Les vacances sont propices à la paresse constructive et à la déambulation intellectuelle parmi de nombreux événements culturels et festivals égrenés au long de notre pays encore en villégiature estivale. Dans le cadre du parc et du château d’Avignon en Camargue (une région que j’adore), l’exposition « Le domaine des murmures # 1 » dévoile jusqu’au 18 octobre prochain d’intéressantes expériences de l’écoute en milieu naturel. Un parcours tonnant et vibrant, sensible et retentissant révèle des œuvres contemporaines au croisement du sonore et du visuel. Ces compositions très diverses (installations, vidéos, performances et objets) s’imposent comme autant de lieux d’écoute qui invitent à la réflexion.
Parmi la douzaine d’œuvres qui interrogent, déroutent ou laissent les cordes vocales coites, j’ai retenu le très passionnant « schizophone » de Pierre-Laurent Cassière, une sculpture portable — oui, on peut la porter, la preuve ! —, une prothèse auditive qui est en fait, selon l’artiste, « un casque de désorientation qui crée un étrange effet stéréophonique dans la perception du paysage sonore et révèle une multitude de son infimes, habituellement exceptionnels ».
Coiffé de la dite sculpture, j’ai saisi l’environnement sonore amplifié et dans le même temps, j’ai été porté par le vent chahuteur de la désorientation. Car inutile de se cacher derrière un silence entendu, le schizophone décuple notre puissance auditive et nous ouvre les voies (voix ?) de l’écoute ténue qui peut aussi conduire, comme son nom l’indique, à la schizophrénie, « une interprétation du réel qui entraîne des comportements et des discours bizarres, parfois délirants ».
J’ai toujours un grand respect pour les artistes et porte une grande attention pour leurs travaux qui nous ouvrent les yeux (ici les oreilles en l’occurrence) sur notre monde de sourds. Le schizophone de Pierre-Laurent Cassière est une œuvre inspirée très actuelle tant elle semble être portée par l’ensemble des politicrates discordants de bon nombre de pays qui bruissent comme des insectes nuisibles : ils n’entendent rien à notre monde tapageur et ont « des comportements et des discours bizarres, parfois délirants ». Pire, encore en France qui tombe, tombe, tombe dans le bruit assourdissant du déclin nourri par des gauchistes creux et une brèle élyséenne qui ne coiffe pas le schizophone mais choisit de loger des boules Quies dans ses conduits auditifs pour ne pas entendre 80% du peuple qui hurle sa rage. Espérons que la rentrée soit rugissante…
Images : Pierre-Laurent Cassière © ADAGP/Cassière – D.C. et D.R.