers navals de Saint-Nazaire. “De là-haut on voyait tout, c’était très impressionnant”. En juillet 44, Donges sera aussi victime des bombardements. La propriété servira alors de refuge pour les écoliers. Elle sera aussi occupée un temps par les Allemands. La guerre terminée, la vie de château reprit son cours. Mais les affres du temps et le manque de moyens financiers des propriétaires pour l’entretenir aggravent la dégradation de l’édifice.
Dans les années 50, la raffinerie propose de le racheter pour y installer son cercle d’ingénieurs. Les propriétaires refusent. Il sera construit dans le centre bourg. Pierre, fils unique, a bâti sa vie, à côté, dans une maison neuve. Ses parents décédés, les quelques locataires partis, le château va peu à peu sombrer dans l’abandon. La tempête de 1987 met à mal la toiture déjà chancelante. Au fil des années, la déchéance de ce haut lieu de la seigneurie dongeoise s’accélère.
La destruction inéluctable
En 2008, Total, qui mène régulièrement des opérations de rachat autour de sa raffinerie, acquiert le château. “Compte tenu de son état, il n’était pas question de le réhabiliter. Cet hiver, avec la tempête, un bloc de la partie haute s’est décroché. Ca devient dangereux. Nous allons sécuriser le site en démolissant l’étage supérieur. Nous procédons au recensement des objets, blasons, tout ce qui pourrait avoir un intérêt historique”, indique Sébastien Cherpion, secrétaire général de la raffinerie. L’opération devrait avoir lieu dans les prochaines semaines. La destruction totale n’est pas programmée mais semble inéluctable...
Merci à Pascal