Je crois de plus en plus que nous devons refuser (après
examen) une partie de notre héritage. J’ai parlé ailleurs de l’arrogance royale
française (« grandeur de la France ») qui nous vaut depuis des
siècles la haine, maintenant le mépris, du monde. Il me semble aussi qu’il faut
s’attaquer à une autre vache sacrée : le système éducatif de la IIIème
République. Il avait une force : une forme d’ultra élitisme égalitariste.
Mais il a été parasité, si bien qu’il n’y a plus d’ascenseur social. Il ne
reste plus qu’une médiocrité d’autant plus consternante qu’elle semble se
réjouir de son malheur.
Ce système avait, jusqu’à 1968, deux objectifs. L’un, braillé
bien fort, était de former des gens capables de penser par eux-mêmes, gage de
liberté. L’autre, dissimulé, de préparer chacun à sa place dans la société. Cet
autre système avait deux branches. L’une formait une sorte d’aristocratie de la
pensée ; l’autre des gens de la pratique. C’est cette seconde branche qui
a été coupée par 68. Résultat : des incompétents ayant des complexes de
supériorité. Et exclusion. Car cet enseignement n’a aucune utilité pratique, au
mieux, il forme des exploiteurs. Sans compter que le système, écrasé par la
masse et l’idéologie, n’arrive plus à enseigner quoi que ce soit d’un peu élevé.
Résultat : France de moutons et de sectes.
En fait, tout est monté à l’envers. L’éducation initiale
devrait avant tout nous préparer à notre rôle social. Elle devrait chercher à
développer nos talents sociaux, donc de façon à nous aider à trouver une place
qui nous aille et qui profite au groupe. Quant à la liberté et à la pensée
individuelle, c’est le travail d’une vie. Là, l’éducation devrait mettre dans
des circonstances qui fassent de nous des chercheurs des « in quiets »,
et nous « apprendre à apprendre ». Puis la société devrait mettre à
notre disposition les outils de notre enquête. (Ce qui est, aux USA, l’objet de
Wikipedia et des MOOCS.)
Première question : quel modèle de société voulons-nous ?