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Elégie écrite dans un cimetière de campagne (Thomas Gray)

Publié le 29 juillet 2014 par Emmanuel S. @auxangesetc

Quand je vous écrivais la veille d’aujourd’hui que je ne sors pas du livre de J. Archer, LE SENTIER DE LA GLOIRE (clic), je ne vous mentais pas.

Juste avant la dernière ascension qui lui sera fatale, après une dernière lettre à sa femme, Archer fait lire à George Mallory un magnifique poème funèbre de Thomas Gray sur les jours d’après, pour ceux qui restent et ceux qui partent. Une élégie (clic)  comme on dit chez nous quand on se parle en grec ancien.

A parcourir lentement, très lentement, juste avant d’ouvrir le gaz. Ou de se jeter dans la Seine de la passerelle Solférino. Ne me remerciez pas, c’est pour faire baisser les statistiques du chômage.

Elégie écrite dans un cimetière de campagne (Elegy Written in a Country Churchyard)

La cloche du couvre-feu sonne le glas du jour s’en allant,

Les troupeaux mugissant errent lentement à travers l’herbage,

Le laboureur bien fatigué rentre chez lui très doucement.

Le monde reste pour moi et pour l’obscurité en partage.

Au crépuscule tombant, le paysage fuit la vue,

Et l’air silecieux garde un repos sacré, presque surhumain,

Sauf quand l’escarbot chante sa chanson en volée éperdue.

Ou que des tintements pesants endorment quelque parc lointain.

Excepté que, sur cette tour-là, de lierre toute couverte,

Le hibou dormant se plaint doucement à la lune, tout bas,

De ceux qui, vaguant vers le soir près de sa demeure si verte,

Molestent son obscur royaume solitaire par leurs pas.

Sous ces anciens ormes raboteux et sous l’ombre de cet if,

Où le gazon, en de petits monticules pourris, s’élève,

Chacun d’eux dans son étroite cellule pour toujours captif,

Les rudes aïeux du village continuent leur long rêve.

L’appel si frais du matin délicieux exhalant son encens,

L’hirondelle matinale gazouillant en son nid de paille,

Le chant aigu du coq, ni le cor résonnant, si doux aux sens,

Ne les éveilleront jamais plus de leur dur lit de pierraille.

Thomas Gray (1716-1771)

Le texte original et la traduction proviennent d’ici (clic), MERCI !


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