Il a eu pour habitué l'archiduc Otto de Habsbourg-Lorraine et 19 chefs triplement étoilés installés sur tous les continents sont des clients assidus. Pour Alain Ducasse, Bernard Antony est "un alchimiste du goût qui chérit ses fromages comme des enfants". Et Alain Passard de préciser "c'est une signature, le mariage de la subtilité, de la délicatesse et de la grâce". Et rares ne sont pas ceux qui n'hésitent pas à faire des centaines de km pour se régaler de fromages issus de cette illustre maison sise à Vieux-Ferrette.
Bernard Antony n'est pas venu par vocation à ce métier d'affineur. Né dans le Sundgau où il réside encore, à Vieux-Ferrette, dans le département du Haut-Rhin, ce fils d'agriculteurs quitte vite l'école pour devenir bûcheron puis ouvrier d'usine. Dans les années 1970, on retrouve cet homme âgé maintenant de 70 ans, commerçant ambulant. Il sillonnait la campagne au volant de son camion pour vendre différents produits, du vin, de la mercerie aussi bien que des chaussures. Il se mettra ensuite à vendre du fromage industriel… Sa rencontre avec le grand maître fromager Pierre Androuët fut décisive, ce dernier lui conseille d'affiner lui-même ses fromages. En 1983, il crée sa première cave d'affinage de fromages fermiers, les vend sur les marchés et peu à peu établit sa réputation. Le primer à le reconnaître fut Alain Ducasse qui lui ouvrit les portes de son restaurant Le Louis XV à Monte-Carlo.
L'ancien commerçant ambulant emploie aujourd'hui six salariés qui s'activent dans six salles d'affinage où les fromages, français mais aussi étrangers, sont manipulés avec amour. La maison est très connue à l'étranger et plus de 90% de la production est exportée. Bernard Antony a un fils, Jean-François, qui est prêt pour reprendre le flambeau.