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Chroniques de l’ordinaire bordelais. Episode 111

Publié le 04 août 2014 par Antropologia

Portraits de laPointe de  Raz (1)

Un bébé à  dorloter

Il s’appelle Lucien, elle s’appelle Louisette. « La ferme des pêcheurs» c’est un peu leur bébé. Ils se sont rencontrés un soir de manif… A défaut de faire autre chose, lui, l’agriculteur, conduisait un copain à la réunion syndicale, elle, l’aide-soignante, militait, ce jour-là, pour la gratuité des lieux de culture aux chômeurs. Elle le rencontra autour d’une bière dans un bar de Brest où elle refaisait le monde avec ses collègues de banderoles comme tous les soirs de manif.
Bien plus tard dans la soirée elle le retrouva, ils avaient quelques bières de plus… et c’est tant mieux ! « Il a fallu qu’on soit bourré pour qu’on franchisse le pas » raconte-t-elle. Louisette se livre en sirotant un verre de cidre tandis que Lucien vaque à l’arrosage des plantes son oreille vaguement tendue vers le bavardage de la gente féminine. L’arrosage, c’est son rituel: avant c’était les vaches à soigner mais depuis qu’il est avec Louisette, sa vie a changé. Plus de vaches, plus de ferme, plus de problème de contrôle sanitaire, plus de procès avec le lisier de son voisin qui empoisonnait ses bêtes… maintenant il bichonne les touristes qui font halte dans cette maison rénovée avec peu de moyens mais le goût simple et sûr de Louisette. Deux ans de labeur…. Mais ça, le travail, cela ne lui fait pas peur. Toutes leurs économies et une bonne partie de leur énergie sont passées dans ce projet… Des bébés? Ils en avaient eu déjà chacun de leur côté mais celui -là c’est un bébé tardif qui porte tous les espoirs de leur nouvelle vie à deux. Ils le dorlotent depuis presque trois ans.
La croissance de leur protégé ne se fait pas si facilement. Le touriste est séduit mais encore trop rare…et la saison est calme malgré le beau temps. Il laisse sa mie parler et se raconter. « Non ils ne regrettent pas: ils sont indépendants, sans plus de hiérarchie, sans plus toute la paperasse qui les submergeait… mais le banquier n’est jamais loin pour leur rappeler leur mensualité ».
Louisette a un talent caché: elle est magnétiseuse. Alors, elle exerce ouvertement son art depuis peu laissant Lucien passer l’aspirateur, repasser les draps, et chercher où accompagner les hôtes à quelques kms de là. Il faut trouver des solutions quand on n’est pas au bord du GR.

Leur devise trône sur l’étagère de cuisine: « il faut toujours voir la vie du bon côté » La chouette qui illustre la maxime a la tête excessivement penchée… En la voyant bizarrement tordue on craint, pour elle, un torticolis mais pas Louisette et Lucien … On doit y croire aussi !

Virginie Perchais



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