Une synagogue est, comme chacun sait, le lieu de culte juif.
Généralités
L'origine de la synagogue, en tant que lieu de rassemblement des fidèles, dissocié de l'ancien rituel de l'autel du Temple, remonte peut-être aux prophètes et à leurs disciples ; originellement elle ne possède pas un caractère sacré, mais l'acquiert au fil du temps. La synagogue en tant qu'institution caractéristique du judaïsme naît avec l'œuvre d'Esdras.
Carpentras, France
Les synagogues possèdent habituellement un sanctuaire, c'est-à-dire un grand hall de prière, dans lequel sont contenus les Livres de la Torah. Elles peuvent aussi comporter une salle pour les événements communautaires. Cependant, elles contiennent surtout des petites pièces réservées à l'étude, voire un Beit midrash (« maison d'étude ») : initialement destinée au culte, la synagogue est devenue au cours de l'histoire juive le lieu du Talmud Torah, c'est-à-dire l'enseignement de la tradition et de la langue hébraïque. La prépondérance de ce rôle est telle que Philon d'Alexandrie, puis les Juifs de Venise et ceux des pays ashkénazes parlant le yiddish désignaient les synagogues du nom de didaskaleia, scuola ou shoul, c'est-à-dire école.
Ni le terme, ni le concept d'une synagogue ne se retrouvent dans le Pentateuque (bien que la tradition rabbinique ainsi que Philon d'Alexandrie et Flavius Josèphe affirment que l'institution remonte à Moïse). L'idée d'une prière collective n'y est pas davantage mentionnée, et le seul lieu du culte décrit est le Tabernacle, un sanctuaire transportable abritant en son Saint des Saints l'Arche d'alliance. Celle-ci se retrouve dans le Temple de Salomon, construit pour l'abriter de façon permanente.
La première évocation d'un rassemblement hors du Temple est trouvée dans Isaïe 8:16 : il s'agit d'un cercle de disciples réunis autour d'Isaïe, afin d'entendre de lui la parole de Dieu et la Torah. C'est également le cas dans Ézéchiel 8:1, où les anciens de Juda se réunissent dans la maison d'Ezéchiel.
Il semblerait que les synagogues se soient multipliées après la destruction du premier et du second Temples. Les Actes des Apôtres indiquent également que les synagogues que l'on trouvait dans chaque ville existaient depuis de nombreuses années, et en citent plusieurs. Le Talmud mentionne de nombreuses synagogues en Mésopotamie, et plus de 400 à Jérusalem avant la destruction du second Temple.
Leur plan suit celui du Tabernacle, tel qu'il est décrit dans la parashat Terouma.
Pologne
Une synagogue contient donc un parvis où se réunit l'assemblée, un candélabre, un endroit surélevé où se tient le culte, et un endroit très saint (souvent appelé Arche) où est gardé, dans une armoire protégée de l'extérieur par un rideau, le Témoignage donné à Moïse par Dieu : les rouleaux de la Torah. L'arche est située sur le mur orienté vers Jérusalem. Beaucoup de synagogues sont orientées vers Jérusalem, bien que certaines dérogent à la règle pour des raisons structurelles.
Hommes et femmes sont séparés. La matérialisation de cette séparation est différente d'une époque ou d'un endroit à l'autre. Les femmes sont généralement derrière les hommes, par pudeur, car la prière contient de nombreuses prosternations. Dans les synagogues modernes, hommes et femmes prient côte à côté.
On trouve souvent dans les synagogues un "fauteuil du prophète Élie" qui est utilisé lors des circoncisions.
Les synagogues antiques
Les plus anciennes synagogues connues aujourd'hui sont situées en terre d'Israël et contemporaines de la destruction du Second Temple. Les synagogues antérieures ont été détruites.
Pologne
Après la destruction du Temple, les Romains interdisent la construction de synagogues en Palestine. De nombreuses communautés juives se maintiennent jusqu'à la conquête arabe, ainsi qu'en atteste la présence plus d'une centaine de ruines de synagogues, les plus vieilles datant du IIIe siècle. Puis elles se dispersent et se répandent d'abord dans le monde hellénistique ou romain.
On distingue parfois deux types de synagogues antiques : les grands édifices orientés vers Jérusalem sans arche sainte, car les rouleaux de la Torah étaient conservés dans une pièce attenante pour être portés dans la salle de prière lors de la lecture de la Torah, et les basiliques sur le plan des bâtiments publics romains, semblables aux églises d'Orient avec une nef centrale séparée de deux bas-côtés par des colonnes et dont l'abside orientée vers Jérusalem abrite les rouleaux de la Torah.
En Occident, la plus vieille synagogue connue est celle d'Ostie, le port antique de Rome. Elle date originellement de la seconde partie du Ier siècle, mais a été agrandie et embellie par la suite. Construite le long du rivage, elle témoigne par ses vastes proportions et son décor de la richesse de la communauté locale. Les inscriptions funéraires témoignent de l'existence d'une douzaine de synagogues à Rome.
Moyen Age
Au Moyen Age, la plus importante partie de la communauté juive est installée en Babylonie, puis en Afrique du Nord et en Égypte. La communauté juive demeurée en terre d'Israël est fortement réduite, et soumise à de multiples vicissitudes, la Palestine étant occupée tour à tour par Byzance, les Arabes puis les Croisés, puis de nouveau les Arabes. Les communautés essuient des pertes fatales et perdent un grand nombre de fidèles à la suite des massacres de la Première croisade, pendant laquelle les Juifs sont regroupés dans la grande synagogue de Jérusalem et brûlés vifs. Les synagogues ont souvent été enterrées à Jérusalem : il faut y descendre pour y entrer. Cela permet de construire avec une grande hauteur de plafond sans offenser les musulmans par la construction de bâtiments qui domineraient le voisinage. En 1267, Ramban restaure une maison en ruines, et en fait un lieu de culte, qui porte depuis son nom, la synagogue Ramban où on peut encore voir des inscriptions paléo-hébraïques et des voûtes romanes. Autour d'elle se reconstitua le peuplement juif de Jérusalem.
Italie
En Europe, les synagogues deviennent de plus en plus le centre de la vie juive : outre les salles de prière et d'étude, on y trouve souvent un mikvé, un four pour les pains azymes et des salles pour les voyageurs. En France, la première mention historique d'une synagogue est faite par Grégoire de Tours lors de sa destruction à Clermont-Ferrand en 576. À Rouen, certains reconnaissent une synagogue dans un bâtiment retrouvé sous le palais de justice, et il subsiste une maison qui servit de synagogue au XIIIe siècle à Rouffach, en Alsace, qui ne faisait pas encore partie du royaume de France. Il ne reste rien des synagogues des brillantes communautés médiévales de Troyes ou de Paris. Worms en Allemagne a longtemps abrité la plus vieille synagogue d'Europe. Sa construction en style roman date du XIe siècle. Elle a été complètement détruite par les nazis en 1938. La plus vieille synagogue encore en service en Europe est la synagogue Vieille-Nouvelle de Prague, de style gothique, qui date de 1270.
Les synagogues espagnoles datant généralement de la Reconquête sont construites par des communautés riches. Elles ont été transformées en églises quand le pouvoir chrétien s'est affermi ou au plus tard après l'expulsion des Juifs d'Espagne. L'une d'elles, à Tolède, devint la maison du Greco. Les autres synagogues de Tolède sont de nos jours des musées.
De l'expulsion des Juifs d'Espagne aux révolutions américaine et française
Le expulsion des Juifs d'Espagne en 1492 jette sur les routes et les voies maritimes européennes des dizaines de milliers de Juifs dits séfarades, qui essaiment dans le bassin méditerranéen et en Asie Mineure. Ceux qui sont restés en Espagne au prix de la conversion au christianisme, sont expulsés ou émigrent dans les deux siècles qui suivent, en Angleterre, dans le Sud de la France, particulièrement à Bordeaux ou Bayonne, dans les Flandres ainsi qu'aux Pays-Bas, et de là vers le Brésil quelque temps hollandais puis la Nouvelle-Amsterdam, qui deviendra New York.
C'est l'Empire ottoman, sous le règne du sultan Bayezid II qui se montre le mieux disposé à accueillir les Juifs chassés d'Espagne.
Lunéville, France
Les Juifs choisissent d'abord des grandes villes telles Salonique, Istanbul ou Smyrne. Lorsqu'en 1516, la Palestine devient ottomane, il se produit un flux migratoire vers Safed, en Galilée. À Jérusalem, différentes communautés séfarades établissent quatre synagogues mitoyennes les unes des autres à partir du XVIe siècle : la synagogue Eliyahou Hanavi qui servait plutôt de lieu d'étude, la synagogue Yohanan ben Zakkaï au XVIIe siècle, la synagogue Istanbul au XVIIIe siècle et la synagogue Emtsa'ï au milieu de ces trois synagogues. Elles furent toutes restaurées en 1835 par autorisation du vice-roi d'Égypte Méhémet Ali, alors régent de la Palestine, sous l'autorité formelle du sultan ottoman. De nouveau saccagées pendant l'occupation jordanienne de Jérusalem, elles furent une nouvelle fois restaurées lors du retour des Juifs dans la vieille ville de Jérusalem après 1967.
L'Italie du XVIe siècle n'était pas unifiée : les Espagnols dominaient la Sicile, Naples et la Sardaigne, dont ils expulsèrent les Juifs en 1492. Dans le reste de l'Italie, l'influence espagnole se fait sentir par la restriction du droit de résidence des Juifs et la création des ghettos, dont le premier fut le ghetto de Venise, établi en 1516. Dans le ghetto de Rome, le manque de place combiné avec la diversité des écoles d'interprétation donna lieu à la Piazza delle Cinque Scuole, un immeuble qui abrita cinq synagogues ou plutôt cinq oratoires de différentes traditions : des Séfarades, des Ashkénazes mais aussi des Juifs de rite « italien » qui seraient les descendants des Juifs de Judée émigrés à Rome lors de l'établissement du protectorat romain sur la Judée au premier siècle avant l'ère commune.
Le Maghreb, et en particulier le Maroc, était une destination aisée pour les Juifs d'Espagne, d'autant que beaucoup y avaient déjà des parents, installés lors d'une persécution ou d'une expulsion précédente. Les Juifs d'Espagne s'établirent donc en plusieurs villes du Maroc, à Tétouan comme à Fès. Y fut érigée au XVIIe siècle la synagogue Aben Danan, restaurée en 1999.
Les Provinces-Unies (aujourd'hui Pays-Bas) ayant durement gagné leur indépendance de l'Espagne au début du XVIIe siècle, elles étaient hostiles tant à l'Espagne qu'au catholicisme. Elles apparurent donc comme autant de terres d'asiles pour de nombreux Juifs dits "Portugais" (anciens Juifs réfugiés au Portugal, qui se faisaient appeler ailleurs Portugais, pour éviter le mot Juif) qui participèrent à l'essor d'Amsterdam et furent assez vite reconnus quasiment citoyens de plein droit. La communauté prospéra notamment par le commerce et se sentit assez assurée pour faire construire une synagogue, bien en vue le long d'un canal. La Synagogue portugaise fut inaugurée en présence des autorités locales en 1675. Elle servit de modèle à beaucoup d'autres, notamment par sa décoration de lustres hollandais.
Paris, France
La synagogue Bevis Marks à Londres, connue aussi sous le nom de « Synagogue espagnole et portugaise » fut inaugurée en 1701 et est aujourd'hui la plus vieille synagogue anglaise en service.
Les Juifs ont été expulsés de France en 1394, et ceux qui y résident aux XVIIe et XVIIIe siècles, la plupart ayant fui l'Espagne ou le Portugal, sont devenus, au moins nominalement, chrétiens. Ils s'établissent au Pays basque également à Bordeaux. De façon à ne pas heurter les autorités, les offices juifs ont lieu dans de discrets oratoires.
C'est paradoxalement dans les États du Pape, le Comtat Venaissin, que les Juifs sont officiellement acceptés dans les carrières (ghettos en Provence) d'Avignon, de Carpentras et de Cavaillon. Une relative prospérité leur permet au XVIIIe siècle d'élever des synagogues de taille modeste, mais assez travaillées, de style italianisant. Quatre édifices furent ainsi construits : à Carpentras, Cavaillon, l'Isle sur Sorgue et Avignon. Seules les deux premières subsistent de nos jours, celle de l'Isle ayant été détruite, et celle d'Avignon ayant été rebâtie sur un autre modèle après un incendie survenu dans la première moitié du XIXe siècle. La synagogue de Carpentras est aujourd'hui la plus vieille synagogue de France en activité. Celle de Cavaillon n'accueille plus le culte.
La situation des Juifs en Allemagne varie d'un État à l'autre. La première synagogue de Berlin située Heidereutergasse est inaugurée le 1er janvier 1714 en présence de la reine Sophie-Dorothée. Il ne reste guère de traces des synagogues allemandes des XVIIe et XVIIIe siècles, le nazisme ayant entrepris leur destruction systématique. Il subsiste toutefois la synagogue de Celle (Basse-Saxe) qui date de 1740 et celle de Michelstadt (Hesse) datant de 1791, ainsi que la salle (datant de 1735) de la synagogue rurale de Horb sur le Main.
Metz, France
Les massacres liés aux Croisades, les expulsions temporaires puis définitives d'Angleterre, de France et de certains territoires allemands entraînèrent une migration des Juifs occidentaux vers l'Europe centrale slave et plus particulièrement polonaise. Les ducs tel Boleslas III au XIIe siècle puis les rois de Pologne tel Casimir III le Grand au XIVe siècle favorisèrent généralement l'accueil des Juifs jusqu'au XVIe siècle. Ceux-ci s'établirent aussi bien à la ville que dans les campagnes où ils devinrent majoritaires dans certains villages appelés shtetl. Cela contribua à l'apparition de deux types de synagogues, les synagogues de pierre, en ville et celles de bois, à la campagne.
L'Amérique étant presqu'entièrement occupée par l'Espagne, le Portugal, la France et l'Angleterre, puissances qui interdisaient l'accès de leur territoire aux Juifs en cette fin de XVIIe siècle, les Juifs s'établirent dans les petites possessions néerlandaises.
La Synagogue Kahal Zur Israel (le rocher d'Israël), à Recife, Brésil, a été la première synagogue érigée dans les Amériques, en 1630 quand Recife était possession hollandaise. En 1654, les Portugais prennent le contrôle de Recife et en expulsent les Juifs qui repartent vers l'Amérique du Nord et la Nouvelle-Amsterdam, plus tard appelée New York.
La plus vieille synagogue américaine continuellement en service se trouve dans la petite île néerlandaise de Curaçao aux Antilles. Il semble bien qu'une première synagogue, Mikve Israel-Emanuel, y existait dès avant 1654. Le bâtiment actuel à Willemstad, la capitale de Curaçao, date de 1732.
Allemagne
Dans les possessions britanniques, la situation des Juifs varie selon les colonies. C'est à Newport dans l'île de Rhode Island, que les Juifs s'établissent dès 1658, et la synagogue actuelle dite synagogue Touro est construite dans le style néo-palladien, en vogue dans les colonies américaines à cette époque. Inaugurée en 1763, c'est la seule synagogue encore en service aux États-Unis datant de la période coloniale.
De la période révolutionnaire à la Shoah
La philosophie des Lumières change le regard sur les Juifs. Les notions de liberté de conscience et d'égalité des droits sont, au moins en partie, mises en pratique aux États-Unis et en France. Les armées révolutionnaires puis impériales vont propager ces idées dans une bonne partie de l'Europe, particulièrement en faisant tomber les murs des ghettos comme en Italie. Chez les Juifs, la philosophie des Lumières donne naissance à la Haskala qui va changer le regard que les Juifs, ou au moins tous ceux qui n'adhèrent pas à une stricte orthodoxie, ont sur eux-mêmes. Ce double changement de la perception des Juifs dans la société ne va pas manquer d'influer sur l'architecture des synagogues.
Les Juifs peuvent construire des temples aussi grands que les églises chrétiennes. La plus grande d'Europe est construite à Budapest de 1854 à 1859. Et si la liberté de conscience devient la règle, il n'y a plus de raison de dissimuler les synagogues, au contraire on peut afficher clairement leur raison d'être par des symboles juifs bien visibles comme les tables de la loi, des citations de la bible en hébreu ou en langue vernaculaire, l'étoile de David ou la menorah. Elles deviennent même des temples, et peuvent ressembler à des églises aussi bien extérieurement qu'intérieurement. On en trouve de style roman, gothique, byzantin, mauresque, classique, renaissance...
Si le gothique est peu courant probablement parce que trop typique du style des églises, les styles orientaux, que ce soit le style hispano-mauresque ou le style byzantin sont les plus représentés. Plusieurs explications sont possibles : la plus simple est que les Juifs sont vus comme des orientaux par les architectes souvent non-juifs des synagogues. Mais le style hispano-mauresque est aussi rattaché à une Espagne où juifs, chrétiens et musulmans auraient vécu en bonne intelligence.
Sélestat, France
L'intérieur des synagogues change aussi considérablement au XIXe siècle. La Bimah est le plus souvent située à l'extrémité de la nef pour que l'officiant puisse faire face aux fidèles, au lieu d'être au centre comme dans les synagogues orthodoxes. Il peut y avoir souvent un orgue et même un chœur, deux dispositions non conformes à la halakha. Enfin, l'implantation géographique des synagogues va petit à petit changer. Elles vont quitter les anciens ghettos pour suivre les Juifs dans leur migration sociale vers des quartiers plus bourgeois et elles vont aussi se répandre dans les pays accueillants aux Juifs, en Allemagne, en Europe occidentale et aux États-Unis.
Plus de la moitié de la population juive de France vit en Alsace et en Lorraine à la fin du XVIIIe siècle. Cette population est principalement rurale puisqu'en Alsace les villes étaient interdites aux Juifs jusqu'à la Révolution. Cette situation est unique en Europe occidentale. Dans quelques villages, les Juifs forment un groupe aussi nombreux que les catholiques ou les protestants et ils souhaitent disposer d'une synagogue comparable aux églises. Une loi votée sous Louis-Philippe en 1831 décide que les ministres du Culte israélite seront payés par l'État comme les prêtres catholiques ou les pasteurs protestants. Les communautés juives n'ont plus à entretenir leurs rabbins et peuvent donc investir dans les synagogues.
L'égalité des droits pour les Juifs est proclamée dans le royaume de Piémont-Sardaigne en 1848 et à Rome en 1870. Dès lors vont s'élever en Italie quelques-unes des plus notables synagogues d'Europe. La synagogue de Rome date du début du XXe siècle et sa hauteur tout comme son originale coupole à base carrée la font repérer de loin parmi les toits romains. La synagogue de Florence achevée en 1882 domine également les toits florentins. Les matériaux les plus nobles, comme le marbre, le travertin et cuivre, ont été utilisés pour la construction de ce bâtiment d'inspiration byzantine.
L'Allemagne est le pays de la Haskala. C'est probablement là qu'avaient été construites quelques-unes des plus remarquables synagogues.
Aujourd'hui, on peut encore voir une partie de la Nouvelle synagogue de Berlin où l'on reconnaît les bulbes germaniques déjà cités en Alsace. Elle fut inaugurée en 1866 en présence de Bismarck et pouvait contenir 3000 personnes. Ayant subi des dommages durant la Nuit de Cristal puis un bombardement lors de la Seconde Guerre mondiale, elle fut en grande partie rasée par les autorités est-allemandes en 1958. Il en reste la façade sur la rue Oranienburg et la coupole recouverte de feuilles d'or. C'est de nos jours un centre communautaire juif.
La plus grande synagogue d'Allemagne, située Rykestrasse à Berlin, a quant à elle rouvert en septembre 2007. De style roman, elle avait été inaugurée en 1904 et avait échappé à l'incendie durant la Nuit de Cristal parce qu'elle était trop imbriquée dans le tissu urbain environnant. La synagogue d'Essen datant de 1913 a elle été reconstruite à partir de ses ruines et est aujourd'hui un centre de conférences sous le nom d´ancienne synagogue d´Essen.
Serbie
L'Autriche-Hongrie a connu un essor extraordinaire de sa communauté juive pendant le règne de l'empereur François-Joseph. De nombreuses personnalités, telles Sigmund Freud, Stefan Zweig ou Franz Kafka en sont issues. Les synagogues de l'empire reflètent cet essor. À Trieste, alors en Autriche-Hongrie, les architectes Ruggero et Arduino Berlam réalisent l'une des plus grandes synagogues européennes dans un style rappelant les églises syriennes datant de l'empire romain. Prague présente la plus grande collection de monuments juifs subsistant en Europe. Dans le quartier de Nové Město, se trouve la plus grande synagogue de Prague, l'extravagante synagogue du Jubilé aux décors intérieurs et extérieurs polychromes. Elle a été construite en 1906 et son style est un mélange d'Art nouveau et de style mauresque. Cette synagogue devrait son nom au jubilé de l'empereur François-Joseph, témoignage de la volonté d'assimilation de la communauté juive praguoise au début du XXe siècle.
Budapest a longtemps abrité une très grande communauté juive et c'est l'une des rares villes d'Europe centrale où cette communauté se compte encore en quelques dizaines de milliers de personnes. La grande synagogue de Budapest est des plus richement décorées et la plus grande d'Europe. Elle a été construite de 1854 à 1859 dans ce style hispano-mauresque très en vogue pour les synagogues de cette époque. En 1944, la synagogue était transformée par les nazis en un camp d'internement où Adolf Eichmann eut un de ses bureaux d'administrateur de la solution finale... Le quartier alentour servit alors de ghetto. Dans ce même quartier, rue Rumbach et rue Kazinczy, on trouve d'autres synagogues dont la restauration est en cours. Quant à la synagogue de Subotica, aujourd'hui en Serbie, mais lors de sa construction en 1901 dans le royaume de Hongrie, c'est une remarquable synagogue de style Art nouveau.
Les Juifs ont toujours habité les différentes régions d'Afrique du Nord bien avant que les Arabes n'en fassent la conquête. La tradition veut que la plus vieille synagogue du monde datant de l'exil suivant la destruction du premier Temple soit la Ghriba dans l'île de Djerba qui est toujours en service. En tout état de cause, la Ghriba est attestée depuis au moins le XVIe siècle, mais le bâtiment actuel ne date que du XIXe siècle. D'autres synagogues subsistent en Tunisie. En Algérie, les Juifs deviennent citoyens français en 1870. Une vingtaine de synagogues sont construites de 1845 à 1905. Beaucoup ont été transformées en mosquées. Celle de Mostaganem était une menuiserie en 2004.
En Égypte, au Caire et à Alexandrie, les synagogues sont également nombreuses.
Tunisie
La Palestine reste administrée par l'Empire ottoman jusqu'en 1917 quand elle passe sous le contrôle des Britanniques qui reçoivent, en 1920, mandat de l'administrer de la part de la Société des Nations. Les Juifs ont commencé à émigrer d'Europe vers la Palestine dans les années 1880 dès avant la formalisation du mouvement sioniste. En règle générale, ils n'étaient guère religieux et construire des synagogues n'était pas leur premier souci. C'est donc dans les villages administrés et financés par Edmond de Rothschild, dont les idées étaient très différentes de celles des autres sionistes, que sont élevées en 1885 à Rishon LeZion et en 1886 à Zihron Yaakov les premières synagogues du nouveau yichouv. Des synagogues urbaines modernes n'apparaissent qu'avec les premières nouvelles villes ou quartiers juifs. À Gedera la première synagogue, orthodoxe, est construite en 1912, la grande synagogue de Tel-Aviv, de style byzantin en 1926 et la synagogue Yechouroun de Jérusalem en 1936.
Aux Etats-Unis, le judaïsme rencontre une situation exceptionnellement favorable. La liberté de conscience y est proclamée et effective. L'Église ou plutôt les Églises y sont séparées de l'État. Le développement des transports d'une part, mais surtout l'évolution de la situation en Europe orientale et particulièrement dans l'empire russe où les pogroms sont courants, vont favoriser une forte émigration juive d'Europe vers les États-Unis. Les synagogues vont donc y devenir de plus en plus nombreuses, au fur et à mesure que les Juifs se disperseront dans tout le pays. Le style gothique trop associé en Europe à celui des églises y sera plus utilisé. On voit des synagogues se transformer en églises lorsque les Juifs émigrent vers d'autres quartiers et inversement la communauté juive racheter des églises. De nombreuses synagogues seront construites également en style néo-classique ou, comme en Europe, en style byzantin.
Les synagogues durant la Shoah
Le nazisme avait pour but non seulement d'éliminer les Juifs, mais aussi leur culture. Dès 1933 fut organisé le premier autodafé en Allemagne. Le pogrom de la nuit du 9 au 10 novembre 1938 appelé par les nazis Nuit de Cristal en est la suite logique. Heydrich, dirigeant SS, cite le bilan de 267 synagogues détruites dans une lettre à Göring datée du 11 novembre 1938. Plus d'un millier d'autres sont pillées. Pendant la guerre, des milliers de synagogues disparaissent dans les flammes allumées par les nazis ou les bombardements en Allemagne, en Pologne, en URSS et dans bien d'autres pays. Des villes ou des quartiers juifs entiers disparaissent. L'entreprise nazie de destruction est souvent parachevée après la guerre par l'abandon des rares synagogues encore existantes, celles-ci n'ayant plus de fidèles.
En France, les synagogues détruites ou très endommagées sont surtout situées en Alsace et en Lorraine. Dans la nuit du 2 au 3 octobre 1941, sept synagogues parisiennes, sont visées par des attentats organisés par Helmut Knochen. Mais de nombreuses autres synagogues sont perdues à la suite de la disparition des communautés rurales et certaines, dont les fidèles ont disparu pendant la Shoah, sont par la suite transformées en musées ou en centres culturels, comme cela a souvent été le cas en Allemagne.
Etats-Unis
Les synagogues de Prague ont été sauvées en partie par la volonté des nazis eux-mêmes qui en 1942 fondèrent le Musée juif central afin d'y rassembler tous les objets d'art et la littérature issus de toutes les communautés juives et synagogues en pays tchèque.
Le Royaume-Uni ne subit pas l'invasion allemande, mais ses synagogues payent un lourd tribut aux bombardements allemands.
L'époque contemporaine
Une tâche immense attend le judaïsme après la guerre. Des communautés entières ont disparu et souvent la reconstruction des synagogues n'est pas la priorité si même elle est envisageable. En France, un quart de la communauté juive a disparu et sa répartition change. Les communautés rurales d'Alsace et de Lorraine annexées par le Reich, déjà déclinantes avant la guerre, sont particulièrement touchées et vont rarement et très difficilement se maintenir. C'est dans les grandes villes que le judaïsme continue à exister, à Paris ou à Strasbourg particulièrement. Les réparations allemandes vont fournir les fonds indispensables à la reconstruction.
La nouvelle synagogue de la Paix de Strasbourg, pouvant accueillir 1600 fidèles, est le symbole de la renaissance du judaïsme. Sa façade est un réseau d'étoiles de David, souvenir de l'étoile jaune, mais aussi évocation d'Israël dont le nouvel État a repris ce symbole sur son drapeau. Ce sentiment est renforcé par la menorah à six branches qui se dresse sur la façade sud. En Angleterre, c'est la réédification de la Central Synagogue qui symbolise cette renaissance exactement le même jour, le 23 mars 1958.
Canada
En Allemagne, en l'absence de communauté juive importante, la reconstruction consiste surtout à élever des musées ou des centres de conférences. Mais peu à peu, avec la prospérité allemande, une communauté significative se reconstitue de par l'immigration de Juifs des pays de l'est. Ceci amènera à la restauration de synagogues comme la Nouvelle synagogue de Berlin en 1994 ou celle de la Rykkestrasse toujours à Berlin en 2007. Dans les années 2000, de nouvelles synagogues sont créées.
En France, les besoins sont énormes à partir de 1962 avec l'arrivée des rapatriés d'Algérie et les constructions, souvent plus fonctionnelles qu'esthétiques, se multiplient. Peu à peu, le modèle traditionnel dédié au culte cède la place aux centres communautaires où toutes les activités culturelles de la communauté juive peuvent se dérouler et particulièrement les réceptions familiales.
L'émigration des Juifs séfarades d'Afrique du Nord ramène aussi des Juifs en Espagne où, pour la première fois depuis 1492, une synagogue est officiellement inaugurée à Madrid le 16 décembre 1968 alors même que la liberté religieuse n'y avait été autorisée qu'un an auparavant.
En Amérique, les communautés juives font appel aux meilleurs architectes pour construire de remarquables bâtiments. Ainsi Frank Lloyd Wright construit en 1955 la synagogue d'Elkins Park en verre et aluminium.
En 1960, Marc Chagall orne la synagogue de l'hôpital Hadassah de Jérusalem de douze vitraux représentant les tribus d'Israël. Le Grand-Rabbinat d'Israël, établi à Jérusalem, inaugure la Grande Synagogue en 1982. Le bâtiment se veut évoquer le Temple tel qu'il est décrit dans la Bible. La synagogue Cymbalista élevée par Mario Botta sur le campus de l'université de Tel-Aviv, porte le nom du mécène qui la fit construire. Sa ressemblance avec la cathédrale d'Évry, conçue par le même architecte, est notable.
En 2000, la synagogue de Belz, aujourd'hui la plus grande du monde, est inaugurée à Jérusalem. La salle de prière peut accueillir jusqu'à 6000 fidèles.
Pour se protéger des nouvelles vagues d'anti-sémitisme, les communautés juives ont dû recourir à des méthodes de protection et de discrétion. En Europe, rares sont les synagogues qui affichent leurs heures de services religieux et aucune probablement n'est ouverte au public comme peuvent l'être les églises. Les barrières de sécurité ou les bornes de béton et les caméras de surveillance sont habituelles, tout comme la présence de forces de police lors des services rassemblant de nombreux fidèles...
D'après Wikipédia