Habiba Kouider a 37 ans. Elle est chrétienne et éducatrice dans une
crèche. Le 29 mars 2008, alors qu'elle
se rendait en bus d'Oran, où elle fréquente l'école biblique, à Tiaret,
elle est interceptée par des gendarmes. Dans son
sac : des bibles et des
évangiles. Ils l'arrêtent et la transfèrent à la police, qui la place
en garde à vue.
Elle comparaît donc pour détention de livres religieux, un délit
passible de prison depuis l'adoption, en février 2006, de la loi qui
réglemente «les cultes non musulmans».
Un
interrogatoire humiliant commence pour la mécréante. Le lendemain, c'est le procureur qui intervient :
"Tu réintègres l'islam, et je classe le dossier ; si tu persistes dans le péché, tu subiras les foudres de la justice !"
Habiba refuse de renier sa foi.
Mardi au tribunal :
- Quelle est ta religion ?
- Je suis chrétienne. Je me suis convertie en 2004 à l'église d'Oran.
- Les curés t'ont fait boire leur eau bénite qui mène au Paradis.
Elle ne répond pas.
Puis le juge s'en prend aux journalistes : "Avez-vous une
autorisation pour prendre des notes ?».
L'avocat de Habiba rétorque : "L'audience est publique, les
journalistes ont le droit d'être là".
Les carnets des journalistes seront quand même confisqués par le juge. Puis le procureur rappelle que «l'islam est religion d'État» avant de requérir trois ans
de prison ferme.
Verdict le 27 mai pour Habiba mais aussi pour six autres chrétiens qui comparaîtront pour «distribution de tracts visant à ébranler la foi des musulmans».